Les protestants à Nimes au temps de l'édit de Nantes. Boulenger Jacques
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Читать онлайн книгу Les protestants à Nimes au temps de l'édit de Nantes - Boulenger Jacques страница 7

СКАЧАТЬ rel="nofollow" href="#n164" type="note">164, de même à Junas165; à La Salle, leur nombre oscille entre onze et quatorze, suivant les années166. La proportion des diacres et des anciens est variable également dans le consistoire. A Codognan, ils ne sont pas distingués et les membres sont tous compris sous la dénomination d’«anciens167». A Junas, il se trouve un seul diacre pour cinq «surveillans168». A Nîmes, il y a régulièrement un diacre pour deux anciens169.

      Les élections se font à divers moments de l’année. A Codognan, les membres nouveaux entrent en charge en juillet, en août, en octobre, en novembre ou en décembre indifféremment, et ceci dans un intervalle de treize ans170. A Montdardier, comme à Nîmes, c’est à la fin et au commencement de l’année que se fait l’élection171. Le 5 janvier 1601, le consistoire de Nîmes décide qu’il est temps de changer les anciens «suyvant la coustume»; on commence par exhorter «tous ceulx du concistoire estans présens de demeurer pour l’année prochaine»; ceux qui refusent donnent leurs raisons, et on les remplace à la majorité des voix; les autres sont «continués» dans leur charge172. Il est donc non seulement licite, mais encore recommandé aux anciens de rester en charge pendant plusieurs sessions. Et pourtant, l’on en voit assez rarement qui persistent plus de deux ou trois ans dans leur emploi. Voici, il est vrai, à Codognan, «le sieur Valete» qui reste au consistoire pendant quatorze années consécutives173. Mais de pareils cas sont rares et il est à croire que les fidèles ne tenaient pas, en général, à conserver une charge qui ne laissait pas de nuire à leurs occupations. – A chaque nouvelle session, quelques-uns des anciens «vieux» étaient «continués174» dans le but de mettre les «nouveaux» au courant des affaires. C’est du moins cette raison qu’alléguait le consistoire de La Salle pour, deux fois l’an, se renouveler par moitié seulement175.

      A Nîmes, la durée du mandat était de douze mois176. C’était les membres sortants qui choisissaient les nouveaux à la majorité des voix177. A l’origine, le peuple avait élu les anciens par acclamations178. Puis, suivant une marche naturelle aux institutions, l’élection était tombée aux mains d’une oligarchie: le consistoire lui-même. Le très vague article du synode de Nîmes (1601), recommandant aux consistoires d’user «de prudence en la nomination des anciens, pour empescher l’ambition qui sourdroit en l’église», s’ils ne procédaient «avec la discrétion qui y est requise179», ne diminuait pas beaucoup leur liberté.

      Les anciens étaient choisis dans toutes les classes de la société. Chacun pouvait être élu à la condition de jouir d’une honorabilité parfaite. J’ai recherché, d’après le livre de M. Puech, qui nous donne une étude de l’état des personnes à Nîmes à la fin du XVIe siècle180, quelles étaient les professions des membres du consistoire pendant les années 1596 à 1602. Il en est un certain nombre dont je n’ai pu retrouver le rang social, c’est qu’ils ont passé dans l’histoire sans laisser de traces. Mais quelque imparfait qu’il soit, le tableau suivant peut servir à montrer que toutes les classes de la société nîmoise concouraient à former le consistoire181.

      Qualité des membres du consistoire de Nîmes de 1596 a 1602182.

      183. Ce doit être ce personnage qui est mentionné sous le nom de «Saint-Cézary» dans la liste des anciens de 1599 (Pièce no 1).

      184. La liste des anciens de 1596 le nomme Faucon (Pièce no 1).

      185. La liste des anciens de 1601 mentionne un Cappon, sans nom de baptême (Pièce no 1). Or, il n’y a que deux Cappon, tous deux marchands.

      186. Je n’ai pu faire la distinction entre les marchands de la 2e et de la 3e échelle, n’ayant pas le chiffre de leurs impôts.

