La Querelle d'Homère dans la presse des Lumières. David D. Reitsam
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СКАЧАТЬ conflit aurait même dépassé les Guerres puniques :

      Jadis par moins de carnage

      Rome, & la fiere Carthage

      Signalerent leur fureur8.

      LaLouis XIV situation du royaume semble tellement désespérée que le moi lyrique s’interroge même de la manière suivante : « Quel Dieu contre nous conspire9 ? » Cette question rhétorique, à laquelle la réponse est sans aucun doute possible MarsMars, le dieu de la guerre, amplifie davantage l’exploit du pacificateur Louis XIVLouis XIV. Comme dans l’ode de Mademoiselle Deshoulières, Antoinette-Thérèse, MademoiselleDeshoulières, le roi-soleil fait prospérer son pays ainsi que tout le continent. La misère va en disparaissant et une « [p]aix feconde & salutaire10 » peut enfin s’installer.

      Dans les mois suivants le décès de Louis XIVLouis XIV – de septembre à novembre 1715 –, Hardouin Le Fèvre de Fontenay intègre plusieurs odes qui ont également été soumises au jury de l’Académie français, mais sans succès11. Le thème central est toujours le même et les différents poètes décrivent Louis XIVLouis XIV comme une force pacificatrice12. Cette suite d’odes nous donne une certaine idée des ateliers de propagande dédiés au service du roi et de la monarchie que sont l’Académie française et – dans une moindre mesure – le Nouveau Mercure galant13.

      Curieusement, tout comme Pierre-Charles Roy, Pierre-CharlesRoy, quelques-uns de ses concurrents n’ont su se passer de références au monde ancien. Ils vont même plus loin que Roy, Pierre-CharlesRoy qui – on vient de le voir – ne se sert de l’Antiquité que pour caractériser l’étendue des guerres à l’époque de Louis XIVLouis XIV. Contrairement à cet emploi modeste des exemples empruntés à l’histoire, certains participants au concours de l’Académie française comparent le roi-soleil à des personnalités historiques ou mythiques ignorant ainsi les réflexions de Charles Perrault, CharlesPerrault ou d’Houdar de La Motte. Cet aspect de leur versification est également typique d’une autre série d’éloges du roi : les odes des Jésuites qui célèbrent dans une approche plus globale toutes les qualités de la personnalité du roi. Il s’agit des poèmes de Pierre Brumoy, PierreBrumoy, de Jean-Baptiste Margat de Tilly, Jean-BaptisteMargat de Tilly et de Nicolas-Louis Ingoult, Nicolas-LouisIngoult qui sont publiés après la mort de Louis XIVLouis XIV.

      Donc, après avoir mis l’accent sur des odes dont les auteurs – Mademoiselle Deshoulières, Antoinette-Thérèse, MademoiselleDeshoulières et Pierre-Charles Roy, Pierre-CharlesRoy – se passent largement du recours à l’Antiquité, l’attention sera désormais principalement portée sur les références historiques et mythologiques qui sont utilisées pour décrire le roi-soleil.

      Persévérance de la glorification traditionnelle

      Nous Louis XIVpartirons donc concrètement à la recherche de traces historiques et avant tout antiques dans la propagande royale. C’est là une étude qui s’intéressera à deux traditions : d’un côté, comme le rappellent Gérard Sabatier ou Chantal Grell, confronter son propre souverain à des modèles intemporels fut une pratique récurrente et la rupture entamée par les Modernes, mais jamais assumée complètement1, constitue la véritable innovation. De l’autre, le monde gréco-romain est omniprésent dans le système éducatif du XVIIe et du XVIIIe siècle : en développant l’importance de la mythologie antique, Sylvain Menant insiste particulièrement sur la réception d’OvideOvide dans les écoles des Jésuites :

      OvideOvide est, par excellence, le maître de mythologie. Dans toutes les classes, de la cinquième à la seconde, on le retrouve au programme des collèges de la Compagnie. […] il présente [dans les Métamorphoses] un tableau particulièrement complet, cohérent et explicite du monde des dieux et des héros2.

