Chronique de 1831 à 1862, Tome 3 (de 4). Dorothée Dino
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Название: Chronique de 1831 à 1862, Tome 3 (de 4)

Автор: Dorothée Dino

Издательство: Public Domain

Жанр: Зарубежная классика

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СКАЧАТЬ comtesse Pauline Néale et Mme de Perponcher. Je n'ai trouvé personne.

      Berlin, 16 mai 1841.– Devinerait-on qui vient de me donner le bras pour me conduire à la messe d'où j'arrive? Pierre d'Arenberg, qui est ici pour demander que ses propriétés sur la rive droite du Rhin soient érigées en fief pour un de ses fils.

      Berlin, 17 mai 1841.– Aujourd'hui est un jour qui me retombe lourdement et douloureusement sur le cœur: ce troisième anniversaire de la mort de notre cher M. de Talleyrand a encore une bien grande vivacité de souvenirs et je suis sûre qu'ils exerceront aussi leur puissance sur d'autres. Je regrette de ne pouvoir le passer dans le recueillement, ce qui est impossible ici.

      La journée d'hier a été d'un mouvement inaccoutumé pour moi et dont je suis toute fatiguée. La messe, puis des visites indispensables aux grandes dames du pays; un dîner chez les Wolff, le thé chez la Princesse Guillaume, tante du Roi; une prima sera chez les Radziwill; une fin de soirée chez le vieux prince de Wittgenstein. A travers tout cela, une longue visite de Humboldt, qui part dans peu de jours pour Paris; il n'y avait pas moyen de respirer. Ce qui est terrible ici, c'est que tout commence de si bonne heure et que les coupes des journées sont si singulières, qu'elles fractionnent le temps de la manière la plus désagréable.

      Berlin, 18 mai 1841.– J'ai dîné, hier, chez le Roi et la Reine, qui étaient venus passer quelques heures en ville. Ils sont très bons et aimables pour moi. J'y ai vu arriver le Prince Frédéric de Prusse, venant de Düsseldorf, aussi une de mes anciennes connaissances d'enfance: il a l'air étonnamment jeune encore. On attend ici sa femme, qui, de folle qu'elle était, n'est plus à ce qu'il paraît qu'imbécile.

      On disait, hier, chez le Roi, qu'une de ces malheureuses Infantes d'Espagne que leur mère avait mises au couvent si cruellement, s'en était échappée, avec un réfugié polonais, mais qu'elle avait été reprise à Bruxelles: c'est une jolie équipée pour une Princesse! Aussi comment enfermer du sang espagnol de vingt ans? Le Roi a dit encore qu'Espartero avait été proclamé seul Régent et Dictateur en Espagne.

      Berlin, 20 mai 1841; jour de l'Ascension.– Je suis partie, hier, par le premier convoi du chemin de fer de Berlin à Potsdam. Le Roi m'avait fait inviter à assister à une grande parade: c'était très beau, le temps propice, les troupes superbes, la musique excellente, mais la journée a été un peu fatigante.

      Avant-hier, j'avais dîné chez la Princesse de Prusse, et le soir j'avais été à un raout chez la comtesse Nostitz, sœur du comte Hatzfeldt. Ici, il n'y a qu'à marcher, à se montrer de bonne humeur, de bonne grâce et reconnaissante de tout bon accueil; ce qui n'empêche pas que quand je pourrai rentrer dans ma vie paresseuse, je serai ravie.

      Berlin, 21 mai 1841.– La vie d'ici se ressemble beaucoup; les dîners chez les Princes, etc… Hier, j'ai dîné chez la Princesse Charles; avant, j'avais passé une heure chez la Princesse de Prusse dont la conversation est sérieuse et élevée. Le soir, j'ai été, pendant quelque temps, près du fauteuil de la vieille comtesse de Reede, où était sa fille Perponcher, puis il a fallu faire acte d'apparition chez les Werther qui reçoivent le jeudi.

      Berlin, 22 mai 1841.– Hier soir, j'ai été chez les Wolff, qui avaient réuni quelques savants, artistes, gens de lettres. A Berlin, la société de la haute bourgeoisie est celle qui offre le plus de ressources de conversation.

      Le Roi actuel a les plus grands projets d'embellissement pour sa capitale, et donne une impulsion remarquable aux arts.

      Ma vie est toujours assez semblable: hier, un dîner chez la Princesse Guillaume, tante; une première soirée chez la Princesse de Prusse, et une fin de soirée chez Mme de Perponcher, où un artiste distingué, Hensel, nous a montré son album, plein de portraits curieux. Tout cela par une chaleur inusitée.