      Si incomplet que soit le tableau précédent, il permet de constater que les membres du consistoire sont surtout pris dans la seconde échelle, parmi les avocats, les bourgeois et les marchands. Les nobles et les magistrats dédaignaient peut-être la charge d’ancien, bien qu’à Nîmes la noblesse fût presque entière de robe, peu nombreuse et assez récente. Quant aux gens de la troisième et de la quatrième échelle, on les élit rarement, mais du moins ils sont éligibles. Toutes les classes de la société, et surtout la classe moyenne et aisée, sont donc représentées.

      La Discipline et M. P. de Felice nous apprennent qu’une fois nommés, nobles et bourgeois devaient encore accepter et jurer de remplir leur charge187. Puis, on soumettait leur nomination au peuple en publiant leurs noms trois, deux ou même un seul dimanche après le prêche188, afin que les opposants pussent soumettre leurs raisons. Ceux-ci étaient d’ailleurs fort rares et très mal reçus189.

      Après ces formalités, les anciens n’avaient plus qu’à entrer en charge. A Nîmes, pour la première séance de l’année (qui avait lieu un jour quelconque de la semaine190), le consistoire «vieux» et le «nouveau» se réunissaient191. On lisait les «articles de l’ordre en l’église192», c’est-à-dire la Discipline: en 1596, le synode national de Saumur ordonne qu’on observe «mieux qu’il ne l’a été jusqu’à présent» l’article «qui recommande la lecture de la Discipline dans les consistoires193», ce qui laisse à supposer qu’on ne l’appliquait pas toujours194. On continuait ensuite par la lecture des «articles de l’ordre… du présent consistoire195», c’est-à-dire, peut-être, le règlement qui doit se trouver dans le registre de l’année 1566, transcrit de la main de Théodore de Bèze, comme le dit M. Borrel196. Les anciens «nouveaux» devaient déclarer s’y soumettre et alors ils étaient définitivement reçus197. On déléguait quelques membres des deux consistoires «pour clorre les comptes198». Souvent, on désignait les receveurs des deniers des pauvres et du ministère199. On expédiait les affaires courantes comme aux séances ordinaires200. Finalement, les membres sortants étaient «remerciez et mis en liberté201».

      Je n’ai trouvé aucune mention de la réception publique et cérémonieuse dont M. de Felice dit qu’elle était nécessaire202. Les «interrogats» paraissent avoir été faits en consistoire et s’être réduits à une simple promesse d’observer la discipline de l’église. Quant à la lecture du règlement particulier du consistoire, СКАЧАТЬ



<p>165</p>

Extrait des actes du consistoire de Junas (Arch. nat., TT, 2422). – M. P. de Felice, Protestants d’autrefois, 3e série, p. 27, dit n’avoir trouvé aucun consistoire composé de moins de huit membres.

<p>166</p>

Arch. comm. de La Salle non classées; registre des baptêmes et mariages, 1561-1609, fos 103 et suiv. (Inventaire ms. par M. Teissier, à la B. P. F.).

<p>167</p>

V. ci-dessus, p. 29, note 8.

<p>168</p>

V. ci-dessus, p. 29, note 9.

<p>169</p>

V. Pièce no 1.

<p>170</p>

Entre 1598 et 1611. – Livre du consist. de Codognan (Arch. nat., TT, 24112, fo 1).

<p>171</p>

Abrégé du consist. de Montdardier (arch. particulières), copie par M. Teissier à la B. P. F.

<p>172</p>

Arch. du consist., B, 90, t. VII, fo 445.

<p>173</p>

De 1591 à 1601 («Livre du consist. de Codognan», Arch. nat., TT, 2412, fo 1). – A Nîmes, sire Guidon Cheyron conserve le titre d’ancien deux années de suite, puis devient diacre et est réélu comme tel pendant trois ans; il demeure donc cinq ans dans le consistoire (Pièce no 1).

<p>174</p>

A Nîmes, 2 des diacres et 2 des anciens de 1596 sont continués en 1597; en 1598, on retrouve 3 diacres et 2 anciens de l’année précédente, etc. (Pièce no 1).

<p>175</p>

Arch. comm. non classées de La Salle, invent. ms. par M. Teissier à la B. P. F.: registre du consist. à la date du 21 mai 1581. – La Salle, Gard, chef-lieu de con, arr. Le Vigan.

<p>176</p>

Le consist. est renouvelé tous les ans (Pièce no 1).

