Les Mystères du Louvre. Féré Octave
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Название: Les Mystères du Louvre

Автор: Féré Octave

Издательство: Public Domain

Жанр: Историческая литература

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СКАЧАТЬ que tout le monde connaît, elle répondait un jour à Clément Marot, qui l'informait en un dizain des ennuis que lui causaient certains créanciers… car les poètes paraissent en avoir toujours eu:

      Si ceux à qui devez, comme vous dites,

      Vous cognoissois comme je vous cognois,

      Quitte seriez des debtes que vous fîtes

      Au temps passé, tant grandes que petites,

      En leur payant un dizain toutefois,

      Tel que le vôtre, qui vaut mieux mille fois

      Que l'argent deu par vous en conscience;

      Car estimer on peult l'argent au pois,

      Mais on ce peult (et j'en donne ma voix)

      Assez priser votre belle science.

      Une bourse pleine d'or accompagnait les vers, et le poète reconnaissant s'écriait: «Cette Marguerite surpasse en valeur les perles d'Orient.» Clément Marot était latiniste, et se souvenait que Margarita et pierre précieuse, c'est tout un.

      Elle mérita d'être célébrée sur tous les tons, et les chroniqueurs, nous léguant son portrait, nous apprennent qu'elle joignait un esprit mâle à une bonté compatissante, et des lumières très étendues à tous les agréments de son sexe. Douce sans faiblesse, magnifique sans vanité, elle possédait une remarquable aptitude pour les affaires, sans négliger les amusements du monde. Sa passion pour les arts et les études couronnait tant d'éminentes qualités.

      Cependant elle nous apparaît en ce moment, dans cette réunion officielle, pensive et soucieuse, en proie à un mal mystérieux, dont sa mère et les courtisans cherchent en vain à pénétrer les causes.

      Ils en trouvent beaucoup, sans doute… Les événements, l'absence cruelle du roi, les douleurs d'un récent veuvage, la disparition des lettrés et des artistes qui égayaient et occupaient sa vie; mais, de tous ces motifs, quel est le vrai, et tous réunis, justifient-ils un marasme si grand?..

      Le chevalier de Brissac allait ranimer pour elle la conversation; mais la voix sonore du chef des huissiers arrêta la parole sur ses lèvres, en jetant à l'assemblée cette annonce imposante:

      – Messire Antoine Duprat, grand chancelier!..

      Antoine Duprat, premier ministre de François Ier, était l'homme le plus considérable de la cour. Nous avons dit un mot déjà de son caractère et de ses tendances.

      Il traversa la salle, le front arrogant, sans laisser tomber un signe d'attention sur les courtisans courbés à son passage, et s'avança jusqu'à la régente, à laquelle il adressa un salut cérémonieux, en baisant la main qu'elle lui tendait.

      Il balbutia un mot d'excuse ou d'explication sur l'ennui des affaires, qui ne lui avait pas permis de venir plus tôt, et se tourna vers la princesse Marguerite.

      Duprat avait passé l'âge de la jeunesse; c'était cependant un homme encore plein de vigueur, et qui ne révélait rien des approches de la vieillesse, ni sur ses traits, ni dans sa démarche. Ses cheveux noirs épais, sa barbe soignée où se mêlaient à peine quelques filets d'argent, encadraient un visage qui ne manquait pas de régularité, mais auquel faisait défaut une qualité supérieure à toute la beauté possible, la sympathie. Ses traits étaient durs, son œil distillait la duplicité.

      Le regard que la régente et lui avaient échangé, dans leur salutation, était froid et cérémonieux; quiconque même eût bien observé les détails de cette réciprocité de politesse, eût vu les doigts de Louise de Savoie se recourber nerveusement sous les lèvres du ministre. Il y avait dans ce geste involontaire quelque chose de la sensitive crispée par un contact répulsif.

      Mais il est vrai de dire qu'en apercevant Marguerite près du trône, la physionomie ascétique et rogue du chancelier subit une transformation. Le soleil perçant à travers un nuage n'opère pas un rayonnement plus soudain ni plus lumineux.

      – C'est grande joie, dit-il en souriant, de rencontrer Votre Seigneurie en cette réunion, à laquelle elle fait si souvent défaut.

      – Que voulez-vous, messire, répondit, avec une froideur calculée, la princesse, la douleur aime la solitude.

      – Permettez-moi, Altesse, de déposer…

      Et il s'avançait pour baiser sa main comme celle de sa mère.

      Si quelqu'un eût pu voir en cette minute le masque grimaçant du bouffon, toujours caché sous sa draperie, on eût été saisi de l'expression d'appréhension et de rage qui en contractaient tous les muscles.

      Ses lèvres blêmies s'ouvraient dans un rictus horrible; ses yeux injectés de sang, allaient jaillir de leur orbite; ses sourcils roux se dressaient hérissés; on eût juré un bouledogue furieux qui va s'élancer sur sa proie.

      – Que faites-vous, monseigneur! dit la princesse en retirant sa main, dont le chancelier touchait déjà l'extrémité. Sur Dieu! mais vous n'y songez pas!.. Allez, l'étiquette ne vous oblige point à un tel sacrifice.

      – Que voulez-vous dire, auguste dame? demanda le ministre, ému de cet accueil et ne souriant plus qu'avec mauvaise grâce.

      – Eh quoi! faut-il vous l'expliquer? Oubliez-vous que cette main, sur laquelle vous prétendez placer votre hommage a touché la même plume que tant d'autres réputés par vous hérétiques et dignes du bûcher?..

      L'attaque était rude, car elle était juste.

      Le grand mouvement de la révolution religieuse commençait en Europe. Il y avait sept ans déjà que Luther avait subi sa première condamnation canonique, cinq ans que cette sentence avait été renouvelée, et quatre ans qu'il avait été anathématisé et décrété d'hérésie.

      Ainsi qu'il arrive inévitablement, les persécutions grandissaient son importance et multipliaient ses adhérents.

      Il ne nous appartient pas, et nous nous en félicitons, de faire l'historique des douloureux combats; mais il ne nous était pas permis de les passer entièrement sous silence, à cause du rôle essentiel qu'y prirent les principaux héros de cet ouvrage.

      Le cri de révolte de Luther eut donc certains abus pour point de départ, et ce cri trouva un puissant écho dans la Saxe tout entière, où le peuple, un grand nombre d'ecclésiastiques, de moines, d'abbés et d'évêques, s'associèrent aux prédications du réformateur; la Suisse les imita, sous l'impulsion de Zwingle, et l'Allemagne s'agita dans le même sens.

      Enfin les idées nouvelles pénétrèrent en France, à Paris, au sein de la cour.

      Duprat voulut servir de digue au torrent. Il se jeta résolument à la traverse, fit appel à la Sorbonne, augmenta ses attributions, l'investit du droit d'examen, la constitua en tribunal et obtint de ses docteurs en théologie un décret, daté du 15 avril 1521, par lequel Luther, sa doctrine et ses partisans furent solennellement condamnés, comme ils l'avaient été à Rome.

      Cet arrêt ralentit un instant la marche de la révolte et de la discussion, mais elle ne tardèrent pas à reprendre d'une façon plus dangereuse pour l'autorité papale, car le corps des évêques commença à s'y ranger. La ville de Meaux vit se former le premier noyau des réformateurs, et cela sous l'égide de son propre évêque, Guillaume Brinçonnet.

      Bravant les foudres du saint-siège, les décrets de la Sorbonne et les menaces du chancelier de France, ce prélat se trouva d'accord avec Jean de Montluc, évêque de Valence; Jean de Bellay, évêque de Paris; СКАЧАТЬ