La Querelle d'Homère dans la presse des Lumières. David D. Reitsam
Чтение книги онлайн.

Читать онлайн книгу La Querelle d'Homère dans la presse des Lumières - David D. Reitsam страница 22

СКАЧАТЬ cette parallèle ne forme pas non plus une innovation ; rappelons-nous l’ode de Pierre-Charles Roy, Pierre-CharlesRoy qui fut publiée dans le Nouveau Mercure galant d’octobre 1715.

      La présence d’HerculeHercule dans la glorification du Régent est encore plus classique, mais en même temps assez audacieuse. Certes, des contributeurs au Nouveau Mercure galant n’hésitent pas non plus à décrire Louis XIVLouis XIV comme un « autre AlcideHerculeAlcide6 » et un « jeune AlcideHerculeAlcide7 », mais dans la livraison d’août 1716, la comparaison avec le fils de ZeusZeus et d’AlcmèneAlcmène permet de présenter le Régent comme un nouveau Louis XIIILouis XIII. Étant donné qu’il s’agit d’une brève contribution, la voilà dans son intégralité :

      Je [Hardouin Le Fèvre de Fontenay] ne peux mieux fermer ce Volume que par cette Devise à la louange de nostre Regent. En voicy l’Histoire. Un Aumônier de Madame Duchesse de Berry, a presenté à cette Princesse un Portrait de M. le Duc d’Orleans, au bas duquel Portait est un HerculeHercule avec sa massuë, & autour cette devise.

       Nec mole gravatur,

      Et au-dessous ces deux Vers.

       Mars Mars fuit Hispanis, invictam stradit Ilerdam.

       Jupiter Jupiter est Gallis, PhœbusApollon Phœbus et alma Ceres

      [Toutes les mises en italique d’après l’original]8.

      Une description qui rappelle un tableau de Claude Vignon, ClaudeVignon : l’« HerculeHercule Admirandus » qui a été peint pour le Cardinal RichelieuRichelieu en 1634 et qui a été repris par Abraham Bosse, AbrahamBosse dans une gravure vastement diffusée pour glorifier Louis XIIILouis XIII9. Il paraît donc plausible que l’artiste qui a fait le portrait dont il est question dans le Nouveau Mercure galant ait vu auparavant la peinture représentant Louis XIIILouis XIII. De plus, à plusieurs décennies d’écart, les deux œuvres célèbrent des victoires militaires en Espagne : en reprenant des éléments de la propagande royale de Louis XIIILouis XIII et Louis XIVLouis XIV, Philippe d’Orléans, le RégentPhilippe d’Orléans est donc inscrit dans la tradition des Bourbons et il apparaît ainsi comme un souverain légitime.

      Le Louis XIVregard vers le passé ne constitue cependant pas une obligation et les glorificateurs du Régent sont également à même de se passer des modèles historiques pour célébrer Philippe d’Orléans, le RégentPhilippe d’Orléans – un autre parallèle entre lui et Louis XIVLouis XIV. Un bon exemple se trouve dans le Nouveau Mercure galant d’octobre 1716, la dernière livraison dont Hardouin Le Fèvre de Fontenay est le responsable. Il y publie l’« Epitre à son Altesse Royale Monseigneur Petit Fils de France, Regent du Royaume, Duc d’Orleans10 » de « M. le Baron de S. Martin11 » qui lui dédie son « Traité des Fortifications12 ». Selon Marc Fumaroli, c’est un domaine dans lequel la suprématie des Modernes sur l’Antiquité se manifeste le plus13 et par conséquent, il n’est pas étonnant que le Baron de S. Martin n’évoque aucun général macédonien ou romain pour célébrer le génie militaire de Philippe d’Orléans, le RégentPhilippe d’Orléans. Au lieu de le décrire comme un nouveau César, Jules [Cesar]César, il se contente simplement de présenter les faits extraordinaires du Régent : « Tant de Villes enlevées en si peu de jours & réduites par vos soins sous l’obéïssance de leur Souverain légitime, ont veu dans leurs attaques avec quelle habileté vous sҫaviez vous-même ordonner, conduire & perfectionner les ouvrages14. » Par conséquent, force est de constater que la mise en scène du Régent ne se distingue guère de la glorification dont profite Louis XIVLouis XIV dans le Nouveau Mercure galant. Il existe cependant une exception qui confirme la règle. Il s’agit de TitusTitus.

