Les Mystères du Louvre. Féré Octave
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Название: Les Mystères du Louvre

Автор: Féré Octave

Издательство: Public Domain

Жанр: Историческая литература

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СКАЧАТЬ style="font-size:15px;">      Et le fou royal agita les grelots de sa marotte.

      – Depuis quelque temps surtout, reprit Duprat, cette roideur de la princesse à mon égard a redoublé. Est-ce naturel, cela? Toi qui passes ta vie à l'observer, n'en sais-tu pas la cause?

      – A moins qu'elle n'aime ailleurs!..

      A cette idée, le chancelier pâlit, et, chose bizarre, le bouffon, identifié sans doute à ses tourments, ne pâlit pas moins que lui.

      – Par la mordieu, si cela était!.. rugit le premier; mais non, c'est propos de fou! – Madame Marguerite n'a aimé que son mari, nul n'oserait se vanter encore d'avoir consolé son veuvage!

      – C'est ce qu'il faudra voir! gronda Triboulet d'un accent si confus que son compagnon ne distingua pas ses paroles.

      – Maintenant, conclut Duprat, tu sais où je tends. Ta tâche est de tout observer, pour tout m'apprendre. Nous agirons ensuite suivant ce que tu auras découvert… Va, et quand tu auras à me parler, sans t'adresser aux pages non plus qu'aux huissiers, prends cette petite clef, elle ouvre un passage qui te fournira à toute heure accès dans ces appartements.

      En même temps, il remettait au bouffon la clef indiquée, et lui montrait de quelle façon elle faisait jouer un panneau de chêne servant de porte à un escalier dérobé.

      Tandis que Triboulet s'éloignait d'une allure plus grave qu'il n'avait coutume, Duprat tenait les yeux fixés sur lui avec une bizarre expression de mépris et de rage.

      – Cet homme me servira, murmurait-il à part lui; car si Marguerite m'a blessé dans ma passion, elle le blesse à chaque heure, lui, dans sa vanité… Elle a raison, sans doute, de dédaigner ce misérable rieur de contrebande, cet histrion à gages qui déshonore son frère!.. et moi j'en fais mon allié!.. Oui, avorton repoussant, tu me serviras jusqu'à ce que je te brise comme on brise un instrument inutile ou dangereux!..

      Et se redressant de toute sa hauteur:

      – Le roi est absent, je suis premier ministre, et je peux ce que je veux!

      Durant cet entretien, Louise de Savoie, enfermée chez elle avec sa fille, s'efforçait de lui ravir le secret de sa mélancolie. La régente, si graves que soient les reproches que l'histoire lui adresse avec raison, n'était pas une nature vulgaire, et la femme politique, impitoyable pour ses adversaires, n'absorba néanmoins jamais chez elle la mère.

      Elle entourait ses enfants, mais particulièrement Marguerite de Valois, d'une tendresse infatigable autant qu'éclairée. La communauté de leurs idées religieuses les avait aussi notablement rapprochées depuis les derniers temps.

      – Vous avez beau feindre, chère fille, lui disait-elle; un si grand souci n'est pas chose ordinaire. Il y a sous ce beau front pâle une pensée décevante; ce n'est pas seulement l'ennui, c'est le chagrin qui enlève à vos grands yeux leur éclat! et vous me rendez pareille à vous; vous ajoutez aux soins qui m'accablent déjà, la douleur de voir que je n'ai plus votre confiance.

      Mais ces bonnes paroles, ces tendres abjurations, ne produisaient aucun effet.

      Marguerite restait muette, se contentant de répondre par quelques signes de tête pleins de dénégations et gros de douleurs; ou bien si l'insistance de sa mère lui arrachait une parole, c'était un mot si vague qu'il n'offrait pas de sens.

      Rien n'annonçait le terme de cette situation contrainte; ce fut un incident inattendu qui y coupa court.

      Un page vint demander à la régente si elle pouvait recevoir le chancelier, pour une communication importante.

