Perdus Pour Toujours. Nuno Morais
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Название: Perdus Pour Toujours

Автор: Nuno Morais

Издательство: Tektime S.r.l.s.

Жанр: Героическая фантастика

Серия:

isbn: 9788835424628

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СКАЧАТЬ Il y a des jours où l’on ne peut pas se rincer l’œil. Je me rends la salle du fond où elle doit être en train de terminer son goûter et je suis reçu par une course accélérée, câliné par des bras puis par des mains pleines de miettes et enduites de beurre criant « Kalle, Kalle ! ». Immédiatement, j’oublie que je n’ai pas de vie sociale ou amoureuse et que je ne suis plus allé au cinéma, à un concert ou à une exposition depuis que mes parents sont morts. L’écouter et la voir heureuse, quand on se retrouve chaque jour après le travail, me suffit à être de bonne humeur pour quelques temps. Je lui demande si sa journée s’est bien passée et elle me répond que oui. Nous disons au revoir à ses amis pour aller à la salle de bains afin qu’elle se lave les mains et le visage avant de mettre son écharpe et son manteau, car, même s’il ne pleut pas, le ciel s’obscurcit et c’est une fin d’après-midi désagréable avec beaucoup de vent.

      Je m’apprête à sortir mais je retourne dire à Ana que Becca ne va pas revenir avant lundi et reçois alors le deuxième regard chaleureux du jour. C’est agréable car elle est assez jolie mais si jamais cela se passait mal, ce serait Becca qui en souffrirait le plus.

      Le voyage du retour en métro s’est déroulé sans incident, malgré le fait d’avoir pris la chaise pliante avec nous et que le métro soit, comme d’habitude à dix-sept heures, bondé.

      Arrivés à Marqûes, je lui demande si elle veut aller voir les illuminations et manger une glace, comme elle m’a demandé ce matin, mais elle me dit non de la tête et nous changeons ainsi de rame en direction du Colombo. Nous y arrivons sans difficultés et montons lentement les marches – avec la petite chaise dans la main je ne peux pas du tout la prendre dans mes bras – puis rentrons dans la voiture et nous montons en route vers la maison.

      J’ouvre la porte d’entrée à dix-huit heures quinze. On ne peut pas dire que nous avons fait un voyage éclair, en considérant que nous ne sommes même pas sortis de ce qu’on peut considérer le centre-ville.

      Je commence à préparer le dîner auquel j’ai pensé tout le long du chemin depuis la crèche. C’est compliqué de cuisiner pour des enfants, ils aiment une chose aussi vite qu’ils ne l’aiment plus. Mais aujourd’hui j’ai une panne d’inspiration culinaire (comme si un jour j’avais été très inspiré …). Je ne cherche alors pas plus loin que des poissons panés avec une purée de pommes de terre, un œuf poché et des rondelles de tomate, que des choses qu’elle aime – ou du moins que d’habitude elle aime. J’accompagne cela avec un verre de lait froid, encore un favori, et pour terminer une banane, qu’elle mange tel un petit singe.

      À dix-huit heures trente, nous sommes assis à table et je commence à lui parler du voyage. Au début, elle aime beaucoup l’idée, mais après lorsqu’elle se rend compte qu’elle ne va pas voir ses amis, elle ne sait plus si elle doit être contente ou pas. Finalement, elle arrive à la conclusion que prendre l’avion est plus amusant que d’aller à la crèche et l’excitation s’empare d’elle. Je n’aurais peut-être pas dû lui dire, ça va être difficile de la mettre au lit maintenant…

      « Kalle, kan ja’sitta på fonste’et? » Me demande-t-elle en me suppliant, comme toutes les fois où nous prenons l’avion. « Javisst, bien sûr, bebé, mais pourquoi ? ». Je lui réponds cela en sachant très bien ce qu’elle veut. Elle me fait une tête qui laisse entendre qu’elle ne comprend pas comment je peux être adulte et ne pas comprendre pourquoi elle souhaite être assise côté hublot. « Et bien c’est pour voir les z’autres z’avions et les petits canards quand ils passent dans le ciel à côté de nous, så kla’t ! » Mais voyons, comment ne puis-je pas comprendre immédiatement que c’est pour cela que les gens s’asseyent côté hublot dans les avions ? Nous continuons dans une discussion qui est un mélange de trois langues, notre tradition jusqu’à environ dix-neuf heures trente, moment à laquelle elle commence à bailler. Cependant, aujourd’hui elle décide qu’elle veut regarder Pippi. Nous allons tout d’abord à la salle de bains pour qu’elle se lave les mains et se brosse les dents et la laisse ensuite me poursuivre dans une course folle jusqu’au salon, entre rires et cris « Non ! Pas de chatouilles ! ». Je mets le DVD dans l’appareil et allume la télévision, m’assieds dans le fauteuil et, comme prévu, au bout de 15 minutes elle dort déjà profondément.

