Название: Un diplomate luxembourgeois hors pair
Автор: Paul Schmit
Издательство: Автор
Жанр: Биографии и Мемуары
isbn: 9782919792009
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PREFACE
La vie et l’œuvre d’Hugues Le Gallais me sont devenues de plus en plus familières depuis une vingtaine d’années. Avec des hauts et des bas, des recherches plus ou moins intenses en fonction de mes disponibilités et de mes loisirs, j’en ai toujours appris davantage sur un personnage aux multiples facettes dont j’ai croisé la trajectoire plusieurs fois avec quelques décennies d’intervalle. Fin 2001, j’ai été nommé secrétaire d’ambassade du Grand-Duché de Luxembourg aux Etats-Unis et suis tombé sur plusieurs traces laissées par le premier chef de poste résident à Washington. Le Gallais avait habité et travaillé durant près de 18 années au 2200 Massachusetts Avenue, dans ce qui est toujours, aujourd’hui, l’ambassade luxembourgeoise. La plus grande partie de la documentation sur l’ambassadeur Hugues Le Gallais, surtout sa correspondance avec les acteurs politiques luxembourgeois, se trouve depuis l’été 2002 aux Archives nationales de Luxembourg après avoir été inventoriée juste après mon arrivée à l’ambassade en tant que jeune diplomate. Cet échange de lettres avec des personnalités très diverses porte aussi bien sur des aspects quotidiens de la vie des exilés luxembourgeois durant la Seconde Guerre mondiale que sur des questions d’ordre politique ou économique.
Retrouver ces documents aux Archives nationales à Luxembourg a été d’un grand secours, tout comme l’éclairage additionnel apporté à la fin de mes recherches par quelques lettres très personnelles écrites à la main par Le Gallais à la Grande-Duchesse et qui ont été mises à ma disposition par les Archives de la Maison grand-ducale. Ceci m’a permis de découvrir une autre facette du diplomate Le Gallais, qui était par ailleurs chambellan de la souveraine. Pendant les années de l’exil, il devait œuvrer inlassablement et trouver sa voie entre le chef d’Etat et les deux principaux membres du gouvernement, le ministre d’Etat Pierre Dupong et le ministre des Affaires étrangères Joseph Bech, peu importe que ceux-ci se trouvent aux Etats-Unis, au Canada ou au Royaume-Uni.
De nombreuses rencontres aux Etats-Unis, mais aussi au Luxembourg, en Allemagne, en France et en Italie m’ont permis de me faire une image plus complète encore d’un diplomate hors pair, parfois critiqué voire raillé, ayant mené une vie très différente de celle des diplomates actuels. Des membres de sa famille, des amis et des contemporains ayant connu Le Gallais sont désormais de plus en plus rares à pouvoir témoigner. Plusieurs rencontres avec le fils et le petit-fils de l’ambassadeur à Venise en 2018 m’ont donné beaucoup de réponses à mes nombreuses questions et m’ont permis de voir les albums photo, que ce soit de l’étape japonaise ou américaine de la carrière d’Hugues Le Gallais. D’autres membres de la famille ont contribué à étoffer voire corroborer certains aspects de la vie bien remplie de Le Gallais et de son entourage. Une autre source inestimable est constituée par le « scrap book » que la secrétaire de Le Gallais, Eleanor Maloney, avait élaboré tout au long des 18 années de sa présence à Washington. Elle y a rassemblé des extraits d’articles de presse sur l’ambassade du Luxembourg et y a ajouté des photos et autres documents, comme des plans de table ou des menus de grands dîners washingtoniens. Une partie de la correspondance de l’ambassadeur Le Gallais avec Madame Maloney me fut remise en 2004 par la fille de cette dernière.
Une contribution essentielle pour essayer de comprendre l’action de Le Gallais durant la Seconde Guerre mondiale est constituée par les livres et publications de nombreux auteurs, parmi lesquels je souhaite relever ceux de l’ancien ambassadeur du Luxembourg aux Etats-Unis, Georges Heisbourg, sur le gouvernement en exil. Aux Archives nationales, j’ai pu visionner la documentation laissée suite à ses recherches détaillées dans les années 1980. Difficile, sans aucun doute, pour le successeur au poste d’ambassadeur de Le Gallais d’en dresser un portrait objectif et juste. Je me suis inspiré de plusieurs études et publications sur cette période difficile pour tous, aussi des plus critiques et des plus récentes. Des recherches au National Archives at College Park ont judicieusement complété ces sources.
