La Querelle d'Homère dans la presse des Lumières. David D. Reitsam
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Читать онлайн книгу La Querelle d'Homère dans la presse des Lumières - David D. Reitsam страница 18

СКАЧАТЬ style="font-size:15px;">      De Louis, saint [S. Loüis]Louis IXLOUIS qu’environne une gloire immortelle,

      De Louis, saint [S. Loüis]Louis IXLOUIS des grands rois le plus parfait modèle2.

      Ainsi, Perrault, CharlesPerrault célèbre son époque et son roi qui est à la fois la cause et l’incarnation de cette perfection. Ces vers résument non seulement une réflexion personnelle de l’auteur des Histoires, ou contes du temps passé, mais principalement un véritable changement de paradigme dans la propagande royale3. D’après Larry F. Norman, il était évident pour Perrault, CharlesPerrault et les Modernes que la mise en scène du monarque et sa glorification doivent refléter sa suprématie sans limites. Par conséquent, sur l’Arc de Triomphe construit à la Porte Saint-Martin de Paris pour fêter la victoire de Louis XIVLouis XIV en Franche-Comté en 1674, il est écrit « Ludovico Magno » et non pas « Louis-AugusteAuguste », ni « nouvel Alexandre le GrandAlexandre ». Et Gérard Sabatier constate une mise à l’écart similaire de l’Antiquité dans la représentation graphique du pouvoir royal4. La question semble donc close et Marc Fumaroli constate même que l’euphorie des Modernes pour leur monarque se calmerait dans la deuxième moitié de son règne5.

      Pourtant, lorsque la Querelle d’Homère éclate, cette question refait surface : Houdar de La Motte réintroduit clairement cette problématique dans les débats. Il dédie sa traduction-imitation de l’Iliade d’Homère à Louis XIVLouis XIV tout en dénigrant et discréditant le monde ancien :

      Sire, Je n’autoriserai la hardiesse que je prends d’offrir cet Ouvrage à VOTRE MAJESTÉ ; ni du mérite de l’Auteur que j’imite, ni de la grandeur des Personnages qu’il célébre. J’avoüe qu’il a manqué à Homére, pour être digne de Vous, d’avoir vêcu sous le regne d’AugusteAuguste, ou sous le Vôtre. Il est vrai qu’il peint des Héros à qui l’on a souvent comparé VOTRE MAJESTÉ ; mais j’ai trop senti […] qu’on a abusé de leur ancienne réputation dans ce parallele & qu’on n’a jamais dû leur faire honneur de vos vertus6.

      D’uneLouis XIV phase de la Querelle des Anciens et des Modernes à l’autre, l’argument reste le même – du moins d’après Larry F. Norman : face à la France du « Siècle de Louis le Grand », l’Antiquité ne peut pas suivre. Or, La Motte fait preuve de subtilité. À l’instar de Fontenelle, Bernard Le Bovier deFontenelle dans sa Digression des Anciens et des Modernes7, il oppose l’Antiquité grecque au monde romain, mais il serait erroné de croire que La Motte veut y défendre l’époque d’AugusteAuguste. Au contraire, tout en esquissant l’idée d’un progrès historique, il s’en sert pour démontrer que, déjà au temps des Romains, l’Iliade était dépassée.

      Sans entrer davantage dans cette discussion sur les textes des chefs de file des Modernes, on peut constater que la dimension politique reste un enjeu central des débats ; il faut donc revenir au Nouveau Mercure galant, bien que celui-ci n’aborde pas ces questions-là dans des textes de querelle de premier ordre8. Au vu de l’importance du périodique pour la communication royale – démontrée au début de cette partie – et le dédain que les Modernes expriment à l’égard des héros de l’Iliade en général, il nous faut maintenant nous concentrer sur la relation entre le monde ancien et la propagande royale dans la revue d’Hardouin Le Fèvre de Fontenay : l’Antiquité est-elle désormais complètement hors-jeu ou certains éléments plus classiques de la propagande royale peuvent-ils résister à la volonté réformatrice des Modernes9. Afin de répondre à cette problématique, l’accent sera d’abord mis sur les textes proches des idées des Modernes. Par la suite, l’analyse du discours semi-officiel du Nouveau Mercure galant prendra également en compte les aspects plus traditionnels de la glorification royale, c’est-à-dire ceux qui tournent le regard du lecteur vers le passé.