      La Princesse Frédéric, celle de Düsseldorf, qui a de temps en temps la tête un peu dérangée, dînait chez la Princesse Guillaume; elle a pu être assez belle, et n'a rien de trop étrange.

      Pauline m'écrit de Paris que, pour changer d'air et essayer ses forces, elle va aller à Genève, et, si elle y est en train, elle viendra par la Bavière me retrouver à Vienne.

      Je retourne ce matin à Potsdam où j'ai été engagée à passer la journée: je reviendrai demain. Ah! que mon petit manoir tourangeau me paraîtra doux à retrouver!

      Berlin, 24 mai 1841.– La soirée ayant fini à Potsdam à 10 heures, j'ai pu revenir hier au soir par le dernier convoi du chemin de fer, après une journée passée auprès de la Reine, qui gagne beaucoup à être vue de près, ce qui arrive toujours aux personnes simples et un peu intérieures. La promenade du soir a été agréable, et la conversation pendant le thé sous les portiques de Charlottenhof très intéressante, le Roi ayant beaucoup causé sur l'état des arts en Allemagne.

      Berlin, 25 mai 1841.– J'ai été hier aux manœuvres avec la Princesse de Prusse, son jeune fils et la Princesse Charles. L'état-major du Roi était très brillant, l'emplacement fort beau, le temps à souhait, le coup d'œil des troupes, celui des spectateurs venus en foule de la ville, les calèches des dames, enfin l'ensemble, vraiment digne du pinceau d'Horace Vernet; cela n'a pas été long: une heure, pas davantage. La Princesse de Prusse m'a ramenée déjeuner chez elle, et m'a gardée à causer presque jusqu'au dîner. Mme de Perponcher est venue me prendre, pour aller dîner près du fauteuil de sa mère, que la goutte rend toujours un peu infirme. J'ai été ensuite, avec les Radziwill, au jubilé de l'Académie de chant. Elle est composée de quatre cent cinquante membres, tous amateurs de toutes classes. D'après l'institution, il ne leur est pas permis d'avoir d'autre orchestre qu'un simple piano et on n'y exécute que de la musique sacrée. Cela ressemble à l'Ancient music de Londres, mais ici on exécute infiniment mieux, et avec un ensemble, une justesse et une majesté remarquables. Il n'y a que des Allemands pour chanter ainsi les fugues les plus compliquées, sans soutien d'orchestre, et avec une si énorme masse de voix!

      A une soirée chez la comtesse Néale où j'ai été ensuite, lord William Russell racontait que son Ministère avait eu une énorme minorité dans le Parlement mais, en même temps, il ne semble pas croire à sa retraite. Il m'a dit que ce pauvre Mitford que j'ai rencontré dernièrement si à l'improviste, descendant de la diligence à Fulda pour rejoindre sa femme à Wiesbaden, l'a trouvée partie, avec qui? avec Francis Molyneux. Elle n'est plus très jeune, elle n'est pas très belle, elle a des enfants!..

      Mon fils Valençay me mande que les courses, à Chantilly, ont été très brillantes et élégantes; il a demeuré au Château, et m'en raconte des merveilles. Il dit que l'Infante, reprise et ramenée, demeure chez Mme Duchâtel, femme du Ministre de l'Intérieur, ayant refusé positivement de rentrer sous la gouverne de sa mère, dont elle craint les coups. Elle persiste à dire qu'elle a épousé le Polonais, mais elle s'obstine à cacher le nom du prêtre qui les aurait mariés.

       Berlin, 26 mai 1841.– Le vieux Roi des Pays-Bas, qui est ici sous le nom de Comte de Nassau, est en fort mauvais état de santé; on le croit atteint de la gangrène sénile. Sa femme26, qui est très bien traitée par la famille royale de Prusse, soigne beaucoup le Roi, qui ne peut se passer d'elle un moment; elle ne bouge pas d'auprès de lui. On dit qu'au fond elle est très ennuyée et porte péniblement cet illustre mariage, qu'on ne veut pas reconnaître en Hollande, ce qui met le vieux Roi en fureur. On fonde le refus de reconnaître en Hollande ce mariage sur ce que les bans n'ont pas été publiés; et on n'a pas osé les publier, parce qu'on a craint les démonstrations les plus violentes du public.

      J'ai été hier matin, avec les Wolff et M. d'Olfers, le Directeur des Beaux-Arts, voir l'atelier de Wichmann, où j'ai fait une commande, d'après un charmant modèle que j'y ai vu; c'est une nymphe qui puise de l'eau: СКАЧАТЬ



<p>26</p>

La comtesse d'Oultremont.