      Antoine Duprat fut admis aussitôt, et voyant la princesse Marguerite qui se disposait à se retirer, il insista pour qu'elle restât, n'ayant rien à dire qu'elle ne pût entendre. Il s'agissait de nouvelles d'Espagne, de demandes d'argent de la part du roi captif, et peut-être supposerions-nous avec raison que ce n'était là qu'un prétexte pour rencontrer de nouveau la princesse Marguerite.

      En effet, il passa promptement à un autre sujet.

      – Puisque ma bonne étoile me permet de vous rencontrer céans, auguste dame, dit-il, permettez-moi de vous adresser, en présence de madame la régente, un reproche sur l'accueil que vous me fîtes ce matin.

      – Quel reproche ai-je encouru, messire? Je ne me sens aucunement coupable.

      – Ces paroles sévères que vous m'adressâtes lorsque je vous saluai…

      – Ces paroles, je ne saurais les retirer, sur ma conscience, messire!.. Rentrez en vous-même et convenez-en. Vous connaissez mes sentiments religieux, je n'en fais pas un secret; eh bien! je suis en droit de vous demander: Qu'avez-vous fait de mes frères?.. Mes amis, mes pauvres poètes, mes charmants écrivains, ces belles intelligences qui égayaient la cour, qui ravissaient la ville, qui répandaient l'esprit et le savoir, dites, où sont-ils?.. vous avez suscité contre eux des docteurs ascétiques, des édits draconiens; et les tempêtes ont dispersé, entraîné ces oisillons meurtris!..

      – Que vous plaidez bien une mauvaise cause, illustre dame!.. Sur ma foi, à vous entendre, on se sentirait pris d'indulgence pour les coupables les plus endurcis.

      – Eh quoi! ma fille, intervint la régente, est-ce donc là véritablement le sujet de la maladie noire que je déplore en vous?

      – Je ne saurais dire, ma mère; mais du moins je suis bien assurée que j'éprouverais un grand contentement si les choses étaient autres.

      – De grâce, insinua le chancelier, saisissant ce moyen de se mettre mieux dans l'estime de la princesse, de grâce, madame, ne rejetez pas sur moi seul la responsabilité de ces mesures, de l'exil de vos poètes de prédilection… Je ne suis que l'instrument des ordres du roi et de madame la duchesse.

      – Est-ce vrai, ma mère? demanda Marguerite en fixant gravement son regard sur celui de Louise de Savoie, vous participez à ces rigueurs?..

      – Permettez, madame, interrompit Duprat pour éviter à la régente l'embarras d'une réponse, il ne faut pas prendre mes paroles à la lettre. Son Altesse a laissé faire, parce que la volonté du roi étant précise, elle ne pouvait empêcher.

      Cette explication confuse édifia peu Marguerite de Valois, dont l'esprit droit aimait les raisonnements précis.

      Néanmoins, voyant le chancelier en si bonnes dispositions, elle ne voulut pas insister sur ce point, et reprit:

      – Vous êtes un logicien trop habile pour moi, messire. Mais puisque vous paraissez plus miséricordieux que je ne pensais, il y aurait un excellent moyen de le prouver.

      – Dites, madame, je ne tiens qu'à vous démontrer ma sincérité et mon bon vouloir.

      – Oh! ce sont là d'excellents discours; pourquoi les actes ne s'y conforment-ils point?

      – Si Votre Grâce daignait s'expliquer plus clairement.

      – Très volontiers… Je veux dire, messire, que les écrivains exilés ne sont pas les seules victimes dont le sort m'afflige. Ce ne sont pas d'ailleurs les plus à plaindre. – Les prisons du Châtelet, de la Bastille, celles de ce palais sous nos pieds, les fosses de la Grosse-Tour, regorgent d'autres créatures dont la condition m'inquiète et me tourmente.

      – En vérité, madame, vous prenez СКАЧАТЬ