Название: Œuvres complètes de lord Byron, Tome 7
Автор: George Gordon Byron
Издательство: Public Domain
Жанр: Зарубежная классика
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Eh bien! nous allons vous suivre.
Je vais me retirer pour ordonner la garde d'honneur qui convient à votre rang, et j'attendrai votre signal, pourvu que vous n'outrepassiez pas l'heure.
Ainsi donc, nous obéissons!
Sans doute.
Oui, jusqu'aux portes qui ferment le palais, notre prison pour l'avenir; mais non pas plus loin.
Tu as saisi précisément la vérité. Le royaume lui-même et sa vaste étendue entr'ouvrent devant chacun de nos pas des cachots pour toi et pour moi.
Des tombeaux.
Si je le croyais, cette bonne épée en creuserait un de plus que le mien.
Elle aurait beaucoup à faire; mais j'espère bien mieux que tu n'augures. Essayons, pour le moment, de sortir d'ici comme nous pourrons. Tu t'accordes à croire avec moi que cet ordre est une sentence de condamnation?
Et quelle autre interprétation pourrait-on lui donner? c'est l'usage ordinaire des rois de l'Orient: pardon et poison; – des faveurs et un glaive; – un lointain voyage, un repos éternel. Combien de satrapes, sous le règne de son père: – car pour lui, je l'avoue, il n'est, ou du moins il n'était pas sanguinaire-
Mais ne veut-il, ne peut-il à présent le devenir?
Je le crains. Combien de satrapes ai-je vus, au tems de son père, renvoyés dans leurs puissans gouvernemens, et qui trouvèrent des tombes sous leurs pas! Je ne sais pas comment; mais tels étaient les ennuis et la longueur du voyage, qu'ils ne manquaient pas de tomber malades en route.
Ne songeons qu'à regagner l'air libre de la ville, nous abrégerons le chemin.
Peut-être saura-t-on bien l'abréger à la porte.
Non; ils risqueraient trop. Ils entendent nous faire mourir isolément, non pas dans le palais ou dans les murs de la ville; nous y sommes trop connus, nous y aurions des partisans: s'ils avaient voulu se défaire ici de nous, nous ne serions déjà plus. Sortons.
Si je pensais qu'il ne voulût pas ma vie-
Folie! Sortons. Quel serait autrement le projet du despote? Hâtons-nous de rejoindre nos troupes, et de marcher.
Où? vers nos provinces?
Non; vers votre royaume. Nous avons du tems, du courage, de l'espoir, des forces, et des moyens que ne pourront vaincre leurs demi-mesures. – Partons.
Quoi! au milieu de mon repentir, vais-je retomber dans le crime!
C'est une vertu de savoir se défendre soi-même: c'est la seule garantie de tous les droits. Partons, dis-je! sortons de ces lieux, l'air y devient épais et redoutable: ces murs exhalent une odeur de renfermé. – Ne leur laissons pas le tems d'un nouveau conseil: notre prompt départ prouvera notre dévouement; il empêchera notre brave escorte, l'honnête Pania, d'être, à quelques lieues de là, l'exécuteur de nouveaux ordres. Il n'y a donc pas d'autre choix. – Partons, dis-je.
Eh bien, nous avons remédié à tout, et sans une goutte de sang, le pire des ingrédiens des prétendus remèdes; nous voilà préservés par l'exil de ces hommes.
Oui; comme celui qui marche sur des fleurs l'est de la vipère réfugiée sous leurs tiges.
Comment? que voudrais-tu de moi?
Vous voir défaire ce que vous avez fait.
Révoquer mon pardon?
Raffermir la couronne qui chancelle sur vos tempes.
Cela serait tyrannique.
Cela serait prudent.
Mais ne le sommes-nous pas assez; et quel danger peuvent-ils préparer sur les frontières?
Ils n'y sont pas encore; – et si j'en étais cru, ils n'y seraient jamais.
Mais, enfin, je t'ai prêté une oreille impartiale: – pourquoi ne les écouterais-je pas à leur tour?
Vous pourrez le concevoir plus tard; en ce moment, je sors pour disposer la garde.
Mais nous rejoindrez-vous pendant le banquet?
Dispensez-moi, sire; – je ne suis pas un homme de table: je suis prêt à remplir tous les emplois, sauf celui de Bacchante.
Néanmoins, il est bon de se réjouir de tems en tems.
Et bon aussi que quelques-uns veillent pour ceux qui trop souvent se réjouissent. Permettez-vous que je m'éloigne?
Oui: – encore un instant, mon généreux Salemènes, mon frère, mon excellent sujet, prince meilleur que je ne suis roi. Vous devriez être le monarque, et moi, – je ne sais quoi, et je ne m'en soucie; mais ne va pas croire que je sois insensible à ta prudente sollicitude, et aux chagrins rudes, mais affectueux, que te causent mes folies. Si j'épargnai, contre ton avis, l'existence de ces hommes; – ce n'est pas que je crusse tes avis erronés; mais laissons-les respirer; ne les chicanons pas sur leur vie: – donnons-leur le loisir de l'amender. Leur exil me permet de dormir tranquille, et leur mort m'en eût empêché.
Ainsi, pour sauver des traîtres, vous courez le risque de tomber dans l'éternel sommeil: – vous leur évitez un moment d'angoisse, pour des années de crime. Permettez-moi de les forcer à demeurer tranquilles.
Ne me tente pas: ma parole est donnée.
Elle peut être reprise.
C'est celle d'un roi.
Elle devrait donc être vigoureuse. Cette demi-indulgence, qui se contente de l'exil, ne fait qu'ajouter à l'irritation. – Il faut qu'un pardon soit entier, ou qu'il ne soit pas prononcé.
Et qui m'a persuadé, lorsque je m'étais contenté de les éloigner de ma présence, qui m'a pressé de les renvoyer dans leurs satrapies?
En effet, je l'avais oublié: СКАЧАТЬ