Les Mystères du Louvre. Féré Octave
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Название: Les Mystères du Louvre

Автор: Féré Octave

Издательство: Public Domain

Жанр: Историческая литература

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СКАЧАТЬ me flatte, messire; il me reste à la justifier.

      – Achève donc, alors; ce prisonnier…

      – Ah! malheureusement, mes indications, mes pressentiments, ne vont pas plus loin… ce prisonnier, je ne le connais pas.

      – Mais je veux le connaître, moi!..

      – Ne vous emportez pas, monseigneur. Tout vient à point à qui sait attendre… et chercher. Donnez-moi, signé de votre main, un permis de visiter, à toute heure et de telle façon qu'il me conviendra, les cellules de la Grosse-Tour, des créneaux jusqu'aux fosses. Que je sois à jamais privé de ma marotte et de votre confiance, si je ne vous apporte pas le nom de votre heureux rival avant deux fois vingt-quatre heures.

      – J'y compte, dit le ministre en lui montrant parmi les papiers épars sur la table, un blanc-seing, dont le bouffon se saisit avec la souplesse du tigre qui s'élance sur sa proie.

      VI

      L'HOROSCOPE

      On nous permettra, avant d'aller plus loin, de présenter au lecteur, avec quelques détails, Louise de Savoie, duchesse d'Angoulême. Cette princesse exerça la régence durant la plus grande partie du règne de François Ier, que son esprit d'entreprise, ses aventures et ses luttes guerrières détournaient des affaires de l'État.

      Nous avons, dans un précédent chapitre, montré cette princesse entourée de sa cour. Elle avait alors près de cinquante ans; mais, grâce à l'art des cosmétiques, grâce à son maintien superbe, à la noblesse de sa taille, c'était encore une femme belle et qui ne manquait pas de charmes.

      L'habitude du pouvoir, une énergie innée, des instincts indomptés, avaient en outre marqué leur sceau sur son front, qui respirait le besoin d'autorité et la volonté rigide.

      Ses passions avaient plongé la France dans l'abîme où elle se débattait depuis plusieurs années.

      Son avidité d'argent causa particulièrement d'immenses malheurs; mais le fol amour dont elle s'éprit, à l'âge de plus de quarante-quatre ans, pour le duc de Bourbon, connétable de France, eut aussi d'irréparables conséquences, et fut en réalité l'origine de la défaite de Pavie et de la prise du roi.

      Le connétable, beaucoup plus jeune qu'elle, était fier, et prétendait ne devoir sa fortune qu'au roi. Il repoussa ses avances, et se voyant disgracié à la suite du refus qu'il avait fait de lui servir d'amant ou même d'époux, il entra au service de l'empereur.

      C'était, a dit un historien, un de ces hommes nés pour décider du sort d'un État par le parti qu'ils embrassent. Le sort de la France fut en effet tranché par sa désertion.

      Nous ne rappellerons pas ces désastres.

      Il nous suffit de donner un regard à la situation de la cour et du pays à l'époque qui nous occupe.

      La France était toujours sous le coup de la consternation où l'avait jetée l'échec de Pavie. François Ier était jeune, généralement aimé, admiré de l'Europe. On avait la certitude que bien d'autre sang allait succéder au sang déjà répandu, et la France, entamée, se sentait menacée d'une condition pire encore par les efforts extraordinaires qu'il fallait tenter après tant d'autres efforts perdus. On songeait aux sommes immenses qu'il était indispensable de trouver, et l'on se demandait où les prendre.

      Plus on racontait des merveilles de la vaillance déployée par le roi à Pavie plus on était touché de sa situation; et tout le monde à la cour imputait ces maux à la duchesse d'Angoulême et au chancelier Duprat.

      L'écho de ces plaintes, de ces accusations, n'était pas sans arriver jusqu'à ces grands coupables.

