Toutes les Oeuvres Majeures de Cicéron. Ciceron
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Читать онлайн книгу Toutes les Oeuvres Majeures de Cicéron - Ciceron страница 23

Название: Toutes les Oeuvres Majeures de Cicéron

Автор: Ciceron

Издательство: Bookwire

Жанр: Языкознание

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isbn: 4064066373825

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СКАЧАТЬ exige seule une étude particulière et une longue et sérieuse méditation. Aussi nous nous réservons de la développer ailleurs et dans un autre but, si nos faibles talents nous le permettent. Bornons-nous maintenant aux préceptes que donne la rhétorique sur l’éloquence. Nous venons d’exposer la manière de réfuter notre adversaire en niant une de ses propositions.

      XLVII. Si vous les accordez toutes deux, vous pouvez encore attaquer la conséquence, et la comparer avec les prémisses. Vous dites, par exemple, que « vous étiez parti pour l’armée. » On vous répond par cet argument : « Si vous étiez venu à l’armée, vous auriez été vu par les tribuns militaires ; or, ils ne vous ont point vu ; donc vous n’étiez point parti pour l’armée. » Ici vous accordez la proposition et l’assomption, mais vous niez la conséquence, qui n’est pas exacte.

      Pour nous rendre plus clairs, nous avons choisi un exemple où ce défaut était saillant ; mais souvent on se laisse vaincre par un raisonnement faux, mais subtil, soit parce qu’on oublie ce qu’on a accordé, soit parce qu’on accorde une proposition douteuse. Admettez-vous, dans le sens que vous lui donnez, une chose douteuse que votre adversaire, dans sa conclusion, envisage sous un autre point de vue, démontrez qu’il ne tire point sa conséquence de ce que vous lui accordez, mais de ce qu’il établit. L’exemple suivant donnera une idée de ce genre de réfutation : « Si vous avez besoin d’argent, vous n’en avez pas ; si vous n’avez pas d’argent, vous êtes pauvres : or, vous avez besoin d’argent, autrement vous n’auriez point embrassé le commerce ; donc vous êtes pauvres. » Il est facile de répondre : Quand vous me dites : « Si vous avez besoin d’argent, vous n’en avez pas ; » j’entends : « Si vous êtes dans un dénuement absolu, vous n’avez point d’argent, » et voilà pourquoi je vous l’accorde. Quand vous ajoutez : « Or, vous avez besoin d’argent ; » je comprends : « Vous voulez en avoir davantage ; » et de ces deux propositions que je vous accorde, il ne faut pas conclure : « Donc vous êtes pauvres : » conclusion qui serait juste, si j’étais demeuré d’accord avec vous que « celui qui veut augmenter son argent n’a pas d’argent. »

      XLVIII. Souvent on suppose que vous avez oublié ce que vous avez accordé, et l’on fait entrer dans la conclusion, comme conséquence, ce qui ne l’est nullement ; par exemple : « S’il avait des droits à sa succession, il est probable qu’il est son assassin. » On prouve longuement la majeure ; ensuite on ajoute : « Or il y avait des droits ; donc il est son assassin ; » ce qui n’est nullement la conséquence de ce qu’on a établi.

      Aussi faut-il donner la plus grande attention et aux prémisses et à la conséquence.

      Quant au genre du raisonnement, on prouve qu’il est défectueux, lorsqu’il renferme quelque vice en lui-même, ou qu’il est mal appliqué. Le vice est en lui-même, s’il est absolument faux, commun, vulgaire, futile, tiré de trop loin ; si la définition n’est pas juste ; s’il est litigieux, trop évident, contesté ; enfin, s’il renferme quelque chose de honteux, d’offensant, de contraire, d’incohérent ou de contradictoire. il est faux, quand le mensonge est grossier : « Celui qui méprise l’argent ne saurait être sage ; or Socrate méprisait l’argent, donc il n’était point sage ; » commun, quand il ne fait pas moins pour notre adversaire que pour nous : « Peu de mots me suffisent, juges, parce que ma cause est bonne ; » vulgaire, quand ce qu’on accorde peut s’appliquer également à une chose peu probable, comme : « Si sa cause n’était pas bonne, juges, il ne s’abandonnerait pas à votre sagesse ; futile, quand l’excuse est déplacée ; » par exemple : « Il ne l’aurait point fait, s’il y avait pensé ; » ou quand on s’efforce de jeter un voile transparent sur une action dont la honte est évidente :

      Pendant que chacun vous recherchait avec ardeur, je vous ai laissé sur un trône florissant ; maintenant on vous abandonne ; seule, malgré le péril, je dispose tout pour vous y replacer.

