Toutes les Oeuvres Majeures de Cicéron. Ciceron
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Читать онлайн книгу Toutes les Oeuvres Majeures de Cicéron - Ciceron страница 13

Название: Toutes les Oeuvres Majeures de Cicéron

Автор: Ciceron

Издательство: Bookwire

Жанр: Языкознание

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isbn: 4064066373825

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СКАЧАТЬ ou le blâme. Le délibératif, qui repose sur une question, sur une discussion politique, renferme une opinion. Le genre judiciaire, qui roule sur un jugement à prononcer, comprend l’attaque et la défense, ou les fonctions de demandeur et de défendeur. Nous croyons, comme Aristote, que dans la division de ces trois genres se trouve renfermée toute la matière de la rhétorique.

      VI. Hermagoras, en effet, semble ne point songer à ce qu’il dit, et ne pas comprendre tout ce qu’il promet, quand il divise la matière de l’éloquence en cause et en question. Il définit la causa un sujet de controverse soumis à la parole, avec intervention de personnes, objet que nous avons aussi renfermé dans le domaine de l’orateur, par notre précédente division des genres démonstratif, délibératif et judiciaire. Il appelle question un sujet de controverse soumis à la parole, sans intervention de personne, comme Est-il quelque autre bien que la vertu ? Faut-il s’en rapporter au témoignage des sens ? Quelle est la figure du monde ? la grosseur du soleil ? questions qui doivent assurément paraître fort étrangères au devoir de l’orateur. N’est-ce pas, en effet, une insigne erreur que d’attribuer à l’éloquence, comme des sujets à traiter en passant, des questions que le génie de nos philosophes les plus profonds, soutenu d’un travail infatigable n’a pu encore éclaircir ? Quand même l’étude et des connaissances immenses auraient aplani pour Hermagoras toutes ces difficultés, il n’en aurait pas moins, plein de confiance dans une vaste instruction, mal défini le devoir de l’orateur, et tracé les limites de ses connaissances, et non pas celles de l’art. Mais telle est, à dire vrai, l’idée qu’on doit avoir de cet homme, qu’il serait plus facile de lui ôter le titre de rhéteur que de lui accorder celui de philosophe. Ce n’est pas que le traité de rhétorique qu’il a publié me semble renfermer beaucoup d’erreurs ; car il recueille et dispose avec autant de goût que d’exactitude les meilleurs préceptes des anciens, et il lui arrive même quelquefois d’y mêler des observations qui lui appartiennent ; mais, parler sur l’art oratoire (et c’est ce qu’il a fait ) n’est rien pour l’orateur il doit surtout parler suivant les règles de cet art et il est facile de le voir, ce talent manquait à Hermagoras. Ainsi nous adoptons l’opinion d’Aristote sur la matière de la rhétorique.

      VII. Les parties sont, comme on l’a si souvent répété, l’invention, la disposition, l’élocution, la mémoire et le débit. L’invention trouve les moyens vrais ou vraisemblables qui peuvent soutenir la cause. La disposition est l’art de les distribuer et de les mettre en ordre. L’élocution revêt des idées et des expressions convenables les choses créées par l’invention. La mémoire retient d’une manière sûre et inaltérable les pensées et les mots. Le débit règle le geste et la voix, et les proportionne aux idées et aux paroles.

      Ces principes une fois posés en peu de mots, je remets à un autre temps ce que j’aurais à dire sur le genre, le devoir et la fin de la rhétorique ; car j’aurais besoin de longs développements qui n’appartiennent pas si intimement à l’exposition des préceptes de l’art ; et, pour faire un traité de rhétorique, il faut s’occuper surtout de la matière de l’art et de ses différentes parties. Telle est mon opinion, et il me semble convenable de traiter ces deux objets à la fois. Je vais donc parler de la matière et des parties de l’art. Comme l’invention est la première de toutes, nous commencerons par la considérer dans tous les genres de causes.