<p>177</p>

V. délib. du consist. du 5 décembre 1601 (loc. cit., fo 445).

<p>178</p>

P. de Felice, Protestants d’autrefois, 3e série, p. 12.

<p>179</p>

Frossard, Recueil de règlements, art. 47.

<p>180</p>

Une ville au temps jadis ou Nîmes à la fin du XVIe siècle.

<p>181</p>

On sait que Nîmes était divisée en quatre échelles dont chacune élisait un consul: la 1re comprenait les nobles et les magistrats; la 2e les avocats, bourgeois, marchands payant plus de 100 l. d’impôts et les docteurs en médecine; la 3e les apothicaires, chirurgiens, marchands payant moins de 100 l. d’impôts, praticiens, greffiers, notaires, gens des arts et métiers; la 4e les laboureurs, les jardiniers, les bergers et aussi les anciens capitaines de compagnies franches qui, après les guerres, étaient restés à Nîmes (Puech, Une ville au temps jadis).

<p>182</p>

Les chiffres précédés de p. entre parenthèses renvoient aux pages de Puech, Une ville au temps jadis, d’où je tire ces renseignements. – Les noms des anciens me sont fournis par le registre du consist. de Nîmes (Pièce no 1).

<p>187</p>

Discipline, chap. III, art. 1, citée par P. de Felice, Protestants d’autrefois, 3e série p. 19. – Le 19 décembre 1599, pasteur Moynier représente au consist. de Nîmes qu’un des diacres élus «a refusé et porté appel de sa nomination»; on décide de passer outre et de publier les nominations néanmoins (Arch. du consist., B, 90, t. VII, fo 314).

<p>188</p>

A Montdardier, on les publie trois dimanches (Abrégé du registre de ce consist. appartenant à M. Falguière dont une copie par M. Teissier se trouve à la B. P. F.). – A La Salle, on les publie deux fois (Arch. comm. non classées, invent. ms. par M. Teissier à la B. P. F.; registre du consist., année 1574, fo 103) ou une seulement: «Tous lesquels estans publiez le 30 décembre, ont esté receuz le 17 janvier 1577» (Ibid., année 1577).

<p>189</p>

Je n’ai trouvé mention dans le registre du consist. de Nîmes d’aucune opposition. – V. les registres des consist. de La Salle (année 1593) et de Montdardier cités.

<p>190</p>

En 1599, elle a lieu le mardi 5 janvier (Arch. du consist., B, 90, t. VII, fo 258). En 1601, le samedi 6 janvier (Ibid., fo 384). En 1602, le mercredi 2 janvier (fo 451).

<p>191</p>

V. une délib. du 2 janvier 1602 (fo 451).

<p>192</p>

Délib. du 6 janvier 1601 (fo 384). – «Sera cet article escript aux articles généraux pour estre leu chascun an comme les autres» (fo 346).

<p>193</p>

Aymon, Syn. nat., t. I, p. 197.

<p>194</p>

Je ne trouve dans les délib. des années 1596 à 1602 du consist. de Nîmes que la mention citée précédemment de lecture «des articles de l’ordre de l’église». Mais ce n’est pas une raison pour qu’on ne l’ait pas faite les autres années.

<p>195</p>

Délib. du 6 janvier 1601 (loc. cit., fo 384).

<p>196</p>

Hist. de l’église réformée de Nîmes, 2e éd., p. 58. – M. Borrel en donne l’analyse (op. cit., pp. 57-62).

<p>197</p>

Délib. du 5 janvier 1599 (loc. cit., fo 258).

<p>198</p>

On le fait du moins en 1599 (Délib. du 5 janvier, fo 257). – En 1597, on ne prend cette mesure que le 12 février (Délib. à cette date, fos 164-5).

<p>199</p>

V. par exemple délib. du 2 janvier 1602 (fo 452). – Sur ces deux charges, v. ci-dessous, chap. III.

<p>200</p>

Délib. du 5 janvier 1599 (fo 257). On s’y occupe d’un arrêt du parlement de Toulouse, de ceux «qui font le roy boit», etc…

<p>201</p>

Délib. du 2 janvier 1602 (fo 451). – Délib. du 6 janvier 1601 (fo 384).

<p>202</p>

Protestants d’autrefois, 3e série, p. 25.