Un diplomate luxembourgeois hors pair. Paul Schmit
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Название: Un diplomate luxembourgeois hors pair

Автор: Paul Schmit

Издательство: Автор

Жанр: Биографии и Мемуары

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isbn: 9782919792009

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СКАЧАТЬ Fonds Mayrisch ; ANLux.

      75 Bourg, Tony : Madame Mayrisch et l’Orient. Letzebuerger Land du 18 décembre 1987 ; lettre du 31 juillet 1932, Fonds Mayrisch ; ANLux.

      76 Boy, Marie : L’intelligence sensible du décideur: Relation, intuition, valeurs : des atouts pour développer votre potentiel de dirigeant ; Editions Dunod.

      77 Marunouchi signifie « à l’intérieur du cercle », en référence à sa localisation à l’intérieur des douves du palais impérial. Le quartier est le centre financier du Japon, les trois plus grosses banques du pays y ont leur quartier général.

      78 Dittrich, Klaus: Selling Luxembourgian steel in Japan: Columeta Tokyo, 1925 to 1941; in: Zeitschrift für Unternehmensgeschichte, 2 (2016).

      79 Il s’agit de l’attentat planifié par les Japonais redoutant une unification de la Chine sous l’égide du Kuomintang, perçue comme une menace contre la prééminence japonaise dans la région.

      FONCTION HONORIFIQUE AUPRÈS DE LA GRANDE-DUCHESSE ET LIENS AVEC LA FAMILLE GRAND-DUCALE

      Monarchiste, conventionnel par moments, Le Gallais était un mélange d’aristocrate élitaire et de grand seigneur sachant où avancer et à qui s’attacher pour poursuivre son chemin, notamment auprès de la Cour luxembourgeoise.

      Le père de Hugues, Norbert Le Gallais, avait déjà été proche de la Cour grand-ducale. Les sœurs d’Hugues avaient été invitées à jouer au Palais grand-ducal avec les princesses luxembourgeoises et des enfants de diplomates. Rozel se souvenait que la princesse Charlotte avait été enfermée et oubliée dans une armoire contenant des manteaux qui avaient été traités à la naphtaline. Ceci explique en partie le lien assez étroit qui liait Le Gallais à la souveraine à qui il pouvait s’adresser parfois différemment, plus intimement que de coutume et de tradition, comme nous allons le voir bientôt.

      Hugues a été chambellan de Son Altesse Royale la Grande-Duchesse depuis février 1939, et ce jusqu’à la fin de sa vie. Ce fut l’année du centenaire du Traité de Londres et donc de l’indépendance du pays. Des commémorations et célébrations furent organisées à travers le pays, témoignant du sentiment d’indépendance et de fierté souveraine des Luxembourgeois. Hugues Le Gallais ne devait pas avoir été insensible à cette ferveur nationale destinée aussi à montrer aux Allemands menaçants que les Luxembourgeois souhaitaient rester indépendants selon la devise « Mir wölle bleiwe wat mir sin » (Nous voulons rester ce que nous sommes). Hugues souhaitait certainement progresser dans sa vie professionnelle. Le fait d’être devenu chambellan à la Cour était sans doute un coup de pouce appréciable et apprécié. Il était aussi disposé à quitter de nouveau son pays natal. Beaucoup de ces évènements devaient le porter à croire que l’homme est responsable à plus d’un égard de sa propre destinée, et c’est dans ce sens qu’il allait aborder l’opportunité washingtonienne qui allait se présenter. La qualité de chambellan était pour Hugues une étape bienvenue dans ce parcours diplomatique. En tant que personnage proche de la Cour, il était un tant soit peu jalousé, se distinguant du lot des fonctionnaires et courtisans parmi lesquels il allait bientôt évoluer en tant que diplomate.

      La fonction de chambellan ou chambrier (camerarius en latin) et donc de gentilhomme chargé du service de la chambre d’un monarque ou d’un prince, à la Cour duquel il vit, avait quelque peu changé au cours du temps. Hugues Le Gallais participait surtout à certaines cérémonies, mais pouvait aussi conseiller la Cour. Au cours de la guerre, il n’allait pas s’en priver. Une photo80 prise lors du dernier Te Deum de la Fête Nationale, le 23 janvier 1940, avant l’occupation montre Auguste Collart, Hugues Le Gallais, l’aide de camp du prince Félix, Guillaume Konsbruck dit Guill,81 le Grand Maréchal de la Cour, François de Colnet d’Huart, et le président de l’Administration des Biens, Alfred Loesch.82 Les hommes faisant partie de la Cour grand-ducale sont alignés par ordre de préséance devant la cathédrale en attendant la famille grand-ducale. Toute une panoplie de connaissances voire de familiers se retrouvait ainsi régulièrement pour des occasions festives et solennelles.

