Un diplomate luxembourgeois hors pair. Paul Schmit
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Название: Un diplomate luxembourgeois hors pair

Автор: Paul Schmit

Издательство: Автор

Жанр: Биографии и Мемуары

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isbn: 9782919792009

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СКАЧАТЬ précédant les noces du fait de la reprise par Mayrisch et Barbanson de ce qui avait été géré dans la sidérurgie luxembourgeoise en partie par Norbert Le Gallais. Même si la mère de la mariée, née Pescatore, n’était pas noble non plus, le fait que Le Gallais menait une vie de bourgeois dépensier a peut-être également influencé l’état d’esprit de la famille de Gargan. Les différences entre noblesse ancienne et récente, tout comme entre noblesse et bourgeoisie, étaient considérables à l’époque. Le père d’Hugues avait écrit plusieurs lettres et fait intervenir un avocat en brandissant la menace d’un procès en justice, pour plaider contre la tentative de faire déclarer sa nouvelle épouse comme n’étant pas saine d’esprit. La nouvelle femme de celui-ci n’allait plus revoir ni sa mère ni son père et ne pas assister à leurs funérailles, des contacts étant toutefois entretenus avec ses frères et sœurs. Le deuxième mariage du père d’Hugues a en apparence été un mariage heureux. Des photos montrant Anne-Marie Le Gallais-de Gargan avec deux des enfants de son mari laissent supposer qu’une certaine entente exista pendant un certain temps. Toutefois, tel n’était pas le cas, c’est le moins que l’on puisse dire. En fait, l’histoire et les relations de la belle-mère avec les quatre jeunes Le Gallais étaient exécrables. Anne-Marie de Gargan avait d’ailleurs annoncé dans un de ses accès de rage que les enfants Le Gallais n’hériteraient rien. De son vivant, elle avait donné une partie de ses bijoux afin d’orner la statue de la Sainte Vierge à la Cathédrale, ce qui lui avait valu, d’après Rozel, la protection de l’évêque lui-même face à des mises en cause sur sa relation avec les enfants de son mari. Hugues et ses sœurs ne semblent en effet guère avoir récupéré l’héritage de leur belle-mère, ses affaires personnelles étant revenues aux de Gargan de Preisch, tout comme le résultat de la vente aux enchères de la Villa Vauban et de son mobilier en 1948 et 1949.6

      Lors du mariage civil, le 4 octobre 1912, passé devant le maire Alphonse Munchen, Norbert est qualifié d’industriel, son père défunt d’ingénieur. L’acte de mariage ne laisse pas deviner les difficultés ayant précédé ce mariage. Comme il y est fait mention d’un « Ehrerbietigkeitsakt » rédigé et délivré par le notaire Camille Weckbecker à Luxembourg le 24 août, la mariée a demandé respectueusement l’avis de ses parents sur ledit mariage. Un contrat de mariage a été rédigé la veille par le même notaire de Luxembourg. Les témoins de ce mariage étaient, comme pour d’autres occasions, choisis dans le sérail de la famille, cette fois-ci même dans le giron de la famille proche de la première épouse décédée il y a trois ans. Il s’agissait de Henri Vannérus (1833-1921), président du tribunal de Diekirch, qui a appartenu aux gouvernements de Tornaco et Servais en tant que ministre de la Justice et a été membre du Conseil d’Etat. Il était le beau-frère de Charles Metz, et donc l’oncle de la mère de Norbert ; de Léon Metz (1842-1928), ingénieur, membre du conseil d’Arbed après 1911, député et président de la Chambre de Commerce, maire d’Esch-sur-Alzette et cousin germain du père de Norbert Le Gallais et du père de sa première femme ; Auguste Weber (1852-1936), médecin ayant effectué la première opération à l’hôpital d’Eich, fils de Jacques Weber et de Justine Metz; c’était l’époux de Berthe Gansen, le père de Daisy Weber, épouse d’Auguste Collart, que nous avons rencontré plus haut en décrivant la famille maternelle d’Hugues. C’était donc un cousin issu de germains de Norbert ; et enfin quelqu’un pas directement allié ou apparenté mais issu de la sphère Arbed, à savoir Émile Bian, industriel et homme politique, député de 1916 jusqu’à sa mort, fils du notaire à Redange et politicien Léopold Bian.7 Le jour du mariage, Rozel, qui était la seule des enfants présente, se mit à pleurer, de sorte qu’elle devait quitter l’église. Au retour du voyage de noces en Italie de Norbert et Marie, la jeune fille de moins de dix ans se vit frappée par sa nouvelle belle-mère parce qu’elle avait osé l’accueillir dans la chambre des parents. Notons que l’année du déclenchement de la guerre,8 l’aînée des filles, Amy, avait été envoyée dans un couvent à Spa en Belgique et le troisième enfant, Alice, dans un autre pensionnat, de sorte que seule demeurait à Luxembourg la cadette, Rozel, qui se voyait infliger les foudres de sa belle-mère dès le remariage de leur père. Nous allons voir que le fils de la famille, Hugues, avait aussi été éloigné. Alors que les relations avec Anne-Marie de Gargan auraient été excellentes jusqu’au moment du mariage, les enfants ont toujours refusé d’appeler la deuxième épouse de leur père « maman » et, soutenus par les servants, lui ont mené la vie dure. Après l’avoir vu prendre de plus en plus de place auprès de leur père et lui avoir donné le nom de « Tante Marie », ils l’appelaient « die Alte » (la vieille) ou « la Stief » (abréviation pour le terme « Stiefmutter » ou la marâtre). La nouvelle Madame Le Gallais a été décrite par Rozel comme ayant souffert d’une personnalité double. Son éducation aurait été spartiate, ce que la belle-mère, des plus prudes et jalouses, estimait applicable à ses beaux-enfants une génération plus tard. Elle est présentée par Rozel comme très généreuse à l’égard des pauvres et très bigote à la fois. Elle a souffert de crises nerveuses et a été internée dans sa jeunesse alors qu’elle avait souhaité épouser Norbert Le Gallais avant que celui-ci ne décide d’épouser Juliette Metz. D’où le report de sentiments de jalousie maladive d’après l’autobiographie de Rozel et le souhait d’écarter voire d’éliminer tout ce qui rappelait cet épisode, notamment l’existence des quatre enfants.