      Je la prends dans mes bras et l’emmène jusqu’à sa chambre et lui enfile le pyjama tout délicatement sans faire de bruit. Je la couvre avec la couette car la nuit est humide et sors sur la pointe des pieds en laissant la lampe de chevet au cas où elle se réveille.

      Je range la cuisine, mets la vaisselle dans le lave-vaisselle et prépare les vêtements pour les valises, que je ferai demain. Je m’assieds ensuite devant la télévision afin de regarder les informations de vingt-et-une heures trente sur Euronews. Ils mentionnent à nouveau les noms de Lentz et de Ferrara, mais précisent cette fois-ci que les deux victimes étaient au service d’une l’institution de l’Union Européenne qui s’occupe de la protection de l’enfance (IEPE) et qu’ils s’étaient rendus au Brésil afin d’enquêter sur des cas d’adoptions illégales de la part de citoyens de l’UE, accompagnés de plaintes pour ventes et enlèvements d’enfants.

      On ne peut pas dire qu’ils entrent trop dans les détails, mais à vrai dire ce n’est pas non plus une chaîne spécialisée dans de telles choses. Demain je vais essayer de voir si je peux me procurer un journal qui pourrait m’en dire plus sur cette histoire à l’aéroport. Peut-être que l’un d’entre eux aura préparé un traitement un peu plus approfondi sur la mort de ces deux personnes, en comparaison à celui d’Euronews.

      À la fin des informations, je prends ma sacoche et vais dans le bureau afin de faire des photocopies de la lettre, des annexes et du fax, j’ouvre le coffre où mes parents laissaient leurs papiers importants et y glisse les originaux. Si les personnes assassinées menaient une enquête sur des cas d’adoptions illégales et sur des enlèvements d’enfants au Brésil, le plus probable est que le bracelet d’identification et les documents qui semblent être des actes de naissance se réfèrent également à des enfants adoptés illégalement ou enlevés dans d’autres pays. Ne pouvant pas lire les autres, je me replonge dans les actes de naissances angolais. Je remarque une chose dont je ne m’étais pas aperçu avant, en dessous du nom de la mère, sur l’espace destiné à la profession, il y a, dans les deux cas, un trait fait au stylo. Et, encore dans les deux cas, sur l’espace destiné à l’identification du père, un trait également fait au stylo.

      Peut-être que cela ne veut rien dire, mais c’est tout de même étrange que quelqu’un paye un hôpital particulier, en supposant que le nom corresponde bien à la personne, mais ne déclare pas la profession de la mère ni le nom ou la profession du père, n’y laissant que le nom de la mère. Peut-être qu’il s’agissait d’une grossesse non-désirée qui n’a pas pu être interrompue pour une bonne raison. Mais dans ce cas, il aurait mieux valu tout cacher. Plus j’y pense et plus cela me paraît étrange. Et une fois de plus je me demande ce que mon père avait à voir avec cela.

      Je ne lui connaissais pas de clients angolais et moins de brésiliens. Au bureau, il n’y a que Gomez qui a des contacts avec le Brésil, où il peut exercer et donc y passer parfois du temps, mais que je sache il n’a aucune affaire en cours liée à des adoptions, et ce n’est même pas le type de sujet qu’il traite. Je lui demanderai lundi s’il sait quelque chose à propos de cet Hôpital Privé. Belém comme nom de lieu ne m’est pas étranger, où cela se trouve-t-il ? Je prends une carte et je vois ce nom au nord du pays. Bien sûr ! C’est la capitale de l’État du Pará, elle se situe à l’embouchure du fleuve du même nom. Ce n’est pas une petite ville, lors des deux derniers recensements elle apparaît avec près de 190 mille habitants. Mais même ainsi elle ne doit pas avoir beaucoup d’hôpitaux privés, et si la loi est similaire à la loi portugaise, il ne pourra y en avoir qu’un avec ce nom. Tant de choses à découvrir. Cependant, СКАЧАТЬ