      C’est probablement grâce à son cousin germain qu’Hugues est entré dans ce cercle restreint et convoité de dignitaires luxembourgeois, et c’est également l’exemple de ce cousin qu’il allait suivre en se convertissant en diplomate. Le châtelain de Bettembourg, localité de laquelle il a aussi été bourgmestre, Auguste Collart, était de six ans l’aîné d’Hugues. Il avait été directeur général, c’est-à-dire ministre de l’Agriculture, du Commerce, de l’Industrie et du Travail de 1918 à 1920 en tant qu’indépendant appuyé par le Parti populaire (« Freie Volkspartei »). Il avait été chargé d’affaires à La Haye. Durant la Seconde Guerre mondiale, il a été interné au camp de concentration de Hinzert et plus tard déporté avec sa famille à Leubus. Il a écrit ses mémoires et un livre sur la tourmente autour de la dynastie après la Première Guerre mondiale. Il a été membre de la Section historique de l’Institut grand-ducal. Il vivait à La Haye dans une demeure entourée d’un vaste parc, d’abord louée et ensuite achetée par l’Etat luxembourgeois. Bon vivant et sachant recevoir, exigeant et qualifié par d’aucuns de difficile, Collart y vivait souvent seul, sa femme et ses deux filles restant, du moins au début de son mandat, à Luxembourg. Même s’il ne subsiste aucune correspondance connue ou lien particulier entre les deux cousins au destin similaire à maints égards, le plus jeune semble s’être souvent inspiré de son aîné.

      Au-delà de cette fonction honorifique à la Cour, Le Gallais avait aussi un lien spécial, pour ne pas dire privilégié, avec la famille grand-ducale. Alors que ses lettres adressées à la Grande-Duchesse se terminent, la plupart du temps, par la formule de mise à l’époque : « Je suis, Madame, avec le plus profond respect, de Votre Altesse Royale le très humble, très obéissant et très fidèle serviteur et sujet », Le Gallais prenait aussi la liberté de s’adresser à la Grande-Duchesse de manière plutôt personnelle voire intime. Pendant la guerre, Le Gallais a ainsi donné son opinion sur des affaires personnelles touchant la Souveraine. Ainsi, le 8 octobre 1942, il est allé jusqu’à philosopher en quelque sorte, rappeler son éducation, se confondre en exemples à invoquer et saisir l’occasion pour « demander à Madame si Elle ne croit pas indiqué, chaque fois qu’Elle écrira à Son fils, de Lui parler de Ses responsabilités futures. Tout ce que Votre Altesse Royale écrira d’ici (continent américain), pour Lui là-bas (Royaume-Uni), aura beaucoup plus d’importance que des paroles échangées sur place. Le grand défaut des hommes de ce siècle a été le côté indécis et flottant de leur caractère. Les hommes des pays occupés qui resteront après cette épreuve seront différents et feront preuve de fermeté de caractère. Ils demanderont que le souverain donne le bon exemple. Voir se raffermir le caractère du prince Jean est mon unique souci et Madame seule peut avoir une influence dans ce sens. Mon professeur ne manquait jamais une occasion pour montrer le côté mou de mon caractère et pour renforcer la volonté. Pour Votre Altesse Royale, les exemples à citer ne manquent pas. Celui de S.A.R. Madame la Grande-Duchesse Marie Anne dans le sens positif et dans le sens négatif on peut revenir toujours sur le danger de se laisser prendre par des mots, au lieu de réfléchir soi-même sur les idées derrière les mots. Peut-être Madame pourrait obtenir du prince Jean qu’il lui résume certaines conversations; c’est un excellent exercice pour l’esprit et pour la mémoire. Par orgueil Il voudra bien faire et Madame pourra l’encourager, ce qui est très important. » Voilà Hugues Le Gallais s’essayant en tant que conseiller en matière de formation du futur souverain, et ceci deux jours après le départ du continent américain du prince héritier. Peut-être ce sermon de Le Gallais ne reflète tout simplement que l’amertume de son auteur de lui voir échapper un membre de cette famille pour laquelle il était disposé à tout faire. D’autres sujets, autrement plus sensibles politiquement, vont aussi faire l’objet d’un courrier similaire СКАЧАТЬ