      Le fils de VespasienVespasien et son successeur sur le trône impérial – fait son entrée dans la propagande royale développée par Hardouin Le Fèvre de Fontenay et ses divers contributeurs. Dans la livraison d’octobre 1715, l’abbé Jean-François de Pons, Jean-François de [M. P.]Pons essaie de consoler le peuple triste qui pleure la mort de Louis XIVLouis XIV. Après avoir vanté les qualités de Philippe d’Orléans, le RégentPhilippe d’Orléans qu’il présente comme une incarnation de MinerveMinerve et d’HerculeHercule15, il s’adresse à une « Muse indiscrete16 » :

      Aux Auteurs qu’ApollonApollon inspire ;

      Dis, si tu peux, ce que je sens.

      Vous qu’une noble ardeur anime

      A chanter son nom, ses vertus ;

      Meritez, s’il se peut, l’estime

      D’un Prince plus grand que TitusTitus.

      […]

      Prince que la France revere,

      Moins par le sang & le pouvoir,

      Que par le sacré caractère

      Que le Ciel en vous nous fait voir17.

      AvantLouis XIV d’analyser ce passage, il faut encore étudier un « Portrait […] [du] Regent du Royaume » qui fut intégré dans le numéro de janvier 1716. Il s’agit d’une brève ode d’un certain « Le Fort de La Moriniere ». Celui-ci inscrit Philippe d’Orléans, le RégentPhilippe d’Orléans dans la longue liste de « nos Rois […] [et] des plus fameux Guerriers, que nous vante l’Histoire18 », mais il s’abstient de donner des noms. Uniquement dans la deuxième partie de ses vers, il évoque un seul personnage historique par son nom et érige Philippe d’Orléans, le RégentPhilippe d’Orléans en « nouveau TitusTitus19 ».

      Face à ce nouveau visage parmi les héros antiques présents dans le périodique, il faut s’interroger sur les origines de ce recours à TitusTitus qui distingue la glorification du Régent de celle du défunt roi-soleil. Premièrement, il faut constater qu’à l’époque moderne, tout en étant moins présent qu’Alexandre le GrandAlexandre le Grand, TitusTitus ne fut, par exemple, pas un absent de la propagande royale française. Chantal Grell et Christian Michel soulignent qu’il incarne au XVIIe siècle l’« archétype du bon prince20 ». Et Marc Fumaroli le situe au même niveau qu’Alexandre le GrandAlexandre, César, Jules [Cesar]César ou AugusteAuguste21. Ainsi et sans surprise, l’empereur romain se trouve bien au château de Versailles. Dans sa Nouvelle description des chasteaux et parcs de Versailles et Marly, Jean-Aymar Piganiol de la Force, Jean-AymarPiganiol de la Force explique en décrivant la décoration du « Cabinet du Billard » : « Le triomphe de VespasienVespasien & de TitusTitus ; par Jules-Romain. Ce Tableau est sur bois, & a trois pieds huit pouces & demis de haut, sur cinq pieds trois pouces de large22. » De plus, depuis 1694, il y a à Versailles une galerie regroupant 84 bustes d’empereurs romains dont un de TitusTitus également23.

      DeuxièmementLouis XIV, il ne faut pas oublier une pièce de théâtre qui a connu un grand succès au siècle de Louis XIVLouis XIV. Le TitusTitus le plus connu à l’époque du roi-soleil fut certainement celui de Jean Racine, JeanRacine24. L’écrivain a fait de TitusTitus un des personnages principaux de sa tragédie Bérénice qui fut présentée sur scène pour la première fois en 1670 : déchiré entre son amour pour Bérénice, une reine étrangère, et son devoir en tant qu’empereur qui lui interdit d’épouser ladite dame, le TitusTitus de Racine, JeanRacine choisit la raison d’État et abandonne son amour pour garantir le bonheur de son peuple25 devenant de cette manière l’incarnation du « bon prince26 » par excellence. De ce fait, les vers de Pons, Jean-François de [M. P.]Pons qui font l’éloge du « sacré caractère27 » du « nouveau СКАЧАТЬ