      Sur les traces de Charles Perrault

      En 1714, Louis XIVHardouin Le Fèvre de Fontenay ne publie guère de vers à la gloire de son souverain dans le Nouveau Mercure galant. Après une ode à la paix rédigée en latin dans la livraison d’août 1714, le premier exemple en français se trouvant dans le numéro de novembre 1714 est celui des « vers que Mademoiselle Deshoulieres […] adresse [aux lecteurs] sur la paix1 » : « Aux Muses, Sur la Paix de Nimègue2. » La poétesse y explique que c’est Louis XIV qui rend la paix possible en vainquant les agresseurs jaloux de sa grandeur3. Et elle ajoute que la garantie du bonheur du royaume de France est inséparable de la maison des Bourbons, donc du bien-être du roi et du dauphin :

      De mille biens la paix sera suivie,

      Les plaisirs, les beaux arts vont revivre & fleurir,

      De nouveaux dons la terre est prête à se couvrir :

      Mais pour nous satisfaire au gré de nôtre envie,

      Sous les yeux de mon Roy puisse croître & meûrir

      L’auguste rejetton d’une si belle tige.

      Dans l’ardeur que pour lui nôtre tendresse exige,

      Puissent les Immortels accorder à nos vœux

      De longs jours à Louis, saint [S. Loüis]Louis IXLOUIS, & de longs jours heureux4.

      La poétesse Louis XIVaborde ici un sujet délicat : la succession au trône. Ainsi, selon elle, la seule paix ne suffit pas à assurer le bonheur d’un royaume qui a également besoin d’un dauphin – mais au contraire, selon la contributrice, la prospérité du pays est en danger. Force est de constater que Mademoiselle Deshoulières, Antoinette-Thérèse, MademoiselleDeshoulières est tournée vers l’avenir. Elle évoque l’état présent et futur du royaume sans mentionner l’histoire ni présenter Louis XIVLouis XIV comme la réincarnation des héros antiques. De ce point de vue, sa contribution respecte parfaitement les idées des Modernes, tels que Perrault, CharlesPerrault.

      Le thème central du poème de Mademoiselle Deshoulières, Antoinette-Thérèse, MademoiselleDeshoulières se retrouve également chez un autre versificateur dont un texte fut publié dans le Nouveau Mercure galant d’août 1715. Il s’agit de l’ode qui a permis à un certain « M. Roy, Pierre-CharlesRoy5 » de remporter le prix de poésie de l’Académie française de cette même année. Le thème de ce concours était : « Les avantages de la Paix, l’obligation que nous avons au Roi de nous l’avoir procurée6. » Afin de profiter du prestige du prix sans s’attirer les foudres de Jean-Baptiste Coignard, Jean-BaptisteCoignard, un des imprimeurs de l’Académie française, Hardouin Le Fèvre de Fontenay ne publie qu’un extrait de l’ode de Pierre-Charles Roy, Pierre-CharlesRoy. Voici la strophe centrale de son poème :

      O Paix, l’Europe en allarmes

      N’espere plus ton retour ;

      Elle a méprisé tes charmes,

      Tu te vanges à son tour.

      Mais parmi tous ces rebelles,

      Si des mains pures, fidelles

      Restablissoient tes autels ! .. [sic]

      Vien les habiter encore,

      Et pour Louis, saint [S. Loüis]Louis IXLOUIS qui t’implore,

      Fai grace à tous les mortels7.

      Louis XIVLouis XIV est donc érigé en héros infaillible de la paix, voire son seul défenseur СКАЧАТЬ