Название: Perdus Pour Toujours
Автор: Nuno Morais
Издательство: Tektime S.r.l.s.
Жанр: Героическая фантастика
isbn: 9788835424628
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« Si tu veux savoir, je suis un peu nerveuse. Je n’ai jamais parlé devant autant de personnes et encore moins en anglais. Je sais que je vais réussir, mais, tu sais, c’est bien le stress d’avant une représentation. »
Cinzia est originaire de Bologne, là où habite mon arrière-grand-père, fille d’un grand ami de ce dernier qui est Commercialiste – un hybride entre gestionnaire et avocat spécialisé en Droit Commercial et des Entreprises – et travaille avec son père. Nous avons plus ou moins le même âge, et nous connaissons de l’époque où, avec Mia, nous passions beaucoup de temps chez mon arrière-grand-père Nebuloni, autour de mes quinze ou seize ans. Elle et ma sœur, qui a toujours paru plus grande que son âge, passaient leur vie en cours de danse et de gym, elles arrivaient même à participer à des spectacles et des compétitions. Mia a ensuite changé pour l’Aïkido mais Cinzia a continué et de ce que je sais elle participe toujours à des compétitions.
Durant les années d’université, nous ne nous sommes pas beaucoup vus, mais avons tout de même continué à nous écrire. Je ne l’ai pas vu depuis plus de deux ans – les dernières fois que je suis allé à Bologne elle n’y était pas – mais, mis à part le fait d’être plus belle, elle n’a pas l’air d’avoir changé. Les mêmes cheveux longs et lisses qui lui arrivent presque au milieu du dos, d’un châtain si foncé qu’ils paraissent presque acajou, attachés en queue de cheval haute ; les mêmes yeux d’un marron chaud, les mêmes longs cils, les mêmes lunettes… Ah non les lunettes semblent différentes. Elle toujours le même sourire, avec sa bouche charnue et ses dents, très blanches sous son petit nez. Et le même visage ovale presque parfait qui fait penser à une poupée en porcelaine avec des lunettes.
« Je suis sûr que tu vas être super. Comment est-ce que tu es arrivée ici ? Et comment cela se fait-il que tu présentes une conférence sur le thème de – je lis le programme – ‘comment les centres d’exonération fiscale peuvent-ils continuer à être au cœur du développement des régions dans le besoin malgré les restriction récemment imposées’ ? » Elle me regarde du haut de son mètre soixante et je ne peux m’arrêter de regarder la vue quand je tombe sur le décolleté de sa chemise. Je me bats contre l’attraction hypnotique qui s’emparent de mes yeux et essaye à tout prix de rester concentrer sur son visage, mais sans grand succès. Je ne sais donc même pas si elle ce c’est aperçu de mes efforts. Au vu de la conversation je ne peux pas savoir.
« Le studio fait partie de l’association qui organise ce séminaire, le thème était libre et j’ai eu envie de venir le présenter. Le sujet m’intéresse et puis c’est toujours un bon moyen de gagner des clients, même si c’est de manière indirecte par les autres professionnels qui viennent ici. » Je ne l’avais jamais entendu parler du travail, on dirait une autre personne. « Allez, je dois aller me préparer, mais on peut se voir au déjeuner ? »
Je lui dis que oui, peut-être sur un ton un tout petit peu plus anxieux que je n’aurais voulu le manifester, sous le coup de la température de mon corps qui est montée tout d’un coup quelques minutes auparavant. Toutefois je me souviens rapidement que j’ai déjà prévu de déjeuner avec les autres et me vois alors forcé de lui dire non, à moins qu’elle ne veuille venir avec nous.
Elle me dit que non, que c’est mieux que les garçons s’amusent sans elle au milieu pour les gêner, et que de toute façon elle se rappelle qu’elle a déjà un rendez-vous de prévu pour le déjeuner avec un client à elle qui se trouve à Madère et l’un de ses collègues.