      VIII. Tout ce qui contient quelque sujet de controverse de débat ou de discussion, renferme une question ou de fait, ou de nom, ou de genre, ou d’action. La question d’où naît la cause s’appelle état de cause ou de question. L’état de question est le premier conflit des causes ; il naît de la défense « Vous avez fait cette chose. Non, ou j’ai eu droit de la faire. » La discussion roule-t-elle sur les faits comme les conjectures appuient votre cause, c’est un état de question conjectural ; sur le nom comme il faut définir le sens des mots, c’est un état de définition. Quand il s’agit de qualifier la chose même, comme la discussion roule sur son genre et sa nature, c’est un état de question de genre. Si le demandeur n’a pas droit d’intenter son action, s’il accuse celui qu’il ne doit pas accuser, s’il n’a pas bien choisi son tribunal, le temps, la loi, l’accusation, comme il faut que la cause soit changée et portée à un autre tribunal, l’état de question s’appelle état de récusation. Toute cause doit offrir nécessairement quelqu’une de ces questions, ou bien il n’y a pas de point de discussion, et par conséquent pas de cause.

      La discussion du fait peut se rapporter à tous les temps Au passé : « Ulysse a-t-il tué Ajax ? » Au présent : « Les habitants de Frégelles sont-ils bien disposés pour les Romains ? » A l’avenir « Si nous laissons subsister Carthage, en résultera-t-il quelque inconvénient pour la république ? »

      C’est une question de nom quand, en convenant du fait, on cherche quel nom il faut lui donner. Si l’on conteste sur le nom ce n’est pas qu’on ne soit d’accord sur la chose, que le fait ne soit pas constant ; mais comme chacun voit ce fait sous un point de vue différent, chacun lui donne un nom différent. Dans les causes de cette espèce, il faut recourir à la définition, à une courte description. Par exemple : « On a dérobé des vases sacrés dans un lieu profane ; le coupable doit-il être jugé comme voleur ou comme sacrilège ? »Dans ce cas, il faut, des deux côtés, définir le vol, le sacrilège, et montrer par sa définition que les adversaires ne donnent pas au délit dont il s’agit le nom qui lui convient.

      IX. Si le fait est constant, si l’on est d’accord sur le nom qu’on doit lui donner, et que néanmoins on examine son étendue, sa nature, en un mot quel il est, s’il est juste ou injuste, utile ou nuisible, sans disputer sur le nom qu’il mérite, sans chercher autre chose que son véritable caractère, c’est une question de genre.

      A cette division Hermagoras rattache quatre espèces la question délibérative, la question démonstrative, la question juridiciaire, et la question matérielle. Cette erreur assez grossière me semble mériter d’être réfutée, mais en peu de mots. La passer sous silence serait laisser croire que je me suis écarté sans raison de l’opinion de ce rhéteur ; une trop longue discussion sur cet objet me retarderait inutilement, et m’empêcherait de tracer en liberté la suite de ces préceptes.

      Si le genre délibératif et le genre démonstratif sont des genres de cause, on ne peut sans erreur les regarder comme des espèces de quelque genre. La même chose peut bien être appelée genre par les uns, espèce par les autres ; mais elle ne saurait, pour le même juge, être genre et espèce à la fois. Or le délibératif et le démonstratif sont des genres car, ou il n’y a pas de genre, ou il n’y en a pas d’autre que le judiciaire, ou bien il y a le délibératif le démonstratif et le judiciaire. Avancer qu’il n’y a pas de genre de cause, mais qu’il y a différentes causes, et donner des préceptes pour les traiter, est une folie. D’un autre côté, comment le genre judiciaire pourrait-il exister seul lorsque le délibératif et le démonstratif, si différents entre eux, ont encore moins de rapport avec le judiciaire, lorsque chacun d’eux se propose un but particulier ? il en faut conclure qu’ils sont tous trois des genres ; on ne peut donc considérer le démonstratif et le délibératif comme les espèces de quelque genre. C’est donc à tort qu’Hermagoras les a considérés comme des espèces de la question de genre.

      X. Que si l’on ne peut les considérer comme des espèces d’un genre de cause, on se trompe plus lourdement encore en les faisant espèces d’espèces. Car la question entière est une partie de la cause, puisque ce n’est pas la cause qui s’applique à la question, mais la question à la cause. Mais si le délibératif et le démonstratif, parce qu’ils sont des genres, ne peuvent être considérés comme les espèces d’un genre de cause, encore moins doit-on les regarder comme des espèces d’espèces, ainsi que l’a fait Hermagoras. D’ailleurs, si repousser une accusation constitue la question elle-même, ou une partie de la question, ce qui ne repousse pas l’accusation ne peut être ni la question, ni une partie de la question. Or si ce qui ne repousse pas l’accusation СКАЧАТЬ