      XLIX. L’argument est tiré de trop loin, quand on remonte plus haut qu’il n’est nécessaire : « Si P. Scipion n’eût point donné sa fille à Tibérius Gracchus, si de cette union n’étaient point nés les deux Gracques, jamais on n’aurait vu ces cruelles séditions ; ainsi c’est sur Scipion qu’en doit retomber la faute. » Ces vers pèchent par le même défaut :

      Plût aux dieux que jamais dans les forêts du Pélion la hache n’eût couché les sapins sur la terre !

      C’est reprendre les choses de trop haut. La définition est défectueuse, quand elle peut s’appliquer à différents objets ; ainsi : « Qu’est-ce qu’un séditieux ? un citoyen dangereux et nuisible ; » ce qui ne désigne pas plutôt le séditieux que le calomniateur, l’ambitieux ou tout autre mauvais citoyen ; ou quand elle est fausse : « La sagesse est le talent de s’enrichir ; » ou quand elle n’a ni gravité ni étendue, comme : « La folie est une soif insatiable de gloire ; » car c’est définir une espèce de folie, et non pas la folie en elle-même. Quand on donne une preuve douteuse, l’argument est litigieux :

      Eh ! ne le sais-tu pas ? les dieux, dont la puissance fait mouvoir à son gré les cieux et les enfers, savent assurer entre eux la paix et la concorde.

      La preuve est trop évidente, quand elle porte sur un point non contesté. C’est, en accusant Oreste, démontrer qu’il a tué sa mère. L’argument, au contraire, est contesté, quand on amplifie ce qu’il faudrait prouver, comme si, par exemple, « en accusant Ulysse, on s’arrête longtemps à dire que c’est une indignité qu’un héros, qu’Ajax soit mort de la main du plus lâche des hommes. » Il est honteux, quand il est indigne du lieu où l’on parle, de celui qui parle, de la circonstance, des auditeurs, du sujet lui-même, et qu’il semble répandre sur la cause quelque chose de déshonorant. Il est offensant, quand il blesse l’auditoire, comme « si l’on citait devant des chevaliers jaloux de siéger sur un tribunal, la loi de Cépion sur les jugements. »

      L. Condamnez-vous la conduite de ceux qui vous écoutent, le raisonnement est contraire. C’est ce que ferait un orateur qui, parlant en présence d’Alexandre de Macédoine, destructeur de Thèbes, dirait « que rien n’est plus affreux que de détruire une ville. » L’argument est peu d’accord avec lui-même, quand l’orateur se contredit, s’il prétend, par exemple, « que la sagesse fait seule le bonheur, » et ensuite, « qu’il n’y a pas de bonheur sans la santé ; » ou que « la tendresse l’amène auprès de son ami, démarche qu’il ne croit pas inutile à ses intérêts. » Il est opposé, s’il renferme quelque chose de nuisible à la cause : « N’allez point, en exhortant votre armée au combat, exagérer la force, le nombre et le bonheur des ennemis. »

      Voici en quoi pèche un raisonnement dont quelque partie est mal appliquée. Ou vous avez avancé plus que vous ne prouvez, ou vous ne parlez que d’une partie, quand il s’agit du tout ; par exemple : « Les femmes sont avares ; car Eriphyle a vendu la vie de son époux. » Ou vous ne vous justifiez point du crime dont on vous accuse : « On vous reproche des brigues et des intrigues, et vous parlez de votre courage. » Ainsi, « Amphion, dans Euripide et dans Pacnvius, pour défendre la musique, vante la sagesse. »

      Ou vous rejetez sur la chose les défauts de l’homme, comme « si l’on s’autorisait des défauts d’un savant pour accuser la science ; » ou, dans un éloge, vous parlez de la fortune et non des talents de votre héros ; ou, dans la comparaison de deux objets, vous ne croyez pas pouvoir louer l’un sans dénigrer l’autre, ou sans le passer sous silence ; ou vous quittez votre sujet pour vous jeter dans des lieux communs : « On délibère s’il faut ou non faire la guerre ; vous vous occupez de l’éloge de la paix, avant de montrer que la guerre est inutile ; » ou vous donnez des raisons fausses ; par exemple : « L’argent est un bien, parce qu’il nous rend heureux ; » ou des raisons faibles, comme Plaute, quand il dit :

      C’est une chose odieuse de reprendre un ami d’une faute СКАЧАТЬ