La Querelle d'Homère dans la presse des Lumières. David D. Reitsam
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СКАЧАТЬ le Nouveau Mercure galant d’octobre 1715. Roy, Pierre-CharlesRoy y fait l’éloge du roi-soleil de façon générale ; il ne s’intéresse pas à une qualité en particulier et il écrit plein d’enthousiasme :

      C’est luy. Voilà son image

      Quels traits ! quelle Majesté !

      Que j’aime ce fier courage

      Temperé par la bonté !

      Autrefois, vainqueuer rapide,

      Infatigable, intrepide,

      C’étoit AchilleAchille à nos yeux :

      C’est NestorNestor, dont la vieillesse

      N’est qu’une longue jeunesse,

      Egale à celle des Dieux12.

      AvecLouis XIV cette strophe, Pierre-Charles Roy, Pierre-CharlesRoy contredit ouvertement Houdar de La Motte qui, dans la dédicace de son Iliade en vers, soutient qu’il est impossible de comparer Louis XIVLouis XIV aux héros homériques. Après cette provocation, Roy, Pierre-CharlesRoy fait néanmoins une concession aux Modernes et entame la transition des héros grecs à un personnage issu du Moyen Âge franҫais. Mais, avant d’aborder cet aspect de la glorification du défunt roi, il reste primordial de noter que dans les diverses contributions étudiées ici, Louis XIVLouis XIV paraît comme l’égal des héros mythiques qui n’y sont ni dénigrés ni discrédités.

      Cela vaut également pour un dieu païen qui est souvent présent dans les odes à la gloire de Louis XIVLouis XIV : MarsMars – le « dieu des batailles » et le surnom qu’on donne à un « grand guerrier », d’après le dictionnaire d’Antoine Furetière, AntoineFuretière13. Le Jésuite Nicolas-Louis Ingrat, Nicolas-LouisIngrat constate par exemple dans son ode, qui fut intégrée dans la livraison de janvier 1716 de la revue, que Louis XIVLouis XIV était le protégé de ce dieu guerrier qui « prend soin de sa destinée14 ». Si le roi-soleil égale ici MarsMars, il paraît même supérieur au dieu antique dans un poème présentant le défunt monarque comme pacificateur. Dans le Nouveau Mercure galant d’octobre 1715, l’abbé PelegrinPelegrin explique ainsi que Louis XIVLouis XIV a su chasser la « noire Discorde […] [d]e ces lieux où triomphoit MarsMars15 ».

      Pourtant,Louis XIV il ne faut pas oublier que la mythologique antique ne constitue pas la seule source utilisable pour glorifier Louis XIVLouis XIV. Comme il a été déjà indiqué, il faut également se tourner vers de véritables personnages historiques, qui, à l’instar d’HerculeHercule ou MarsMars, ont inspiré la glorification du roi.

      Et Louis XIVsi Alexandre le GrandAlexandre le Grand était un nouvel HerculeHercule ? Certes, il existe peu de domaines dans lesquels cette question peut être posée raisonnablement, mais la propagande royale française en fait certainement partie. À en croire Gérard Sabatier, le roi macédonien occupe une place comparable à celle d’HerculeHercule dans la glorification royale française et, momentanément, même supérieure dans celle de Louis XIVLouis XIV. Alexandre le GrandAlexandre le Grand est omniprésent, notamment dans les années 166016, avant d’être mis à l’écart comme d’autres personnages antiques ou mythologiques. Cependant, à l’instar d’HerculeHercule, le Macédonien semble avoir résisté à la vague moderne et, dans le Nouveau Mercure galant d’Hardouin Le Fèvre de Fontenay, Louis XIVLouis XIV paraît incarner plusieurs grands chefs de guerre et souverains défunts. Il sera donc tout d’abord question de ceux issus de l’Antiquité païenne avant d’étudier le rôle d’un deuxième groupe culturellement plus proche de la France catholique de la première moitié du XVIIIe siècle.

      Premièrement, Louis XIVil faut évoquer les personnalités originaires du monde macédonien et romain. Dans le Nouveau Mercure galant de septembre 1715, les lecteurs ont par exemple découvert une des odes qui fut présentée au prix de poésie de l’Académie sans pour autant le remporter. Le moi lyrique de cette contribution s’adresse aux « immortelles Déesses17 », c’est-à-dire aux muses, et il leur demande de chanter des éloges au « plus grand Roy du monde18 ». Puis, il explique pourquoi Louis XIVLouis XIV en tant que chef militaire qui restaure la paix est digne d’être loué avant de se tourner vers VirgileVirgile pour conclure :

      Berger fameux, […]

      Vante le Heros de la Seine

      Où le jour s’éteint & renaît ;

      Laisse les Cesars, les Pompée, CnaeusPompées ;

      Pour luy tes cent voix occupées

      Ne diront pas tout ce qui l’est19.

      Le message est évident et, selon la vision des Modernes, les héros antiques doivent « ployer les genoux20 » devant Louis XIVLouis XIV. Il est pourtant frappant de constater que le contributeur anonyme parle des « Cesars » et des « Pompée, CnaeusPompées » comme s’il s’agissait plus de noms génériques que de véritables personnes. Il y est donc question des généraux et hommes politiques antiques en général et non pas des deux généraux et consuls romains en particulier.

      Le même principe peut être observé deux mois plus tard. Dans son ode à la gloire du roi, le Jésuite Pierre Brumoy, PierreBrumoy fait déclarer son moi lyrique :

      Peuples du Tybre & de l’Euphrate,

      […]

      Trop fiers de posseder les cendres

      Des César, Jules [Cesar]Césars & des Alexandre le GrandAlexandres,

      Vous fûtes moins heureux que nous21.

      La cause du bonheur des Français ne constitue guère une énigme et il suffit de lire entre les lignes : les cendres de Louis XIVLouis XIV sont plus importantes et rendent plus fiers que celles des anciens :

      Il parut, & ternit la gloire

      Des anciens guerriers, dont l’histoire

      Fait respecter le souvenir22.

      À ce trio – Alexandre le GrandAlexandre, César, Jules [Cesar]César et Pompée, CnaeusPompée qui sont soit dépassés par Louis XIVLouis XIV, soit égalés par le roi-soleil23 – s’ajoute encore le fils adoptif de Jules César, Jules [Cesar]César : AugusteAuguste à qui le défunt roi est comparé dans le Nouveau Mercure galant d’octobre 171524. Le premier empereur romain est par ailleurs le seul personnage politique issu de l’Antiquité classique qui ne soit pas mentionné dans un contexte belliqueux, mais culturel : Louis XIVLouis XIV en tant que nouvel AugusteAuguste fait renaître « CatulleCatulle ;/ PindarePindare, HoraceHorace, TibulleTibulle25 ».

      Il Louis XIVfaut donc souligner le fait qu’au-delà des figures mythiques, la propagande royale réunit également des personnages historiques d’horizons différents qui sont pourtant souvent éclipsé par le roi-soleil. D’un côté, il faut évoquer Alexandre le GrandAlexandre le Grand, César, Jules [Cesar]César ou Pompée, CnaeusPompée, dont les exploits militaires sont soulignés, et de l’autre AugusteAuguste, qui apparaît comme un promoteur des arts et de la culture. Cependant, ce regard vers le passé reste assez flou. Une dernière question s’impose donc : dans quelle mesure le Nouveau Mercure galant s’inscrit-il à travers ces références dans des discours bien établis ? Étant donné que Louis XIVLouis XIV a privilégié la mise en scène picturale, il est difficile de trouver СКАЧАТЬ