Un diplomate luxembourgeois hors pair. Paul Schmit
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Название: Un diplomate luxembourgeois hors pair

Автор: Paul Schmit

Издательство: Автор

Жанр: Биографии и Мемуары

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isbn: 9782919792009

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СКАЧАТЬ internat à Bruxelles et laissé aux bons soins du couple Petrucci. Le professeur Raphaël Petrucci30 allait essayer d’aider et de socialiser Hugues, lui transmettant son amour pour l’art oriental. De père italien et de mère française, Raphaël Petrucci est né à Naples en 1872. Il a passé son enfance et les années les plus décisives de sa formation à Paris. L’intérêt de Raphaël Petrucci pour les arts de l’Extrême-Orient s’est manifesté dès ses années de formation, vers 1890. Petrucci s’était installé en 1896 en Belgique où il devint titulaire de la chaire d’esthétique positiviste de l’Université nouvelle de Bruxelles et, en 1902, conseiller scientifique de l’Institut de sociologie Solvay. Son autorité était reconnue en Europe en matière de peinture chinoise et, de manière plus générale, d’art de l’Extrême-Orient. Il a influencé le jeune Hugues pour le reste de ses jours réussissant son mandat éducatif. Ce dernier s’était apparemment présenté à Bruxelles du haut de son cheval, essayant de continuer à défier toute autorité. Cette scolarisation loin du milieu familial lui a finalement été bénéfique. Hugues était un brin insolent, mais cela allait changer. Le livre de Petrucci « La philosophie de la nature dans l’Art d’Extrême Orient » a accompagné Le Gallais tout au long de sa vie.

      Au fil des années, notre jeune Hugues est devenu méthodique. Même s’il est resté quelque peu dissipé et n’est pas devenu des plus ordonnés, il a développé une âme de collectionneur qu’il allait mettre à profit au Japon quelques années plus tard. Il restait néanmoins un être silencieux, conventionnel et au regard scrutateur. Pas vraiment avenant, il a perdu ses cheveux assez tôt et n’avait pas une stature très élancée. Hugues avait reçu une éducation complète faisant de lui un homme accompli. Alors que son père avait été un personnage haut en couleurs et éminent, on ne pouvait pas dire la même chose, à ses débuts, d’Hugues, maintenant en toute circonstance une affabilité cérémonieuse. Il aimait le sport et la vie au grand air tellement appréciée des Anglais, restait une référence familiale certaine. Le 22 mai 1922, Andrée Mayrisch a écrit à sa mère qu’« Hugues est sage, et de plus en plus Anglais – au moins le croit-il. Il a des cartes de visite “Hugh Le Gallais”, discute rugby avec des expressions techniques, mais ce n’est pas un jeu pour moi, c’est beaucoup trop rude. »31

      

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      Hugues a étudié à l’Université de Liège et poursuivi des études à l’Ecole Polytechnique Fédérale de Zurich de 1914 à 1918, échappant ainsi en grande partie aux affres de la Première Guerre mondiale. Le pays fut occupé par l’armée impériale allemande et faisait l’objet d’instabilité gouvernementale après la disparition du ministre d’Etat Paul Eyschen en octobre 1915 avec six gouvernements en deux ans. Venait s’ajouter, après l’armistice de 1918, l’instabilité institutionnelle avec la mise en cause de la Grande-Duchesse Marie-Adélaïde, menant jusqu’à son abdication et le référendum du 28 septembre 1919 sur le maintien de la monarchie et le ralliement économique à la Belgique ou à la France. L’année 1919 était aussi celle de l’introduction du suffrage universel au Grand-Duché. Du temps de guerre, Rozel a retenu une histoire concernant son frère, déjà très galant à l’approche de ses dix-neuf ans. Hugues devait rejoindre son père à Paris, mais avait eu des problèmes à la frontière en raison de lettres amoureuses qu’il aurait souhaité emporter en France. Norbert aurait dû intervenir pour faire libérer son fils qui a bénéficié d’une certaine renommée auprès des femmes suite à son geste qu’il estimait apparemment plein de bravoure. Le ministre Michel Welter décrit dans ses mémoires à la date du 25 avril 1915 comment Hugues avait été la victime d’un examen à la frontière, les autorités suisses souhaitant voir si les voyageurs n’introduisaient pas des lettres en contrebande : « Dernièrement le jeune Le Gallais se rendant en Suisse a été condamné à cinq jours de prison pour avoir (eu) des lettres sur lui. Ces lettres qu’on lui avait confiées étaient bien anodines; mais malgré cela, le jeune homme a été condamné à cinq jours de prison et n’a été mis en liberté que contre une caution de 10.000 francs, après avoir passé plusieurs jours en prison préventive. Il paraît qu’on lui comptait cela pour la purge de la peine. »32

