Название: La Querelle d'Homère dans la presse des Lumières
Автор: David D. Reitsam
Издательство: Bookwire
Жанр: Документальная литература
Серия: Biblio 17
isbn: 9783823302872
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Finalement, Louis XIVforce est de constater que, à quelques nuances près, comme par exemple la comparaison de Philippe d’Orléans, le RégentPhilippe d’Orléans avec TitusTitus, il n’y a guère de différences entre les glorifications du roi-soleil et du Régent. Comme Louis XIVLouis XIV, Philippe d’Orléans, le RégentPhilippe d’Orléans est comparé à HerculeHercule et décrit comme supérieur à Jules César, Jules [Cesar]César ou AugusteAuguste.
En définitive, nous pouvons observer que si quelques contributions, celle de Mademoiselle Deshoulières, Antoinette-Thérèse, MademoiselleDeshoulières par exemple, peuvent se passer de personnages historiques ou mythologiques, ceux-ci sont pourtant bien présents dans le Nouveau Mercure galant. Les lecteurs y rencontrent HerculeHercule, Alexandre le GrandAlexandre le Grand, Jules César, Jules [Cesar]César ou Louis IXSaint Louis – pour n’en citer que quelques exemples.
Cette persévérance de différentes stratégies élogieuses illustre le triomphe partiel des idées des Modernes qui, à l’instar de Charles Perrault, CharlesPerrault, rêvent de bannir de la glorification royale toute allusion au passé. Ils redoutent que ces héros antiques soient utilisés pour critiquer le pouvoir royal en place et présenter un modèle politique alternatif. Étant donné que l’établissement d’un premier inventaire des références historiques ne nous a pas encore fourni d’exemples d’une telle mobilisation de l’ancien monde, il faut désormais se pencher plus sérieusement sur la question de savoir s’il existe des contributions dont les auteurs formulent une critique du pouvoir, aussi cachée qu’elle puisse être. Dans ce contexte, il sera également primordial de relire au deuxième degré les louanges étudiées auparavant.
2.2 Démarcation de Louis XIV
Dans Louis XIVles pages précédentes, le rôle conservateur du Nouveau Mercure galant, puisque stabilisateur de la société de l’Ancien Régime, a été souligné. Néanmoins, il s’agit seulement d’une face de la médaille, et pour finir, s’impose enfin la question de savoir si le périodique prend également ses distances avec le pouvoir royal et l’héritage de Louis XIVLouis XIV. C’est la raison pour laquelle il sera nécessaire de débattre sur la possible dénonciation d’erreurs ou d’évolutions défavorables par la revue. Dans un premier temps, nous resterons dans le domaine de la politique au sens étroit du terme et la présentation du souverain. Dans un deuxième temps, en revanche, nous nous pencherons sur la vie culturelle – rappelons-nous les défenses vigoureuses de la langue française et de sa littérature prises par les Modernes – et étudierons les innovations introduites par le Régent.
Critique du pouvoir royal
D’après Chantal Grell, cette coexistence de plusieurs formes de propagande royale, dont certaines sont quelque peu démodées, est le propre d’une production que l’on pourrait qualifier de populaire, c’est-à-dire des textes qui ne sont écrits ni par l’entourage du roi, ni par les instituts proches du centre du pouvoir, comme les différentes académies royales. Cela souligne bien la position marginale du Nouveau Mercure galant sur l’échiquier politique de l’époque qui est également illustrée par la dédicace faite au fils de Philippe d’Orléans, le RégentPhilippe d’Orléans et non pas au Régent lui-même. Cependant, il ne faut pas oublier que les Modernes rejettent le recours à l’Antiquité pour des raisons précises. Comme l’a évoqué Houdar de La Motte, les héros de l’Iliade ne sont pas dignes d’être comparés à Louis XIVLouis XIV et Thomas Hobbes, ThomasHobbes estime même que les livres gréco-latins incitent à la révolte. De ce fait, la question de savoir dans quelle mesure les références au monde ancien ne constituent pas seulement des lieux communs, mais cachent également une critique réelle du roi-soleil ou une mise en garde formulée à l’encontre du Régent s’impose. Cela s’apparente néanmoins à une aventure sur un terrain miné puisqu’il est peu probable que nous trouvions des critiques directes, mais au contraire, des traces ayant un sens voilé.
Une « Ode presentée au roy sur la paix » publiée dans le Nouveau Mercure galant de janvier 1715 éveille notre attention. La transition vers cet éloge à l’égard de Louis XIVLouis XIV paraît déjà intéressante puisque les vers sont attribués au « fils de M. Chappe, ancien Payeur des Rentes1 » – une pratique qui rappelle l’exemple de Charles Perrault, CharlesPerrault qui publie ses Histoires, ou contes du temps passé sous le nom de son fils, afin de ne pas être associé à ce genre littéraire. Pour confirmer ces soupçons, il faut pourtant lire attentivement l’ode.
Premièrement, les vers semblent effectivement louer les qualités de Louis XIVLouis XIV qui est comparé à Alexandre le GrandAlexandre le Grand. Le jeune homme est clair :
Cede, temeraire Alexandre le GrandAlexandre,
Cede, à nôtre équitable Roy ;
Au nom de Grand il peut pretendre
A plus juste titre que toi2.
Le Louis XIVmessage paraît évident et le fils de Chappe explique amplement les raisons de la supériorité de son souverain sur le roi macédonien. Tout comme celui-ci, Louis XIVLouis XIV est un grand chef militaire et « vainqueur des plus superbes Têtes3 » qui court de victoire en victoire, invincible sur le champ de bataille4. Cependant, contrairement à Alexandre le GrandAlexandre le Grand, Louis XIVLouis XIV sait s’arrêter et dompter sa fureur guerrière. Selon le fils de Chappe, cela fait du roi français « un courageux Monarque » qui se distingue d’« un tyran […] [et] monstre odieux5 ». À défaut de continuer inutilement ses campagnes, il sait se modérer et donc couronner ses « belliqueux exploits » d’une « aimable paix » qui forme « le haut éclat […] qui convient aux Rois6 ». Ainsi, cette lecture au premier degré rappelle non seulement les vers de Charles Robert, sieur de Saint-Jean, de mai 1677, mais aussi « Le Siècle de Louis le Grand » de Charles Perrault, CharlesPerrault. Dans celui-ci, le chef de file des Modernes affirme également que le roi-soleil dépasse tous les modèles historiques auxquels il pourrait être comparé.
Or, depuis la lecture des fameux vers de Perrault, CharlesPerrault en 1687, plusieurs décennies ont passé et ont vu de nombreuses guerres, notamment la guerre de la Ligue d’Augsbourg et la guerre de succession d’Espagne. Il serait surprenant que les sujets du roi-soleil aient oublié ces dures années peu glorieuses du règne de Louis XIVLouis XIV. Ainsi, une deuxième lecture moins avantageuse paraît s’imposer. D’une façon innocente, le fils de Chappe développe davantage la raison pour laquelle la paix est préférable aux guerres. Selon lui, il n’est guère possible de profiter d’une campagne militaire :
Eloignez-vous, combats funestes,
Dont à peine les tristes restes
Peuvent être appellez vainqueurs7.
ParLouis XIV la suite, il devient encore plus concret et rappelle à ses contemporains des souffrances très concrètes СКАЧАТЬ