Les protestants à Nimes au temps de l'édit de Nantes. Boulenger Jacques
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СКАЧАТЬ Plus tard, sans doute à cause de l’accroissement de la population, on en fit un de plus203. Or, chaque ancien était affecté spécialement à l’une de ces parties de la ville et chaque diacre avait à s’occuper de deux d’entre elles204. Ils étaient chargés de «surveiller» leurs quartiers et devaient rapporter au consistoire tous les faits graves qui s’y passaient. De même, les pasteurs se partageaient «la vizitation des mallades et autres charges205».

      Outre ces fonctions tenant essentiellement à leur qualité, les anciens et diacres pouvaient être chargés de missions spéciales. Tels étaient le receveur des deniers du ministère et le receveur des deniers des pauvres qui géraient les finances consistoriales206.

      Enfin, il y avait encore des employés généralement salariés, dont, suivant les églises, variaient le nombre et la qualité.

      L’avertisseur était le Maître Jacques du consistoire: il remplissait les fonctions les plus diverses. Benoist nous dit qu’il avait «à donner avis au ministre que l’heure est sonnée, ou aux membres du consistoire du lieu et du jour de l’assemblée, ou de porter de divers côtés les ordres de la compagnie207». Ailleurs, on lit qu’il devait «appeler et adjourner au consistoire les délinquants», et encore «exercer autres mandements du consistoire208». C’étaient là, en effet, ses principales fonctions, celles dont il tirait son nom. A Nîmes, l’avertisseur, «Maistre Guilhaumes Guiraud209», est une sorte de personnage que l’on paye assez cher. Il convoque les pasteurs et les anciens210 et prévient les fidèles qu’ils aient à comparaître en consistoire pour y répondre de leurs fautes contre la Discipline, quand toutefois on ne délègue pas spécialement à cet effet un ou plusieurs anciens211. Il inscrit sur un long registre les noms des coupables avec, en regard, la faute dont on les accuse; et ce registre passe d’avertisseur en avertisseur212. Il remplit des missions de confiance: on le charge, par exemple, de vendre les meubles jadis prêtés à une pauvre folle, nommée Jeanne la Simple, qui vient de mourir213, ou de recouvrer certaines sommes dues par l’église de Milhaud214. Enfin, il fait la police du temple215. Dans de plus petites villes, où l’avertisseur est moins occupé, il cumule encore d’autres métiers. Ainsi, au Vigan, il est à la fois «advertisseur du consistoire, sonneur de cloches pour le presche et les prières publiques, et tient le temple net216».

      Pour ses gages, Maître Guillaume Guiraud reçoit 72 l. par an217. De plus, le consistoire s’est engagé à lui laisser prélever des droits sur divers de ses revenus. Il touche, par exemple, une certaine somme sur les «legatz pies» faits à l’église218, et un écu pour son «droit de leveure de l’argent deub par la ville pour l’entretenement des escolliers proposans219». Enfin, il est à croire qu’il sait se créer par ailleurs d’autres sources de revenu, car on voit le consistoire lui défendre de louer plus d’un sol le drap mortuaire pour les enterrements220, et lui enjoindre de le bailler gratis aux pauvres221.

      Pour rédiger les délibérations de l’assemblée, il y a un greffier. A Nîmes, c’est un des notaires de la ville, et il change tous les ans222. A Montdardier223, c’est le maître d’école224. A La Salle225, un des anciens remplit les fonctions de secrétaire226. Il est en tout cas défendu aux greffiers de prendre aucun argent pour les extraits d’actes du consistoire que des particuliers peuvent leur demander; s’ils sont pauvres, l’église doit avoir soin «de pourvoir à iceux227».

      Le maître d’école dépend du consistoire et il faut qu’il ait été approuvé par lui228, qu’il serve ou non de greffier. Le «magister» du Vigan touche 100 l. que lui paye la ville229.

      Quant au chantre, il reçoit à Nîmes 2 écus230. Il doit entonner et diriger le chant des psaumes, car il n’y a pas d’orgue231; et ce n’est peut-être pas une sinécure.

