Название: Perdus Pour Toujours
Автор: Nuno Morais
Издательство: Tektime S.r.l.s.
Жанр: Героическая фантастика
isbn: 9788835424628
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Nous sortons du restaurant et montons calmement la pente pour retourner au palais des congrès, où nous arrivons alors que le premier orateur de l’après-midi s’apprête à monter les marches de la scène.
Je retourne à ma place et essaye de supporter ce qui semble être la pire conférence possible. Une voix monocorde nous présente les stratégies de planification fiscale en utilisant les centres d’exonération qui ne figurent pas encore sur liste noire. Un bel exemple qui nous montre qu’aucun graphique de couleur ne peut rendre intéressant un sujet. Au moins, ils ont distribué des résumés que je vais pouvoir ramener à Gomez, car je n’ai pris aucune note.
Nouvelle pause d’une demi-heure. Je décide de m’en aller avant la prochaine conférence. Cela semble être une présentation du type de services que l’organisation peut offrir, et ces informations figurent sur la brochure qu’ils m’ont distribué lorsque je suis arrivé. On me confirme ce que je pensais, et me mets donc en chemin du Pearl Bay, suivi de près par une grande partie des autres participants qui ont dû arriver à la même conclusion que moi.
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J’arrive à l’hôtel après une promenade agréable et vais voir Becca en compagnie de la baby-sitter, qui s’appelle Sofia et avec je n’ai pratiquement pas parlé ce matin car elle est arrivée en retard. Elles sont à la piscine, en train de barboter toutes les deux dans le petit bassin.
« Hej, Kalle ! Titta, ja’badar. » Bon, je me rends compte qu’elle a passé la journée à parler suédois, ça va être difficile de la faire changer. « Bonjour bébé, tu t’es bien amusée avec Sofia ? » Elle me répond que oui en jetant un regard complice en direction de Sofia, qui lui fait un clin d’œil et fait chut avec le doigt devant la bouche. « Oui nous nous sommes bien amusées. On est allées à la piscine en bas et ap’ès on est venu ici. » Au final ce n’était pas si difficile que ça. J’ouvre à peine la bouche pour lui demander autre chose, qu’elle me coupe.
« Tu sais aujou’d’hui j’ai mangé un g’os poisson. » Je regarde Sofia qui, en silence, forme avec les lèvres les mots « poisson grillé » et montre le bar de la piscine. « Ah oui, et tu as aimé ? » Elle me dit à nouveau oui et continue avec une voix sérieuse, « c’était un poisson très grand, comme ça. » Elle écarte les bras pour montrer que son poisson mesurait presque cinquante centimètres. Elle me regarde à moi puis à Sofia d’un air effronté pour voir si la blague marche, mais comme elle nous voit prêt à éclater de rire, elle se met à rire aussi et essaye de m’attirer dans l’eau, mais comme je la connais bien je me mets hors de sa portée.
« Et bien ma petite, que diriez-vous, avec Sofia, d’allez-vous habiller que l’on aille ensuite prendre le goûter ? » Elle commence à sautiller en mettant de l’eau partout. « Ouii ! Un goûter. Je veux un gâteau ! » C’est ce qu’on va voir, me dis-je. Sofia l’aide à sortir doucement de la piscine, mieux que moi je pense, met un peignoir et l’enveloppe dans une serviette, attrape un sac en toile qui se trouve sur une chaise à côté de la piscine puis se dirigent toutes les deux en direction de l’ascenseur pour aller dans la chambre. Je vais les attendre à la cafétéria.
Elles arrivent vingt minutes après. Becca porte une robe bleu clair à manches trois quart, des sandales beiges que je n’ai jamais réussi à lui faire porter et un bandeau, dont je ne connaissais même pas l’existence, sur ses cheveux encore humides. Elle arrive d’un air satisfait, de quelqu’un qui se sent bien dans ses vêtements. Elle est très jolie et ressemble de plus en plus à ma sœur, qui aurait adoré la voir comme cela.