      Le chancelier s'en vengeait en poursuivant comme novateurs ceux qu'il supposait ses ennemis; mais la régente paraissait fort assombrie par la grande responsabilité qui pesait sur elle et par l'affection, nous devons insister sur ce point, qu'au milieu de ses égarements, de ses vices, elle portait à son fils et à la princesse Marguerite.

      Depuis les événements qui avaient atteint ce fils bien-aimé, elle se montrait particulièrement en proie à des accès d'anxiété de mélancolie, qu'elle n'était plus maîtresse de dissimuler.

      Poursuivie par une idée fixe, dont elle ne se confiait à personne, elle se livrait à des pratiques religieuses exagérées, qui l'entraînaient flottante du catholicisme au luthéranisme, – son esprit inquiet demandant par alternatives à l'une et à l'autre de ces croyances, laquelle était la plus efficace pour calmer les esprits malades… les remords, peut-être!..

      La captivité du roi suffisait-elle pour justifier un si grand trouble moral? On en doutait; mais quelle autre faute la duchesse d'Angoulême avait-elle donc à expier?

      Entachée des idées nouvelles, elle ne croyait ni à l'efficacité des fondations monastiques ni à celle des indulgences. Son intelligence supérieure ne se pouvait persuader que, parce qu'il avait plu au sort de la placer dans une condition où elle était en mesure d'acheter ses faveurs, elle pouvait ainsi satisfaire à la justice divine.

      Elle en vint à des expédients qui trahissaient le trouble de sa conscience. Ce fut alors qu'elle adressa à diverses reprises au parlement (voyez Dulaure) des remontrances sur le luxe des habits. Elle prétendait qu'il était l'heure de s'humilier devant Dieu, de réformer cet éclat, d'abandonner les étoffes de soie pour en prendre de laine de couleur jaune, noire ou gris foncé, et de ne plus célébrer de noces somptueuses.

      L'avocat général, Charles Gaillard, répondit fort sagement à ces remontrances, que la cour du roi devait donner l'exemple de cette réforme; que ses pompeuses superfluités, trop exactement imitées par les sujets, causaient la ruine d'un grande nombre.

      On eût cru que la princesse toute-puissante allait s'offenser de cette franche déclaration, lorsque, à la surprise générale, on la vit s'y ranger en adoptant, pour un temps du moins, c'est-à-dire jusqu'à ce qu'une autre fantaisie eût succédé à celle-là, des vêtements médiocres, tels qu'elle eût voulu en voir à tout le monde.

      On pense bien aussi que, grâce aux idées superstitieuses du temps, alors même qu'elle s'adressait au ciel, toute femme supérieure qu'elle fût, elle ne dédaignait pas des pratiques qui sentait fort le soufre et la corne d'enfer.

      Pénétrant donc, – le jour qui suivit la visite de Triboulet à Antoine Duprat, – dans l'appartement de la duchesse régente, nous la trouvons en compagnie de sa fille Marguerite et d'un troisième personnage, auquel elle paraissait porter une extrême attention.

      La duchesse d'Alençon, assise à l'écart, rêveuse, les yeux fixés sur le ciel, dont on entrevoyait un lambeau par la croisée entr'ouverte, errait évidemment loin de ce qui occupait si fort la régente.

      La mère et la fille avaient chacune leurs soucis.

      La première se tenait près d'un guéridon d'ébène, ayant en face d'elle le personnage que nous avons indiqué et dont elle étudiait avec une anxiété singulière les gestes et la physionomie.

      C'était un homme de cinquante ans, vêtu d'une longue robe noire d'une extrême simplicité. Ses traits creux, son front chauve et ridé, ravagé par l'étude plus que par l'âge, inspiraient une défense instinctive. On sentait de prime abord, rien qu'à la façon dont son œil observateur se portait sur le vôtre, que cet homme exerçait sur le commun une supériorité réelle.

      Corneille Agrippa était en effet un habile et profond СКАЧАТЬ