Je ne veux ni prendre parti ni mettre en cause et encore moins juger, mais tout simplement essayer de mieux cerner et relater le personnage. Pour l’essentiel, je me rallie au thème d’une exposition au Musée de la Ville de Luxembourg en 2002 : « Et war alles net esou einfach » (Tout n’était pas si simple que ça). Cette formule s’applique aussi à un diplomate comme Le Gallais, par définition loin du feu de l’action militaire ou de la résistance active dans son pays natal. Ou encore pour affirmer avec l’écrivain et journaliste Alfred Fabre-Luce : « Il est toujours difficile à l’historien de restituer pour une génération suivante les atmosphères d’une époque. Un homme qui regarde en arrière tend à supposer déjà connu à tel moment ce qui ne le sera que plus tard. »
La consultation d’autres sources a bien sûr été indispensable pour retracer la trame d’une vie diplomatique riche en péripéties souvent passionnantes. Ainsi, la Librairie du Congrès a été d’un grand secours, mais aussi un site permettant d’obtenir ou de vérifier des informations à distance dans tous les articles de la presse américaine.
La présente étude de la vie d’un scion d’une famille d’industriels, devenu homme d’affaires ou plutôt représentant commercial et, sur le tard, premier diplomate luxembourgeois résident aux Etats-Unis, n’engage que son auteur. Les opinions et réflexions, voire les interprétations et commentaires, ne sauraient refléter celles du ministère des Affaires étrangères et européennes voire du gouvernement luxembourgeois. Pour reprendre la formule consacrée : « Toutes les erreurs du fait d’une interprétation ou transcription erronée dans ce récit incombent à l’auteur seul. » J’ai en effet souhaité m’exprimer à titre personnel et apporter ce témoignage sur un diplomate luxembourgeois nécessairement empreint de subjectivité. Il ne s’agit pas de glorifier un personnage ni d’écrire une histoire biographique érudite et détaillée, mais plutôt d’essayer de mieux comprendre et de faire revivre les grandes lignes d’une personnalité et de son œuvre et les nombreuses traces écrites et photographiques laissées par Le Gallais. N’étant pas historien, je ne souhaite pas entrer dans une quelconque polémique en relation avec les activités de la souveraine et du gouvernement en exil par rapport aux souffrances et atrocités subies par la plupart de ceux restés au pays.
Ce que j’ai trouvé fascinant en essayant de recomposer le puzzle du parcours de Le Gallais, c’est de tomber sur de nombreuses actions et réflexions voire réflexes qui subsistent d’une certaine manière et dans certaines limites dans la vie diplomatique de nos jours. Sans vouloir le moins du monde idéaliser ou systématiquement justifier l’action de Le Gallais, je me suis souvent posé la question de savoir si, à une autre période de notre histoire et avec d’autres moyens, nous ne sommes pas, en fin de compte, motivés par les mêmes ambitions envers notre pays et notre carrière, notre vie professionnelle et notre vie privée. Je voulais surtout placer l’itinéraire complexe de Le Gallais dans son cadre historique et tenter de rendre davantage compréhensible son action publique et personnelle tout comme son aspiration intime. La participation de Le Gallais à de nombreuses conférences internationales ayant été à l’origine d’institutions multilatérales toujours d’actualité, tout comme son interaction avec les représentants très haut placés de pays les plus divers ne reflètent plus nécessairement la réalité quotidienne de tous ceux qui, aujourd’hui, agissent dans le cadre diplomatique. En définitive, j’ai essayé de m’imprégner du milieu familial et social de Le Gallais afin de me rendre compte qu’il n’a eu que très peu de contacts avec des personnes issues d’un milieu moins aisé que le sien.
À ma connaissance, cette biographie est la seule relatant le cheminement d’un diplomate luxembourgeois. Peu nombreux sont les hommes politiques de ce pays (Emmanuel Servais, Nik Welter ou, plus récemment, Pierre Werner) qui, comme les ambassadeurs Auguste Collart et Adrien Meisch, ont publié leurs mémoires. J’ose espérer que cette СКАЧАТЬ