Название: Un diplomate luxembourgeois hors pair
Автор: Paul Schmit
Издательство: Автор
Жанр: Биографии и Мемуары
isbn: 9782919792009
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Un Corps diplomatique en nombre limité donc, au point que le ministre des Affaires Etrangères Joseph Bech s’était demandé, dans une note de 1937, « si on peut parler de politique extérieure lorsqu’il s’agit d’un petit pays, surtout neutre ? »100 Comme si souvent dans le Corps diplomatique, les points de vue divergeaient, l’intérêt général dominant toutefois, la plupart du temps, les velléités particulières. À Washington, Hugues Le Gallais n’avait, à vrai dire, pas de prédécesseur, du moins personne qui y ait résidé. Il ne pensait donc peut-être pas, comme si souvent quelques-uns de ses collègues, que le prédécesseur soit un incompétent et le successeur un intrigant. Il soutiendra d’ailleurs, comme nous allons le voir, Heisbourg comme son successeur à Washington. Ne bouleversant ni les coutumes ni les convenances, notre représentant de l’industrie reconverti en diplomate était loin des autres acteurs dans la capitale ou de ceux en poste, plaçant les pions et cherchant ses marques dans un pays qu’il ne connaissait pas vraiment, à part peut-être les souvenirs transmis du périple de son grand-père maternel et l’un ou l’autre passage au retour du Japon dans les années 20 et 30.
92 Londres : André Clasen, chancelier du consulat à Londres de 1935 à 1940 ; secrétaire général du ministère des Affaires étrangères depuis le 14 janvier 1941 ; chargé d’affaires auprès du gouvernement britannique le 29 octobre 1941 (pendant 30 ans), fils de Bernard Clasen (1874-1941), représentant d’Arbed-Columeta, directeur de Columeta Export Company Ltd à Londres, consul général honoraire luxembourgeois à Londres en 1940, frère de Léon Clasen, directeur des émissions luxembourgeoises à la BBC.
93 Georges Schommer dit Menni (1897-1961), commissaire à l’Information à New York, nommé le 7 novembre 1940 avant d’être nommé à Londres plus tard au cours de la guerre.
94 Paris : Antoine Funck, devenu ministre plénipotentiaire par arrêté grand-ducal du 18 septembre 1940.
95 La Haye : Auguste Collart (1890-1978), Directeur général de l’Agriculture, du Commerce, de l’Industrie et du Travail de 1918 à 1920 en tant qu’indépendant appuyé par le Parti populaire (Volkspartei) ; chargé d’affaires à La Haye depuis 1933; ambassadeur après 1950.
96 Bruxelles : comte Gaston de Marchant et d’Ansembourg, chargé d’affaires du Luxembourg à Bruxelles en 1940, fils du comte Amaury qui avait été chargé d’affaires jusqu’en 1927.
97 Schroeder, Corinne : L’émergence de la politique étrangère du Grand-Duché de Luxembourg vue à travers le ministère des Affaires étrangères (1945-1973). Thèse inédite.
98 Pierre Krier (1885-1947), ministre du Travail de 1937 jusqu’à son décès.
99 Schroeder, Corinne citant Heisbourg.
100 Trausch, Gilbert: Joseph Bech ; p. 70.
LE LUXEMBOURG AVANT LE 10 MAI 1940
L’invasion des Allemands en 1940 n’a pas vraiment été une surprise pour le Grand-Duché, dont la neutralité avait déjà été bafouée par l’Allemagne impériale en 1914. Le Luxembourg s’y préparait. En témoigne l’intention de certains, maintenue secrète en janvier 1940 par la Grande-Duchesse et le gouvernement, de ne pas rester au pays en cas de nouvelle invasion allemande. Le Gallais a-t-il été au courant des discussions et préparatifs avant son arrivée aux Etats-Unis en mars 1940 ? On peut en douter. Le voyage aux Etats-Unis des princes Félix et Jean huit mois avant le déclenchement des hostilités au Luxembourg et au moment même de l’invasion de la Pologne, le 1er septembre 1939, s’inscrit dans ce contexte d’une potentielle invasion allemande et donc d’un exil de plus ou moins longue durée. Cette visite princière avait déterminé sinon préparé une partie du déroulement de l’exil qui devait en effet mener la famille grand-ducale et le gouvernement de l’autre côté de l’Atlantique pour un exil de plus ou moins quatre ans.
Le prince Félix et le Grand-Duc héritier, accompagnés par le neveu du prince, l’archiduc Félix d’Autriche-Hongrie, s’étaient déplacés aux Etats-Unis et au Canada fin août 1939, notamment pour visiter l’Exposition Universelle à New York. Le 24 août 1939, l’époux et le fils aîné de la Grande-Duchesse se sont tout d’abord rendus au Canada pour un bref séjour à Montréal et à Québec. Du 27 août au 5 septembre 1939, les princes luxembourgeois ont été reçus avec tous les honneurs aux Etats-Unis. Le 28 août 1939, un déjeuner eut lieu à Washington avec le président Franklin Delano Roosevelt. De cette rencontre au sommet avec le président à l’origine du « New Deal » est né un lien qui allait s’avérer des plus utiles au cours des années à venir. Le 30 août, les princes ont ouvert une exposition de peintres (Beckius, Stoffel, Kutter, Lamboray, etc.) et sculpteurs (Trémont et Wercollier notamment) luxembourgeois à la Arthur U. Newton Gallery de New York. Le consul général honoraire du Luxembourg William H. Hamilton101 était également présent, comme il avait été désigné commissaire luxembourgeois pour l’Exposition de New York. Le 1er septembre, les princes ont assisté à un déjeuner au “New York Stock Exchange”. Le 4 septembre 1939 eut lieu la journée luxembourgeoise à l’Exposition Internationale à New York. Le retour princier se fit, plus tôt qu’initialement planifié, le 5 septembre 1939 à bord du « Nieuw Amsterdam » hollandais avec Herbert Claiborne Pell,102 ministre américain à Lisbonne en 1940, et le capitaine John Gade, attaché naval à l’ambassade américaine à Bruxelles. Ces deux personnes allaient s’avérer des contacts importants dans le cadre de l’exil de la famille grand-ducale et du gouvernement luxembourgeois. Ce fut en quelque sorte un excellent hasard que ces Américains fussent à bord du bateau ramenant les princes en Europe huit mois avant l’invasion du Luxembourg et le départ en exil. Hugues Le Gallais n’était pas présent lors de cette visite plaçant des jalons pour l’action future des exilés luxembourgeois. La lettre de remerciement du prince Félix au président américain,103 que Le Gallais aurait СКАЧАТЬ