Le dernier vivant. Paul Feval
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Название: Le dernier vivant

Автор: Paul Feval

Издательство: Bookwire

Жанр: Языкознание

Серия:

isbn: 4064066085827

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СКАЧАТЬ pourrait te renseigner. Vas-y voir.

      Moi, je continue de chercher. Je me suis donné quinze jours pour trouver, car si la situation traînait jusqu'à trois semaines, je parie un franc que j'épouserais Fanchette.

      Or, on ne l'épouse pas.

      Donc mon cas est absurde et tu peux souder mon désespoir.

      Dis-moi au juste, à l'occasion, comment se porte l'affaire Jeanne. Ça m'intéresse à cause de Fanchette.

      Ma pauvre petite perle! Elle m'idolâtre, quoique je n'en croie rien. Figure-toi que jamais, au grand jamais, elle n'a été si jolie. Je vais la faire dîner deux fois par jour à la campagne jusqu'à la catastrophe.

      Lucien, je le lui dois!

      Hier, elle m'a promis sur la mémoire de sa mère qu'elle me tuerait si j'étais infidèle, dépêche-toi d'envoyer les pièces.

      Pièce numéro 14

      (De l'écriture de Lucien Thibaut. Non signé. Sans date.)

      J'ai besoin de parler. J'en mourrais. Il y a au fond de moi une voix que j'étouffe et qui voudrait crier: «Je l'aime, je l'aime!»

      Je l'aime comme on respire. Elle est le souffle de ma poitrine. Elle est ma vie. Oh! je l'aime! En écrivant cela toutes les fibres de mon être frémissent de volupté.

      À qui fais-je mal en l'aimant plus que moi-même? Quels sont les ennemis inconnus qui s'acharnent à torturer mon bonheur?

      Je demandais un frère autrefois. Un frère me dirait que je me perds, ou peut-être que je le déshonore. Qui sait? je ne veux pas de frère.

      Je t'écris encore, Geoffroy, mais c'est parce que tu ne me répondras pas. Je n'aurai de toi ni conseils accablants, ni reproches amers.

      Ce n'est pas à toi que vont mes plaintes, c'est à un Geoffroy que je crée et que tu ne connais pas, un Geoffroy amoureux et malheureux, capable de prêter l'oreille au chant délicieux de ma douleur....

      Elles demeurent dans une toute petite maison qui dépend d'une ferme, à laquelle appartient le champ où je la rencontrai pour la première fois.

      La ferme s'appelle le Bois-Biot.

      La pauvre mère est bien malade, elle s'en va doucement. Jeanne s'accroche à elle et l'enveloppe d'une longue caresse qui s'efforce en vain de la retenir dans la vie.

      J'ai dû te dire que Mme Péry avait l'air d'être encore toute jeune. Elle est très belle. Jamais elle ne parle de sa maladie, mais on sent si bien qu'elle voit sa fin prochaine! Je l'ai surprise mortellement triste, parce qu'elle ne se savait pas épiée, et j'ai deviné que l'image de sa Jeanne abandonnée passait alors devant ses grands yeux, qui n'ont même plus la consolation des pleurs.

      Elle sourit dès qu'on la regarde, mais son sourire est plus triste que sa tristesse.

      Est-ce à cause de Jeanne que je l'aime si profondément, cette douce mourante, belle comme la résignation?

      Ou plutôt n'est-ce pas ma tendresse pour elle qui met le comble à l'amour infini que sa fille m'inspire?

      Jamais je ne leur ai parlé de cet amour. Je sais qu'il s'exhale de tout mon être. À quoi serviraient les paroles? Je reste là entre elles deux comme si c'était ma place et mon droit.

      Que n'est-ce mon devoir!

      Hier, notre malade s'était endormie. Quand ses yeux se sont rouverts, elle a surpris ma main dans celle de Jeanne. Un peu de sang est revenu à ses joues. J'ai cru qu'elle allait sourire et nous unir dans sa bénédiction.

      Je suis sûr qu'elle y songeait.

      Mais le voile de ses longs cils s'est rabattu sur son regard attendri et plus triste.

      Elle a demandé sa potion, quoique ce ne fût point l'heure. Jeanne nous a quittés aussitôt pour aller dans la chambre à coucher prendre la fiole.

      Mme Péry et moi nous sommes restés seuls.

      Elle a pris la main que Jeanne tenait tout à l'heure. Je croyais qu'elle allait parler. Pourquoi ne parlait-elle pas?

      Le silence, entre nous, a duré si longtemps que déjà on entendait le pas de Jeanne, revenant sur la pointe du pied, quand la chère malade a dit tout bas:

      —Lucien, est-ce que vous recevez aussi des lettres anonymes?

      Je ne pouvais pas répondre non.

      Au moment où Jeanne rouvrait la porte, Mme Péry m'a glissé dans la main une enveloppe qui semblait contenir plus d'une lettre, en murmurant:

      —Mon cher Lucien, vous avez une mère....

      Pièce numéro 15

      (Anonyme, écriture inconnue.)

      Paris. 13 octobre 1864 (sans timbre de la poste).

       À Mme veuve Péry, à la ferme du Bois-Biot, près et par Yvetot.

      Madame.

      Vous jouez votre jeu, et personne ne peut vous en vouloir beaucoup pour cela. Vous n'avez pas de fortune, Mademoiselle votre fille est à marier, vous essayez de la placer au mieux de vos intérêts, c'est tout simple.

      Pour ma part, moi, je suis très éloigné de vous blâmer.

      Malheureusement—ce qui est bien naturel aussi.—vous avez pour adversaires la famille et les amis de l'innocent autour de qui vous tendez vos filets.

      Ceux-là sont plus forts que vous, Madame, non seulement parce qu'ils sont plus riches, mieux posés, plus nombreux, mais encore parce que leur mobile est plus désintéressé que le vôtre. Vous entraînez un malheureux vers le fossé où l'on se casse le cou, ils l'arrêtent et le défendent.

      Le monde est avec eux contre vous.

      En conséquence, vous allez avoir beaucoup d'ennuis, vous allez vous donner beaucoup de mal, et vous ne réussirez pas.

      Un bon averti en vaut deux, dit le proverbe.

      Madame, à votre place, moi, je lâcherais prise et j'irais marier ma fille ailleurs.

      Pièce numéro 15 bis

      (Anonyme, jointe à la précédente. Écriture rappelant celle du N°1.)

      17 octobre 64 (sans lieu de départ ni timbre postal).

      Madame,

      Il y a deux sortes de lettres anonymes: celles qui sont lâches et celles qu'un motif généreux a dictées.

      La présente appartient à la seconde catégorie, car elle vient d'une personne désintéressée. Elle ne СКАЧАТЬ