      DansLouis XIV La Pensée européenne au XVIIIème siècle, Paul Hazard arrive à la même conclusion. Il cite l’exemple du Traité des Études de Charles Rollin, CharlesRollin et résume son message central de la façon suivante : « Le latin, avec un peu de grec, doit […] rester l’élément principal [de l’éducation]3. » Donc, l’élite sociale de l’époque – qui forme le public du Nouveau Mercure galant – dispose d’un solide socle de connaissances dans les humanités classiques. Et même sans aborder la collection Ad usum delphini, il est évident que le monde ancien forme un fond gigantesque de références culturelles qui permettent de mieux illustrer des questions complexes et de transmettre un message aux lecteurs. Par conséquent, les traces les plus importantes de l’Antiquité présentes dans le périodique seront étudiées par la suite.

      Alexandre le GrandAlexandre le Grand, CommodeCommode, Henri IVHenri IV, Louis XIIILouis XIII ou le jeune Louis XIVLouis XIV – la liste des souverains qui se rêvent en HerculeHercule ou cherchent à incarner les mêmes qualités que celui-ci est longue et Anne-Marie Lecoq souligne le rôle central qu’il a joué dans la propagande royale française jusqu’au milieu du XVIIe siècle4. Après coup, HerculeHercule est quelque peu évincé du discours officiel, mais curieusement, il ne disparaît pas complètement. Un des rivaux de Pierre-Charles Roy, Pierre-CharlesRoy, dont l’ode est intégrée dans le Nouveau Mercure galant de septembre 1715, écrit :

      Sous les coups de cet autre AlcideHerculeAlcide

      Tombent les Monstres combattus ;

      La Discorde noire furie,

      L’Erreur hydre de sang nourrie ;

      Suivent le Duel enchaîné ;

      Et dans sa pompe triomphale

      On voit cette Troupe infernale

      Sous le char de la Paix traîné5.

      GrâceLouis XIV à sa force et son courage qui rappellent les qualités extraordinaires du fils de ZeusZeus et d’AlcmèneAlcmène, Louis XIVLouis XIV a su battre militairement ses adversaires qui sont comparés à une hydre, ce qui est un topos de la poésie de François de Malherbe, François deMalherbe6. Le poète inconnu ajoute une seconde image à la première tirée de l’Antiquité : la coutume d’attacher le corps d’un adversaire illustre, mais vaincu, à son char et de le tirer derrière soi ; image qui pointe vers l’ancien monde en général et particulièrement vers l’Iliade dans laquelle AchilleAchille se venge d’HectorHector de cette façon7.

      À l’instar Louis XIVdu contributeur anonyme, Nicolas-Louis Ingoult, Nicolas-LouisIngoult utilise HerculeHercule de la même manière. Dans des vers publiés en janvier 1716, il décrit le défunt roi comme « un jeune AlcideHerculeAlcide » qui sert à « ses guerriers de guide8 ». Lui aussi souligne principalement les qualités militaires de Louis XIVLouis XIV en le comparant au héros grec. Plus varié est, en revanche, le recours à HerculeHercule dans la « Description curieuse de la Pompe funebre de Loüis XIV. à Cadix [sic] » qui est intégrée dans le Nouveau Mercure galant de mars 17169. Le rapprochement franco-espagnol et l’installation d’un membre de la famille royale française sur le trône d’Espagne sont comparés aux travaux d’HerculeHercule10, c’est-à-dire à des tâches extrêmement compliquées et réputées impossibles. En outre, on y loue l’engagement du roi-soleil contre le protestantisme qui est incarné par une hydre11. Le recours à HerculeHercule en Espagne ne se limite donc pas à la seule force physique. Certes, les faits illustrés ont impliqué des guerres brutales et violentes, mais le savoir-faire militaire ne se trouve pas au centre de cette glorification. Les organisateurs de la « Pompe funebre » tiennent davantage à mettre en avant les résultats de la politique de Louis XIVLouis XIV.

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