Название: Un diplomate luxembourgeois hors pair
Автор: Paul Schmit
Издательство: Автор
Жанр: Биографии и Мемуары
isbn: 9782919792009
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CHÂTEAU DE SEPTFONTAINES
La propriété où était né le père d’Hugues n’était plus à vendre, la famille s’en étant défaite avant la Première Guerre mondiale. Les grands-parents paternels d’Hugues, Edmond Le Gallais et Léonie Metz, avaient habité dans le superbe château des Boch dans le Rollingergrund. La fabuleuse résidence seigneuriale dite de Septfontaines, une des gloires du quartier de Rollingergrund, est indissolublement liée à la faïencerie toute proche. Le château, comme on l’appelle maintenant, fut construit entre 1780 et 1785 sur la base d’une maison érigée en 1684 par un militaire de l’armée espagnole par les trois frères Boch, Pierre-Joseph, Jean-François et Dominique, après qu’ils eussent bâti la faïencerie et les maisons des premiers ouvriers. Ils étaient les fils de François Boch, fondeur à Hayange, en Lorraine, chez les maîtres de forge de la famille des de Wendel.
Le lieu d’exception est entouré d’un vaste parc et, à l’époque, il donnait sur la forêt du Rollingergrund. Il a été vendu en 1913 aux époux Maurice Pescatore-Barbanson.27
Le château de Septfontaines est devenu depuis lors un espace de réception exceptionnel.
MAISON DU DIRECTEUR À DOMMELDANGE
À Dommeldange, la maison où est né Hugues, située près de la gare, ressemblait plutôt à un pavillon résidentiel avec, au-dessus de la porte, un balcon et disposant, de part et d’autre de l’entrée principale, de plusieurs fenêtres prêtant à la demeure un aspect grandiose voire noble. La bâtisse a été initialement habitée par la famille Collart et avait été louée à la famille du célèbre botaniste Tinant. Acquise en 1873 par Metz et Cie, elle est devenue la maison du directeur de l’Usine Arbed Dommeldange. La famille Norbert Le Gallais-Metz y habitait de 1895 à une date non définie du début du XXe siècle, succédant à son beau-père Gustave Metz et précédant Emile Bian qui y habitait jusqu’à la fin de la Première Guerre mondiale, tous les deux directeurs avec résidence à Dommeldange. La maison a été rasée en 1955.
HÔTEL PESCATORE ET VILLA VAUBAN
La famille Norbert Le Gallais-Metz habitait l’ancien hôtel Pescatore situé sur le coin du boulevard Royal et de l’avenue Amélie. D’après le récit de sa fille Rozel, cette demeure aurait continué d’être celle de la famille après le décès de la mère en 1909 et même le remariage du père en 1912, et ceci jusqu’à ce que leur père s’en aille, seul et sans mot dire, rejoindre sa seconde épouse à la Villa Vauban, abandonnant en quelque sorte ses enfants. La villa disposait d’une véranda avec des palmiers et d’autres plantes exotiques. La famille avait à sa disposition sept personnes, deux serviteurs, une cuisinière et son aide de cuisine, deux femmes de chambre ainsi qu’une aide, plus deux chauffeurs. Le personnel était l’allié et même, si l’on en croit Rozel, le meilleur ami des enfants, surtout depuis le remariage de leur père. Venait s’ajouter une éducatrice des enfants qui changeait souvent, la situation étant devenue de plus en plus compliquée chez les Le Gallais. La villa est devenue pour quelque temps la demeure de l’ambassadeur de Belgique pour être, plus tard, détruite et faire place à l’actuelle Banque de Luxembourg.
En 1912, Norbert Le Gallais, époux de Anne-Marie de Gargan, a été indiqué comme propriétaire de la Villa Vauban provenant de l’escarcelle de sa seconde épouse. La demeure est située en plein milieu du parc municipal au 18, avenue de l’Arsenal, devenue depuis lors l’avenue Emile Reuter. Le site bénéficie de la proximité du centre animé de la ville haute, mais également de celle des quartiers résidentiels périphériques, fort prisés pour leur qualité de vie. Le beau-père de Norbert Le Gallais, le baron Charles Joseph de Gargan, issu d’une illustre famille sidérurgique de Lorraine, fuyant la guerre franco-prussienne de 1870-71, et son épouse Emilie Pescatore se sont établis à Luxembourg. Ils ont acquis en 1874 la propriété du gantier Mayer.