      Le règlement de 1566, dont j’ai parlé, porte qu’à Nîmes les séances consistoriales devaient se tenir chaque mercredi à midi232. Parfois, néanmoins, il se passait un assez long intervalle sans qu’il y en eût233. Inversement, on se réunissait en cas de besoin, plusieurs fois dans la semaine, le mercredi et le vendredi ou un autre jour234. L’assemblée avait lieu dans le temple235, «à l’yssue du presche236».

      Qui présidait? La Discipline veut que ce soit un pasteur, et, dans les églises où il s’en trouve plusieurs, pour ne pas créer de compétitions et de jalousies, elle ordonne sagement qu’ils présideront tour à tour237. Ce dernier point n’était pas observé rigoureusement: à Nîmes, tantôt chaque séance a comme «modérateur» un ministre différent, mais sans que le tour de chacun revienne à des intervalles réguliers, tantôt le même ministre préside sans interruption un certain nombre de fois238. Je n’ai d’ailleurs relevé aucune contestation à ce sujet.

      Pour que les décisions prises soient valables, il faut que les deux tiers des membres soient présents à l’assemblée239. On doit y arriver «à midy précézément», à temps «pour mettre le genoul en terre et fere la prière», sous peine d’une amende de 5 sols240. Le pasteur présidant prononce la prière241. Puis, on règle les affaires courantes: censures, «réceptions à la paix de l’église», abjurations, finances du consistoire, et «charges» diverses données aux anciens.

      Outre ces séances ordinaires, le règlement adopté par l’église en 1566 porte que, la veille de Noël, de Pâques et de la Pentecôte, le consistoire se réunit pour censurer impartialement, s’il y a lieu, la conduite de tous ses membres, y compris les pasteurs et les employés, et pour désigner les anciens qui donneront la coupe, les diacres qui tiendront les bassins aux portes, et celui qui recevra les «méreaux242». Ces séances «de censure» ont lieu en 1560 et 1561: on en trouve des traces dans le registre243. Mais à l’époque qui nous occupe on n’en rencontre plus aucune mention. Il est difficile de dire si c’est qu’elles ont disparu ou qu’on néglige simplement de les inscrire: M. de Felice constate d’ailleurs que, d’une façon générale, il est très rare СКАЧАТЬ



<p>203</p>

Borrel, Hist. de l’église réformée de Nîmes, p. 57. – V. sur les quartiers et les faubourgs de Nîmes le 1er chapitre de l’intéressant ouvrage du Dr Puech, Une ville au temps jadis, pp. 13 à 22.

<p>204</p>

Pièce no 1.

<p>205</p>

«A esté arresté… que led. sieur Ferrier… aura le quartier du Marché, des Arènes, et Fauxbourgs, M. de Chambrun le Temple, la Maison de ville et la Ferrage, M. Moynier le Collège, le Chapître et Corcomayres» (Délib. du consist. du 21 mars 1601, fo 401).

<p>206</p>

V. ci-dessous, chap. III.

<p>207</p>

Hist. de l’édit de Nantes, t. III, p. 357.

<p>208</p>

La forme de dresser un consistoire, dans Arnaud, Documents inédits, p. 74.

<p>209</p>

Il est ainsi nommé dans les comptes des deniers du ministère pour l’année 1594 (Arch. non classées du consist. de Nîmes).

<p>210</p>

«Du 9e d’aoust 1598, le consistoire assemblé après le presche du soir, la convocation faicte par l’advertisseur» (Arch. du consist., B, 90, t. VII, fo 237).

<p>211</p>

Délib. des 29 mai 1599 (Ibid., fo 285), 15 mars 1600 (fo 333), 24 octobre 1601 (fo 436), etc.

<p>212</p>

V. au consist. de Nîmes, sous la cote C 1, le «livre des advertisseurs».

<p>213</p>

Délib. du 19 août 1598 (fo 238).

<p>214</p>

Délib. du 11 septembre 1596 (fo 126). – Milhaud, Gard, arr. et con Nîmes.

<p>215</p>

Délib. du 30 mai 1601 (fo 414), etc. – Pour ce qui concerne les bancs dans le temple, v. ci-dessous, au chap. IV.

<p>216</p>

Arch. comm. du Vigan, BB, 3.