      

      Le jeune Le Gallais parlait toujours lentement et de manière réfléchie, s’exprimant en luxembourgeois avec un accent prononcé. Le français était sa langue maternelle, comme elle le fut d’une certaine bourgeoisie luxembourgeoise. Il s’exprimait couramment en anglais. Avec ses « nannies » il avait appris la langue de ses ancêtres paternels qu’il a pu perfectionner à l’américaine plus tard. Sur le tard, une fois marié, Hugues apprenait l’italien sans jamais s’exprimer de manière à pouvoir vraiment s’intégrer dans la très bonne société vénitienne, pointilleuse à cet égard.

      Depuis son enfance, Hugues était appelé par certains intimes « Doody ». Sa sœur Rozel mentionne ce surnom dans ses mémoires. L’origine de ce sobriquet est inconnue. Le Gallais signait surtout sa correspondance avec la famille italienne de sa femme de ce surnom familier.

      30 Raphaël Petrucci (1872-1917), sociologue, historien de l’art, orientaliste.

      31 Correspondance Aline Mayrisch ; Centre national de littérature.

      32 Goetzinger, Germaine : La Grande Guerre au Luxembourg. Le journal de Michel Welter (3 août 1914 – 3 mars 1916) ; éd. annotée et commentée par Germaine Goetzinger ; 2015 ; Centre national de littérature ; p. 360.

      LIENS AVEC LES MAYRISCH-DE SAINT-HUBERT

      Les mères de Norbert Le Gallais et d’Emile Mayrisch étaient cousines germaines. Les Mayrisch-de Saint-Hubert, habitant initialement à Dudelange, se sont installés au château de Colpach en 1920 où ils ont œuvré pour combler le fossé entre la France et l’Allemagne, lui dans le domaine des industries de l’acier, elle dans le domaine des idées. Autour de cette période, les Mayrisch ont acquis pour Elisabeth van Rysselberghe33 une bastide dans le sud de la France. Cette acquisition d’une maison de campagne en Provence pour la fille de la grande amie de Madame Mayrisch fait l’objet d’une lettre34 d’Hugues Le Gallais à l’écrivain français André Gide.35 Un autre lien entre les deux hommes a existé en 1921 lorsque Gide a remis à Hugues Le Gallais le premier tome de l’œuvre complète du ministre allemand des Affaires étrangères, Walther von Rathenau,36 afin qu’il le ramène de Paris chez Emile Mayrisch à Luxembourg. Le 21 janvier 1921, Aline Mayrisch a en effet écrit à André Gide: « J’ai remis à Hugues le 1er volume dédicacé des œuvres complètes de Rathenau en 5 vol!! qui sont arrivées pour vous à Colpach, pour que vous puissiez lui envoyer un mot de remerciement (par moi peut-être). »37

      

      Une année plus tôt, Hugues Le Gallais s’était rendu à Genève où étudiait la fille des Mayrisch-de Saint-Hubert, Andrée dite « Schnucki ».38 De septembre 1919 à janvier 1920, il a en quelque sorte chaperonné celle qui aurait pu constituer un parti idéal, sans que pour autant l’ébauche d’une idylle ne soit perceptible de la correspondance de la jeune fille à sa mère. De cinq ans la cadette d’Hugues, la fille unique des Mayrisch a étudié les sciences naturelles à Genève avant de poursuivre ses études à Londres. Elle habitait dans un pensionnat genevois. Pendant son séjour, Hugues fut également logé dans ce pensionnat mixte. À sa mère, avec qui elle avait une relation complexe, Andrée Mayrisch décrivit le fils unique des Le Gallais et son cousin éloigné comme dépensier mais lui apprenant comment gérer certains aspects financiers, comme les pourboires qu’il était habituel d’accorder.

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