Les Mystères du Louvre. Féré Octave
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Название: Les Mystères du Louvre

Автор: Féré Octave

Издательство: Public Domain

Жанр: Историческая литература

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СКАЧАТЬ point; – ses ongles se cassèrent, sa lame s'ébrécha, et le pilier rendit un son mat et brut, qui ne révélait aucun vide dans la maçonnerie.

      Le nain secoua ironiquement sa grosse tête rousse, et s'en alla se blottir en face de la poterne, dans l'angle d'un épais contrefort du palais, l'œil attaché sans relâche sur ce pilier qui ne voulait pas lui livrer son secret.

      Plus favorisés, il nous sera permis d'en traverser les blocs.

      L'apparition au noir vêtement descendit d'abord un escalier en spirale, dont la cage étroite la meurtrit plus d'une fois. Cet escalier comptait trente marches, au bas desquelles s'offrait une galerie, dont la voûte humide et visqueuse laissait filtrer des gouttes d'eau glacée qui formaient de place en place de petites mares sur le sol spongieux.

      Un sentiment de froid pénible vous saisissait dans ce conduit, au-dessus duquel régnait le fossé de la tour.

      Le personnage que nous y suivons n'échappa point à cette impression: un frisson le parcourut de la tête aux pieds; ce fut le premier, l'unique mouvement qu'il eût encore manifesté.

      Il n'en ralentit pas cependant sa marche, devenue plus hâtive que dans la traversée de la cour, et il atteignit le bout de la galerie, qui se terminait brusquement par un pan de maçonnerie.

      Mais il n'eut qu'à étendre le bras, à toucher une saillie des pierres du bout des doigts, l'obstacle disparut, la muraille s'effaça, comme s'était effacé le pan du pilier de Charles V, et le promeneur inconnu pénétra dans une petite pièce carrée évidemment creusée de main d'homme dans l'épaisseur des fondations de la Grosse-Tour.

      Avant que sa voix eût appelé, un gardien se présenta, tenant à la main une lumière qui éclaira à peu près ce réduit. Jusqu'alors, l'apparition, marchant à l'instar des fantômes, s'était orientée à travers les ténèbres les plus épaisses.

      – C'est bien, maître, dit-elle; conduis-moi.

      Ce guide était un vieillard aux cheveux gris, mais grand et encore vigoureux. Il portait à sa ceinture de cuir deux objets particulièrement remarquables: un anneau de fer contenant un énorme trousseau de clefs grossières et rouillées, et un poignard dans une gaîne solide.

      Sans se faire répéter l'ordre, il ouvrit une porte bardée de traverses assujetties par de gros clous, et éclaira de sa lampe trois marches à monter pour accéder dans une galerie autrement longue que la première.

      A droite et à gauche de celle-ci régnaient de nombreuses portes massives, toutes munies d'énormes verrous extérieurs.

      Ces portes donnaient sur autant de cellules; ces cellules étaient des fosses.

      Lorsqu'on était déposé dans un de ces cabanons, on ne savait plus quand on en sortirait, ni si l'on en sortirait. Le premier venu n'y était pas admis… on les réservait aux prisonniers de distinction.

      Les grands vassaux, traîtres à leur foi ou redoutables pour leur influence, en avaient longtemps connu les tortures… aujourd'hui, d'autres coupables y croupissaient. Le premier ministre y tenait à sa merci les novateurs les plus fougueux, les écrivains réformistes qui n'avaient pu échapper à temps.

      Le guide ouvrit successivement chaque cellule, et successivement l'apparition s'approcha des captifs, leur adressa une parole consolatrice, leur donna une lueur d'espérance, s'assura que leur condition misérable n'était pas encore aussi affreuse qu'elle eût pu le devenir, sans les subsides généreux qu'elle laissait aux mains du geôlier.

      Au bout de cette galerie funèbre, le verrou de la dernière porte tiré, l'apparition se tourna vers le vieillard:

      – Laisse-moi, lui dit-elle, je te rejoindrai.