      Le père d’Hugues, que ses enfants appelaient « Daddy », avait beaucoup de caractère, mais guère de volonté. Sa fille Rozel le dépeint comme jovial, drôle, toujours blagueur, voire insolent. Son tempérament vital et amusant en société ne reflétait toutefois pas son manque de détermination par rapport aux frasques de sa deuxième épouse à qui il ne s’opposait guère ouvertement. Il avait des manières étranges pour éduquer ses enfants et n’était guère présent, si l’on en croit le récit de sa fille Rozel. Toujours d’après sa fille, il aurait eu beaucoup de succès auprès des dames et sa deuxième épouse aurait été des plus jalouses, probablement pour de bonnes raisons. Connu pour sa forte personnalité, plutôt autoritaire et imposant, Norbert Le Gallais avait étudié le droit et était avocat de profession. En 1890, l’année de l’arrivée au Luxembourg de la dynastie des Nassau-Weilburg, Norbert Le Gallais devint secrétaire général aux Forges d’Eich, puis, quelques années plus tard, directeur.

      Norbert Le Gallais était en fait un gentleman industriel qui avait des chevaux à Bonnevoie, rue de l’Hippodrome, notamment un cheval de course nommé « Camperdown ». L’installation fut même nommée à l’époque le « petit Auteuil du Luxembourg ». Il était président du Jockey Club à Paris où il lui arrivait de se rendre en train spécial. Des courses en présence du couple grand-ducal et du couple héritier ainsi que de 10.000 spectateurs, parmi lesquels les familles de la bourgeoisie alliée et apparentée (Blochhausen, Schaefer, etc.), y furent organisées en 1897. Hugues n’avait que quatre ans et demi, mais les différentes versions de cet événement impressionnant devaient lui être parvenues, entre autres le fait que le cheval de course de son père avait gagné le Prix de Bonnevoie, doté de 300 francs plus 50 % des entrées.

      Le père d’Hugues pratiquait aussi la chasse, notamment dans la région de Troisvierges, sur la Moselle et dans les alentours de la capitale, avec un élevage de faisans au « Baumbusch », et est allé à la pêche, probablement avec plus d’assiduité qu’il ne se consacra aux affaires de la famille. Il avait un chien qui l’accompagnait partout, Lexy.

      En 1904, après que la raison sociale de la Société, les Forges d’Eich, fut changée en « Le Gallais, Metz & Cie », Norbert Le Gallais prit la succession du cousin de sa mère et oncle de son épouse, Emile Metz, en tant que commandité-gérant. Dès cette année, Norbert Le Gallais avait investi dans des usines sidérurgiques électriques (« Elektrostahlwerke »), choix de procédé peu judicieux qui allait être remplacé en 1928. En fait, il n’avait plus grand-chose à dire lors de la fusion, en 1911, avec Dudelange et Burbach. Le père d’Hugues avait englouti une partie de la fortune de toute la famille. Les affaires des Metz étaient dans de bien mauvais draps, pour dire vrai, proches de la ruine. СКАЧАТЬ