Les Mystères du Louvre. Féré Octave
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Название: Les Mystères du Louvre

Автор: Féré Octave

Издательство: Public Domain

Жанр: Историческая литература

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СКАЧАТЬ cardinal de Châtillon, et nombre d'autres prélats, docteurs, abbés, et presque tous les professeurs du collège de France.

      On voit quelle force acquérait cette révolte spirituelle.

      La mère du roi François Ier, Louise de Savoie, goûtait à son tour la nouvelle doctrine et la faisait partager à son fils, ainsi qu'elle le rapporte elle-même dans le journal de sa vie: «L'an 1522, en décembre, mon fils et moi, par la grâce du Saint-Esprit, commençasmes à cognoistre les hypocrites blancs, noirs, gris, enfumés et de toutes couleurs, desquels Dieu, par sa clémence et bonté infinie, veuille nous préserver et desfendre; car, si Jésus-Christ n'est menteur, il n'est poinct de plus dangereuse génération en toute nature humaine.» (Collection de Mémoires particuliers sur l'histoire de France, tome XVI, page 434.)

      Un exemple venu de si haut offrait plus de dangers que tous les autres, et Duprat, que la cour de Rome ne cessait de combler d'éclatantes faveurs, déploya un zèle en rapport avec celui-ci. Il défendit à Paris, comme on le défendait à Rome, sous des peines terribles, d'imprimer aucune traduction des livres saints en langue vulgaire, ni aucun autre ouvrage sur les matières religieuses.

      Ensuite, il usa de l'influence qu'il exerçait sur l'esprit flottant du roi, sur la volonté de la régente, pour faire disgracier les prélats qui persistaient dans leurs velléités de réforme, et pour organiser des mesures contre les novateurs.

      Or, parmi ceux-ci étaient les poètes, les écrivains; et voilà comme, sans en excepter le favori des princes, Clément Marot lui-même, ils furent obligés de s'exiler pour se soustraire à la colère du chancelier, aux poursuites de la Sorbonne.

      Hélas! tous n'y réussirent pas, et les prisons s'emplirent bientôt de victimes.

      A la cour, la régente et le roi n'avaient pas seuls témoigné de leur penchant à l'égard des novateurs. Marguerite de Valois s'était prononcée hautement pour eux, et tandis que sa mère et son frère étouffaient leurs tendances sous l'influence du chancelier, Marguerite, persévérant dans sa révolte, bravait ses délits et déposait ses opinions dans le livre imprimé depuis, malgré le ministre, la Sorbonne et l'inquisition, le Miroir de l'âme pécheresse.

      La Sorbonne, disons-nous, censura l'ouvrage, mais elle n'osa décréter son auguste auteur d'accusation.

      Ces quelques notes expliquent suffisamment au lecteur dans quelles dispositions se trouvait la veuve du connétable d'Alençon vis-à-vis du grand chancelier Antoine Duprat. Elles donnent la clef des paroles qu'elle venait de lui adresser.

      Il s'inclina sans perdre contenance, et son œil fauve lança sur la princesse un éclair bizarre et sinistre, mélangé de haine et d'admiration.

      – Nous ne sommes pas en Sorbonne, prononça-t-il en se redressant d'un air enjoué, et je requiers une grâce que Votre Seigneurie peut refuser à un docteur, mais qu'elle est forcée d'octroyer à un gentilhomme.

      – Soit donc, répliqua Marguerite avec une teinte d'ironie, mais j'ai bien peur que Votre Excellence ne commette un gros péché en baisant la griffe de Satan.

      Et elle lui tendit la main tant désirée, sur laquelle ses lèvres s'appuyèrent avec une singulière ardeur.

      A cette minute, on entendit comme un grognement sourd, suivi d'un son de grelots; la tenture qui abritait le bouffon s'agita légèrement. Il venait de laisser choir sa marotte et s'était affaissé lourdement sur lui-même.