<p>217</p>

Le 27 janvier 1599, le consist. lui délivre 2 écus pour ses gages d’un mois (fo 262); le 7 juillet 1599, il reçoit 12 écus sol pour ses gages de six mois (fo 294); le 2 décembre 1598, 36 fr. pour le même laps de temps (fo 249).

<p>218</p>

Délib. du 5 «may» (lisez juin) 1596 (fo 94).

<p>219</p>

Délib. du 12 «may» (lisez juin) 1596 (fo 95).

<p>220</p>

Délib. du 29 août 1601 (fo 428).

<p>221</p>

Délib. du 27 février 1602.

<p>222</p>

Pièce no 1. – Le 29 février 1596, le greffier Rossel propose au consist. de faire comparaître certaines personnes pour savoir qui a dansé aux épousailles du juge criminel (fo 40). Il fait donc acte d’ancien, pourtant il ne l’est pas, puisqu’il n’est pas inscrit sur les listes.

<p>223</p>

Montdardier, Gard, con du Vigan; colloque de Sauve.

<p>224</p>

Registre du consist. de Montdardier (Bibl. particulière) analysé par M. Teissier (B. P. F.).

<p>225</p>

La Salle, Gard, arr. du Vigan, chef-lieu con; colloque d’Anduze.

<p>226</p>

Invent. ms. des arch. non classées de La Salle, par M. Teissier (B. P. F.).

<p>227</p>

Frossard, Recueil de règlements, art. 64.

<p>228</p>

Frossard, op. cit., art. 45.

<p>229</p>

Arch. comm. du Vigan, BB, 2. – Le Vigan est dans le colloque de Sauve. V. un «Rolle des pasteurs servantz actuellement» dressé au syn. prov. d’Uzès en 1600 (Arch. du consist. de Nîmes, A, 10, fo 70). – On trouvera un grand nombre de contrats intéressants, concernant les maîtres d’écoles, dans les registres des notaires de Nîmes (Arch. du Gard, série E). – Cf. Nicolet, L’école primaire protestante jusqu’en 1789, passim.

<p>230</p>

Délib. du consist. du 22 juin 1597 (loc. cit., fo 185).

<p>231</p>

P. de Felice, Protestants d’autrefois, 1re série, p. 37.

<p>232</p>

Borrel, Hist. de l’église réformée de Nîmes, p. 58.

<p>233</p>

Il n’y a aucune séance entre le 20 septembre et le 12 octobre 1600 (fos 367 et 368).

<p>234</p>

Il y a, par exemple, séance le mercredi 29 mai, le vendredi 31 mai et le mercredi 5 juin 1596 (fos 86, 89, 94) – Séances «du sabmedy» 15 janvier 1600 (fo 320); «du jeudy 3e février 1600» (fo 324); «du lundy 19e aoust 1596» (fo 117).

<p>235</p>

V. délib. des 3 septembre 1599, 15 janvier 1600, 3 février 1600, etc. (fos 300, 320, 324). – Il en est de même à Massillargues: «Extraict des actes du consistoire tenu dans le temple de Massillargues ès années» 1596, 1597 et 1598, trouve-t-on dans une ordonnance des commissaires de 1662 (B. N., ms. franç. 15832, fo 53).

<p>236</p>

«Du lundy 19e aoust 1596, à l’yssue du presche» (Délib. du consist. à cette date, fo 117). – «Renvoyé à demain yssue du presche», délib. du «vendredi» 3 septembre 1599 (fo 300). – «Sabmedy 23e jour du moys de octobre 1599, yssue du presche, le consistoire assemblé…» (fo 306). Etc.

<p>237</p>

Discipline, chap. V, art. 1, et chap. I, art. 17.

<p>238</p>

V. le registre du consist. (Arch. du consist., B, 90, t. VII).

<p>239</p>

Délib. du 9 janvier 1602 (Ibid., fo 453).

<p>240</p>

Délib. du 3 mai 1601 (fo 411).

<p>241</p>

V. notamment délib. du 3 septembre 1599 (fo 300).

<p>242</p>

D’après Borrel, Hist. de l’église réformée de Nîmes, p. 62. – Sur les méreaux, v. ci-dessous, au chap. IV.

<p>243</p>

B. N., ms. franç. 8666, cité par P. de Felice, Protestants d’autrefois, 3e série, p. 34.