Название: Un diplomate luxembourgeois hors pair
Автор: Paul Schmit
Издательство: Автор
Жанр: Биографии и Мемуары
isbn: 9782919792009
isbn:
55 Télégramme de condoléances au colonel ou encore Lt. Gianni Velluti, demi-frère de Pisana, du 22 mars 1957 de Doody.
56 Mersch, Jules : Biographie Nationale du Pays de Luxembourg depuis ses origines jusqu’à nos jours. Luxembourg 1972, fasc. 19, p. 68 ; Mémorial n°51 du 19 juillet 1920, p. 764.
57 Victor Bodson (1902-1984), ministre de la Justice de 1940 à 1947.
58 Heisbourg, Georges : Le gouvernement luxembourgeois en exil. 1942-43, p. 22.
59 Documents du Département de la Guerre (War Department) de février 1944 et mars 1946 mis à disposition par la famille de M. Brasseur (Tom Elvinger).
60 Robert Flesch (1882-1940), ingénieur, chef des laminoirs de l’usine de Dudelange.
61 Élie Decazes, 5e duc Decazes (1914-2011).
62 Peggy Guggenheim (1898-1979), collectionneuse et mécène.
ACTIVITÉS PROFESSIONNELLES AVANT LA GUERRE ET POSTE DIPLOMATIQUE À WASHINGTON
La famille d’Hugues avait été à l’origine de l’Arbed dont le siège social a été le symbole de l’économie luxembourgeoise florissante. Le bâtiment reflète l’histoire glorieuse d’une époque de la sidérurgie dominante. L’édifice a marqué et continue de constituer l’emblème de l’avenue de la Liberté. L’architecture et l’urbanisme de la capitale restent imprimés par ce fleuron du patrimoine architectural et industriel du pays.
D’après un membre de la famille, Hugues, après la Première Guerre mondiale, n’avait en fait pas de vraie position. Peu enclin à se montrer expansif, en public du moins, il n’avait pas non plus l’âme sœur qui allait vraiment lui permettre de jouer son rôle avec davantage d’ardeur et de fougue. Au bout de ses études, il était heureux de pouvoir représenter Columeta où quelqu’un a dû placer un mot en sa faveur et le recommander. Il n’était apparemment pas connu pour être trop assidu au travail de bureau, certains disant à l’époque que le numéro deux faisait une partie non négligeable du boulot. C’est aussi ce qui résulte d’une lettre d’Andrée Mayrisch à sa mère du 19 novembre 1921 alors qu’elle et Hugues étaient à Londres tous les deux : « Hugues devient de plus en plus comique en spats63 et gibus.64 Il prononce tellement de paroles mémorables qu’on ne les retient pas. Voici quelques-unes des meilleures : “Je trouve que c’est amoral pour quelqu’un d’aussi riche que Gaston65 de travailler”, “Je suis beau, je suis intelligent, j’ai des idées larges”. À propos des affaires, et de l’argent qu’il gagnera plus tard : “Quand je voudrais, je réussirai(s) toujours, dans n’importe quoi.” En plus de ses autres défauts, il est devenu snob et rempli de préjugés mondains – mais c’est un cher garçon tout de même, quoique Poussy66 et moi le croyions capables [sic] des pires canailleries, innocemment d’ailleurs. »67 Pas trop porté sur le travail donc, mais néanmoins intéressé à jouer dans la cour des grands, Hugues avait des idées et ne chancelait pas, conformément à la devise de sa famille, pour les voir se matérialiser un jour. Quelques années plus tard, peut-être par nécessité, il a prouvé qu’il savait travailler et gagner sa vie, que ce soit dans le domaine commercial ou diplomatique.