Anne-Marie de Gargan est allée vivre dès 1934 dans le sud de la France à la suite du décès de son mari. L’occupant nazi a confisqué la villa pour y installer le Ministère de l’agriculture et, dès juillet 1940, l’office des prix.28 Alors qu’il s’est occupé de la reconstruction et des dommages de guerre de Kanzem, tel ne semble pas avoir été le cas pour cette propriété de sa belle-mère. Après la guerre, la villa a été habitée d’ailleurs durant trois ans, de l’été 1945 jusqu’en février 1948, par le couple Pierre et Henriette Werner-Pescatore. L’épouse du futur homme politique et ministre d’Etat était une cousine éloignée d’Anne-Marie de Gargan. Cette dernière y est morte le 16 janvier 1946. Les héritiers des familles Le Gallais-de Gargan procédèrent, en 1948 et en 1949, à la vente aux enchères respectivement du mobilier et de l’immobilier. La Villa Vauban a été rachetée pour 5 millions de francs par la Ville de Luxembourg29 pour en faire le Musée Pescatore.
Que de belles et prestigieuses villas et demeures pour abriter une jeunesse qui s’avérait, malgré tout ce luxe, peu heureuse. Hugues Le Gallais devait être content de pouvoir quitter le Grand-Duché pour poursuivre ses études à Bruxelles.
26 Cette villa est devenue par la suite la résidence de l’ambassadeur de Belgique pour être détruite et faire place à l’actuelle Banque de Luxembourg.
27 Maurice Pescatore (1870-1928), fils des époux Pescatore-Nothomb, époux de Gabrielle Barbanson, la sœur de Gaston.
28 Luxemburger Wort du 11 juillet 1940.
29 La Villa Vauban. Symbole de culture et d’identité historique. ons stad 93, p. 16-19.
JEUNESSE ET ÉTUDES
Différentes photos de la jeunesse d’Hugues ont traversé le temps. Une photo du couple Le Gallais-Metz avec ses deux premiers enfants montre un homme mûr et moustachu, au front très haut et droit, reflétant une certaine assurance. Son épouse, de douze ans sa cadette, ce qui ne se voit pas à première vue sur ce cliché, paraît plus rêveuse et donne une impression plus posée. Elle est assise sur un canapé avec sur ses genoux la première fille, Aimée, vêtue tout de blanc et debout à côté de son père, Hugues, en tartan, avec un cerceau et une balle à ses pieds. Un autre cliché montre Hugues avec béret sur le siège du conducteur avec ses trois sœurs confortablement assises à l’arrière d’une des premières voitures à circuler à Luxembourg. Un tableau plutôt colorié mais néanmoins de tendance romantique d’Hugues en kilt écossais et une photo du préadolescent, triste, assis de manière nonchalante sur une chaise et faisant la moue avec des lèvres charnues qu’on pourrait croire gonflées, donnent du jeune Le Gallais une image pas trop joyeuse, mais reflètent néanmoins une vie privilégiée et sans trop de soucis matériels. Dans ce portrait libéré de sentiments, de personnalité et d’individualité, le jeune Hugues semble fermé, rêveur et introverti, le regard vide voire éteint. Rozel décrit son frère comme ayant les gros yeux de leur mère. Il aurait été étonnamment calme et sérieux, conscient de sa dignité masculine. Il ne supportait pas qu’on se moque de lui, et, dans ces moments tendus, il pâlissait et claquait des dents. Hugues était alors appelé « la rage blanche ». Il n’était pas pour autant courageux et désespérait son père, surtout depuis qu’il était veuf, et davantage encore depuis СКАЧАТЬ