      Il s'inclina et obéit.

      Sa compagne poussa la porte et entra.

      Ce cachot était un peu moins horrible que les autres. Une lampe, suspendue par un anneau de fer à la voûte, en éclairait l'intérieur; la couche ne manquait pas de couvertures; une table et quelques ustensiles en garnissaient le fond.

      La porte refermée, l'apparition écarta son long voile d'étoffe épaisse; mais le prisonnier n'avait pas attendu pour s'élancer vers elle, avec l'acclamation du mourant qu'on rappelle à la vie.

      – Marguerite!..

      Et, réunissant ses deux mains dans les siennes, il les couvrait d'ardents baisers.

      Oui, c'était elle, la Marguerite des marguerites, la perle des perles, comme disaient les poètes. Son beau et mélancolique visage, pâle à l'égal d'un marbre de Paros, se détachait sur ses vêtements de deuil, et semblait, aux rayons de la lampe, refléter une auréole.

      – Oh! c'est bien moi, mon Jacobus, dit-elle d'un ton d'ineffable tendresse; et quand vous aurez fini d'embrasser mes mains, vous m'apporterez votre front, que je vous rende vos baisers.

      – Marguerite! Chère et bien-aimée Marguerite!.. répéta le prisonnier, qui semblait avoir mis toute son âme dans ce nom.

      – Tu m'accusais peut-être, ingrat!.. Le temps t'a semblé long, mon ami cher… moins long, qu'à moi, va!.. Oh! cette cour, cette étiquette, ces jaloux, ces espions!.. Depuis trois jours, je n'avais pu m'y soustraire. Il semblait qu'un réseau d'Argus haineux m'enveloppât… Et je ne voulais pas qu'on pût surprendre notre secret… Non pas pour moi, qui défie la haine et la rancune de ces serpents; mais pour toi, mon âme, qu'un de leurs dards empoisonnés atteindrait aisément!..

      – Oh qu'importe!.. ne pensons plus au passé, au temps perdu, aux persécutions, aux persécuteurs… Le présent seul existe; et le présent, c'est le bonheur, puisque je te vois, puisque je t'entends, puisque tes lèvres ont touché mon front…

      Elle s'était assise sur une escabelle près de la table, et il se tenait agenouillé devant elle.

      – Es-tu belle ainsi! reprit-il avec passion, sous ce costume triste et sombre, tes yeux brillent comme les diamants noirs de l'Orient, et ton visage dépasse en ravissement celui des anges.

      Elle lui mit sa main sur le front, pour le placer sous la pleine clarté de la lampe, et s'étant mirée longtemps dans la silencieuse contemplation de ses traits:

      – Je ne sais si je suis aussi belle que tu dis, mais, au monde je n'ai vu chevalier plus gracieux que toi, mon Jacobus; la poésie et l'intelligence brillent sur ton front, la bonté et le courage sur tes lèvres et dans tes regards, la grâce et la noblesse dans ton maintien… Mon beau gentilhomme, je suis fière de toi, et je te sauverai, car je t'aime!..

      – Assez! assez! ce mot-là me suffit!.. Me sauver, à quoi bon; j'ai suffisamment vécu! Ah! l'on devrait mourir à l'heure d'une pareille joie; car le reste de la plus longue vie ne peut en fournir une si grande.

      Va! je ne suis pas ingrat!.. mon adoration pour toi n'a d'égale que celle que j'adresse à Dieu; elle est si puissante… devrais-je le confesser? qu'elle me fait parfois oublier jusqu'à mon père!..

      – Ton père, répéta Marguerite avec des larmes dans la voix; ce noble vieillard que je respecte et que j'aime sans l'avoir vu, à cause des vertus de son fils et de la tendresse qu'il a su lui inspirer…

      – Oh! merci, chère dame! Non, tu n'es pas une femme commune, tu comprends tous les sentiments généreux; merci, mon amour s'augmenterait encore, s'il était possible, de ton estime pour mon père…

      Pauvre СКАЧАТЬ