Je lui propose alors de dîner ensemble, mais elle me dit qu’aujourd’hui elle ne peut pas car elle a un dîner avec l’organisation du séminaire. Nous convenons alors de demain, pour le déjeuner, afin de rattraper le temps perdu. Elle me fait un bisou sur la joue et me murmure « Ciao bello » d’une voix grave à mon oreille. Je reste à la regarder avancer vers l’escalier qui mène à la scène, encore embrumé des vapeurs de son parfum de toujours. Cette fille sait marcher, il est important de le dire. Elle ne fait peut-être qu’un mètre soixante mais on dirait que ses jambes sont interminables, il est vrai que sa jupe courte aide un petit peu. Depuis la scène, elle me fait encore une fois un signe de la tête que je lui renvoie sans encore bien comprendre ce que je viens de ressentir. Je relâche les épaules et retourne avec « les garçons ».
« Et alors, est-ce que ce sont des manières ? Nous laisser en plan pour aller parler à une femme ? » Me lance Georges d’un air fâché. « Et en plus, ce n’est pas n’importe quelle femme. C’est la plus jolie qui a été donné de voir à ce groupe de pauvres malheureux ! » Continue Javier. « Tss, tsss, tsss. » Conclue Neil, qui, peut-être parce qu’il est marié est plus modéré avec ces choses-là. « Je parie que notre déjeuner de midi est déjà tombé aux oubliettes car Don Juan a d’autres plans. » Me jette Javier avec un consentement général.
« Eh bien, mon cher Javier, c’est avec un grand regret que je peux t’affirmer que tu te trompes. Les engagements avant tout, ce qui était prévu reste prévu. Elle m’a demandé, a insisté, m’a imploré pour que j’aille manger avec elle, mais je suis resté ferme et lui ai dit à chaque fois non ! D’abord les amis, ensuite les conquêtes » Leur lancé-je avec ma meilleure interprétation théâtrale, cherchant à éloigner la vision qui les offusquait encore. Georges me regarde d’un air incrédule : « De quoi, cette statue, cette ode à la beauté t’invite à déjeuner et toi tu dis que tu dois aller déjeuner avec des amis ? » J’acquiesce. « Cet homme est malade. Et sûrement complétement fou. » Je suis entouré de visages où l’on ne peut observer que de la désapprobation. « Enfin, il vaut mieux quand même aller déjeuner avec lui, ne va-t-il devenir fou quand il réalise l'énormité de son erreur. » Je hausse les épaules et accepte leur soutien, en sachant très bien que quoi qu’il arrive je vais déjeuner avec Cinzia.
La conférence est intéressante en elle-même et m’aide à retrouver mon état normal, tandis que je ne remarque pas le temps passer jusqu’à l’heure du déjeuner. Les déjeuners sont libres et nous choisissons tous les quatre d’aller dans un restaurant, sur la marina, que le secrétariat a conseillé à Georges pour la fraîcheur ainsi que la variété de leurs poissons. Nous parcourons le Jardin de Santa Catarina et traversons ensuite l’Avenue de la Mer, nous passons devant la Maison de la Bière et continuons jusqu’à la marina.
Le restaurant « Peixe Fresco » se situe plus ou moins au centre et semble avoir été récemment inauguré. Nous pouvons y voir des bâches à rayures bleues, des chaises en osier tapissées du même tissu à motifs, des tables en bois clair recouvertes de nappes à carreaux bleu clair ainsi que les traditionnels aquariums et tables d’exposition présentant la pêche du jour – accompagnés de tableaux annonçant le prix de chaque poisson dans huit langues afin de n’offenser aucun client potentiel.
Nous sommes reçus par un employé polyglotte, qui je pense est l’auteur des tableaux, avant que je ne remarque ensuite que tous les employés parlent, ou se débrouillent, dans au moins quatre des huit langues qui annoncent le menu. Nous nous asseyons à une table, à l’intérieur dans un coin, loin de l’agitation des touristes qui occupent les places les plus proches des quais, afin de mieux admirer ce qui s’y passe. Nous demandons un mélange de poissons pour quatre personnes, qui sont en pratique les poissons du jour, de petite taille, grillés au charbon de bois et servis avec des frites à l’ail, du citron et de la salade verte. Sur l’insistance de Neil, qui adore le vin vert, nous commandons deux bouteilles d’Alvarinho Soalheiro, en appuyant sur le fait qu’elles doivent être « trèèès fraîches », car c’est, СКАЧАТЬ