      Personne probablement ne fit attention à ces détails, ou plutôt la prunelle exercée et méfiante du chancelier surprit seule l'ondulation de la tapisserie; mais ce vague incident ne modifia en rien son attitude ni sa physionomie.

      Le reste des assistants était absorbé par les honneurs à rendre à la régente, qui, fatiguée de cette longue audience, se levait pour se retirer dans sa chambre particulière.

      Le chancelier éloigna à son tour, par son air de sévérité et de préoccupation, les courtisans qui tentaient de s'approcher ou d'attirer son attention, et s'arrangea de manière à rester le dernier dans la salle.

      III

      LE PACTE

      Délivré de ces importuns, Antoine Duprat marcha droit à la cachette du bouffon, dont il écarta brusquement la draperie.

      Triboulet, accroupi, pelotonné sur lui-même, foulant sa marotte sous ses talons, se rongeait les ongles jusqu'au sang.

      – Or sus! exclama avec une ironie poignante Antoine Duprat; je te cherchais, maître fou, et ne m'attendais guère à te trouver dans ce réduit. Est-ce donc pour te cacher et pour faire si piteuse grimace que l'on te paie les gages d'un dignitaire ou d'un prélat?

      Ce sarcasme ranima le verve du bouffon, qui n'était jamais, nous croyons l'avoir dit, en reste de méchanceté avec personne.

      – Las! messire, soupira-t-il en affectant une grimace narquoise, peut-être bien n'est-ce pas mon propre mésaise que je rumine en ce coin maussade, mais celui de tel haut personnage qui, pour toucher un appointement plus sonnant que le mien, a grand'peine à porter sur son visage le contentement qui n'est pas en son esprit.

      – De quel personnage entends-tu parler, s'il te plaît?

      Et le ministre croisa ses redoutables sourcils; mais ce signe, précurseur habituel de l'orage, n'émut pas le moins du monde la placidité sardonique du bouffon, retrempée dans le dépit d'autrui.

      Il ramassa sa marotte, en rajusta les grelots et les oripeaux bariolés, et les agitant à l'oreille de son farouche interlocuteur:

      – Écoutez, messire, voici le langage du vrai bonheur, car c'est celui de la folie.

      – Tu es un rusé et un impudent compère, je le sais, mais ne crois pas m'échapper par un lazzi; c'est bon pour le commun de ces jolis gentilshommes et de ces coquettes damoiselles qui paradaient tout à l'heure ici devant les princesses. Au fait, donc: parle, je le veux!

      Profitant de ce que Triboulet s'était approché de lui pour l'insulter de son carillon moqueur, il lui saisit l'oreille dans ses doigts osseux.

      Le bouffon poussa un cri d'orfraie.

      – Silence! commanda Duprat, craignant de voir entrer les huissiers et d'être surpris dans ce grotesque tête-à-tête.

      Puis, lâchant l'oreille à moitié décollée, il tira de son escarcelle une poignée d'or qu'il tendit à sa victime.

      – Montjoie et Saint-Denis! c'est affaire à Votre Honneur de trouver la clef qui délie les langues. Interrogez donc, messire, et l'on vous répondra.

      – Triple coquin!..

      – Là! là! pas de gros mots; j'ai déjà l'oreille toute malade, vous achèveriez de me la déchirer… De quoi souhaitez-vous que je vous entretienne? Des promenades amoureuses du beau Cossé-Brissac? Des hésitations de damoiselle Françoise de Foi entre les galants qui la courtisent, depuis qu'elle a hérité le legs que lui laissa feue la reine Claudine? Des épîtres secrètes échangées par damoiselle Hélène de Tournon avec certain poète anacréontique?.. Demandez, monseigneur, mademoiselle ma marotte va sonner pour vous son plus beau carillon.

      – Rien de ces fadaises!..

      – Alors, expliquez-vous?

      C'était СКАЧАТЬ