Successivement, Hugues Le Gallais a été attaché au Comptoir Métallique luxembourgeois (Columeta), le comptoir de vente créé en 1919/1920 par l’Arbed dans le but de diffuser à travers le monde les produits fabriqués au sein du groupe métallurgique. Le marché allemand s’étant effondré après la Première Guerre mondiale, l’industrie sidérurgique luxembourgeoise devait donc chercher de nouveaux créneaux. La cartellisation ou entente de sidérurgies allemande, française, belge, luxembourgeoise et sarroise a connu son apogée durant l’entre-deux-guerres. Deux cartels ont été domiciliés à Luxembourg et ont été présidés successivement par Emile Mayrisch, son principal promoteur, et ensuite par Aloyse Meyer.68
Enchaînant les postes, il fut d’abord envoyé à Paris de 1919 à 1920. Au bout de la Conférence de paix de Paris, le 28 juin 1919, le Traité de Versailles, venant de rejeter les visions annexionnistes de la Belgique, a consacré des articles répondant aux questions relatives au statut du Luxembourg, ce que Le Gallais devait avoir observé avec intérêt. Ensuite, il a été mandaté à Londres de 1921 à 1922, où deux conférences internationales ont été organisées pour rechercher des solutions aux difficultés de mise en application des traités de paix. Par la suite, il est parti direction Sarrebruck pour les Aciéries Réunies de Burbach-Eich-Dudelange en 1923. À l’époque, la Sarre était placée sous administration internationale de la Société des Nations sous contrôle français. Hugues Le Gallais a été à Tokyo en 1924, à Luxembourg en 1925, à Bombay en 1926, en tant que directeur à Tokyo de 1927 à 1936 et de nouveau à Luxembourg de 1937 à 1939 en tant que « Chief of the Rail Export Division ». Le réseau de Columeta était basé sur des représentants souvent issus de familles liées à l’Arbed. Il correspondait en quelque sorte à un réseau diplomatique avant la lettre. Le Grand-Duché ne disposait que de quelques rares diplomates, la plupart itinérants, qui étaient suppléés dans leur travail par des consuls honoraires.
63 Le terme « spats » peut être traduit par guêtres : un raccourcissement des éclaboussures ou protège-éclaboussures, un type d’accessoire de chaussure classique pour les vêtements de plein air, couvrant le pied et la cheville
64 Haut-de-forme qui s’aplatit et se relève à l’aide de ressorts.
65 Très probablement Gaston Barbanson.
66 Renée, dite Poussy Muller, fille des époux René Muller et Jeanne Laval, épouse de Jacques Neef de Sainval (beau-frère de Gaston Barbanson) qui est allé travailler à Dublin lorsque Hugues Le Gallais est allé à Tokyo en 1927 ; amie d’enfance d’Andrée Mayrisch.
67 Correspondance Aline Mayrisch ; CNL.
68 En 1976, Columeta fut renommé en Trade Arbed.
AU SERVICE DE COLUMETA À BOMBAY (1926)
Nous avons vu que l’oncle du côté paternel d’Hugues, le Lieutenant-Colonel Walter Le Gallais, avait servi en Inde de 1891 à 1895 en tant qu’aide de camp du commandant en chef de Bombay. Hugues en avait entendu parler et avait été d’autant plus curieux de revenir sur les traces de ce parent décédé depuis plus d’un quart de siècle et duquel subsistaient des photos et sans aucun doute des anecdotes sur ses aventures et sa bravoure. Au cours des années 1920, Bombay était la capitale économique de l’Inde et le premier marché cotonnier du monde. La deuxième ville du pays après Calcutta comptait un million d’habitants administrés par les Britanniques. C’était aussi l’un des grands centres du mouvement nationaliste indien et, au cours de ces années, Gandhi et Nehru, les leaders du parti du Congrès, ont réclamé à la métropole des réformes démocratiques, puis l’autonomie. Ces revendications ont été accompagnées d’actions non violentes, avec un boycottage des produits britanniques et un refus d’obéir. Delhi a été la capitale de plusieurs empires indiens, mais l’administration de l’Empire britannique des Indes se faisait à partir de Calcutta. Ce ne fut qu’en 1911 que le roi George V avait annoncé le transfert de la capitale de l’Empire de cette ville jugée trop excentrée vers Delhi, dont la position СКАЧАТЬ