Sofia a dû se changer avec les vêtements qui se trouvaient dans son sac, car elle ne porte ni les chaussures, le jean ou le tee-shirt en coton à manches longues avec lesquels elle est arrivée ce matin. Elle porte une robe longue en coton vert clair à bretelles, qui arbore un motif fleuri dans les tons de vert foncé et blanc et des sandales en toile avec le talon en bois, qui la hissent presque à ma hauteur. À l’épaule elle porte un sac en maille beige. Il me semble qu’elle s’est maquillée les yeux et la bouche et au lieu de sa queue de cheval de tout à l’heure, elle arbore des boucles couleur acajou qui lui tombent sur les épaules et dans le dos. Son visage est grand et harmonieux, et sous ses sourcils épais dans les tons de roux, elle a des yeux verts, très clairs, en amande, soulignés par de longs cils cramoisis. Son nez est petit et en trompette, typique des scandinaves, mais ses lèvres charnues et sensuelles, ne sont quant à elles pas si caractéristiques. Ses dents sont alignées et bien blanches, signe qu’elle n’a dû jamais louper un rendez-vous chez le dentiste de toute sa vie. Son sourire est charmant et fait ressortir ses pommettes ainsi que le vert de ses yeux qui parait s’intensifier quand elle sourit. Sa peau est couleur crème, parsemée de taches de rousseurs de la tête aux pieds, ce qui lui fait d’une certaine manière ressembler à Pippi aux Grandes Chaussettes et doit par conséquent bien passer avec les enfants. Je ne suis pas grand amateur de rousses, mais je dois dire que ce mélange est très intéressant, la jeune fille est jolie.
Elles s’assoient à côté de moi et Becca commence directement à réclamer un jus de pomme avec un sandwich au jambon, elle a oublié son gâteau entre les allées et venues. Sofia commande un mazagran et moi, me rappelant du déjeuner et de ses deux bouteilles de vin, je commande une eau minérale.
« Så, Sofia, du bor här med dina foräldrer ? », lui dis-je afin d’engager la conversation. « Japp, men alla kalla mig för Fia, och vi kan prata portugisiska om du vill. » Je trouve cela bizarre, je me rappelle que Micaela, la fille de la réception, m’a dit qu’elle parlait mal le portugais. « Ok, si tu veux, alors, pour récapituler, tu vis ici avec tes parents et tu parles portugais, contrairement à ce que dit la réception. » Elle se met à rire, d’un rire cristallin et agréable.
« Je pense que c’est plutôt parce qu’ils ne me comprennent, et non pas le fait que je parle mal portugais. » L’accent est prononcé, du Nord de Porto ou peut-être encore plus au nord, mais en aucun cas je ne dirais qu’elle parle mal. « Oui je vois ce que tu veux dire, » lui dis-je avec un sourire. « Et comment tu es arrivée ici ? » Elle boit une gorgée de mazagran, croise les jambes et arrange sa robe avec de répondre : « Ma mère est professeur invitée de Biologie Maritime à l’université d’ici, ainsi mes parents passent des semestres à Funchal durant l’année universitaire. » Je me dis que ça doit être très intéressant de vivre ainsi entre deux endroits. Je lui demande ce que fait son père pour qu’il arrive à s’arranger pour venir à Funchal avec sa femme et maintenir son emploi. Elle me dit alors qu’il est écrivain, mais poursuit immédiatement en disant qu’il n’est pas connu, je n’en demande donc pas plus. « Et d’où tiens-tu cet accent du Nord ? » À nouveau le rire cristallin. « Eh bien, cela vient sans doute de ma mère ! » Elle rit encore une fois, mais comme elle ne m’en dit pas plus je n’insiste pas. Entre-temps, Becca, lassée de notre conversation, est partie s’amuser dans le jardin. Elle me demande ce que je fais dans la vie, où nous habitons avec Becca et comment se fait-il que nous parlions à la fois portugais et suédois entre nous. Je me retrouve alors à lui raconter l’histoire de ma famille, depuis l’époque où mon arrière-grand-père était aide-de-camp de l’attaché militaire italien à Madrid, comment il s’est marié à mon arrière-grand-mère qui était espagnole et comment il a réussi à rester pendant la guerre. Je lui parle également de mon grand-père, qui est venu au Portugal en visite et qui en est parti marié à ma grand-mère et de comment mon père qui a toujours passé beaucoup de temps avec mon arrière-grand-père maternel ainsi qu’avec mon oncle-grand-père, a fini par СКАЧАТЬ