Œuvres complètes de lord Byron, Tome 7. George Gordon Byron
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ARBACES

      Qu'elle se passe, – nous sommes prêts.

BELÈSES

      Oui, que n'est-elle écoulée!

ARBACES

      Le prophète aurait-il des doutes, lui auquel les astres viennent de promettre la victoire?

BELÈSES

      Je ne doute pas de la victoire, – mais du vainqueur.

ARBACES

      Eh bien, c'est à ta science à te rassurer. En attendant, j'ai disposé assez de glaives étincelans pour obscurcir l'éclat de tes astres nos alliés: rien ne doit plus nous arrêter. Le roi femme, et même moins que femme, vogue en ce moment sur les ondes, avec ses compagnons féminins; l'ordre est donné pour la fête dans le pavillon: et la première coupe qu'il portera à ses lèvres sera la dernière vidée par la race de Nemrod.

BELÈSES

      Ce fut une brave race.

ARBACES

      Elle n'est plus que faible; – elle est usée: – nous la restaurerons.

BELÈSES

      Es-tu sûr de cela?

ARBACES

      Son fondateur était un chasseur; – je suis un soldat: – que doit-on ici craindre?

BELÈSES

      Le soldat.

ARBACES

      Et le prêtre, peut-être. Mais si vous en jugiez, ou en jugez ainsi, pourquoi ne pas garder votre roi de concubines? pourquoi me solliciter, m'entraîner à cette entreprise, la vôtre non moins que la mienne?

BELÈSES

      Regarde le ciel!

ARBACES

      Je regarde.

BELÈSES

      Qu'y vois tu?

ARBACES

      Un beau crépuscule d'été, et l'assemblée des étoiles.

BELÈSES

      Au milieu d'elles, vois la plus avancée et la plus radieuse; comme elle sautille et semble vouloir abandonner sa place dans le dais d'azur!

ARBACES

      Eh bien!

BELÈSES

      C'est ta propre étoile, la planète qui présida à ta naissance.

ARBACES, touchant la pomme de son épée

      Mon étoile est dans ce fourreau: quand elle brillera, elle effacera l'éclat des comètes. Mais songeons à ce qu'il faut faire pour justifier tes planètes et leur prophétie. Quand nous aurons vaincu, elles auront des temples, – oui, et des prêtres: – tu seras le pontife-des dieux que tu choisiras; car j'observe qu'ils sont toujours justes, et qu'ils ne manquent pas d'avouer le plus brave pour celui qui les aime le mieux.

BELÈSES

      Oui, et le plus dévot pour brave. – Tu ne m'as pas vu reculer dans le combat?

ARBACES

      Non; je te reconnais aussi brave dans une bataille qu'un capitaine babylonien, aussi intrépide que savant dans les mystères chaldéens. Mais consens-tu pour le moment à oublier le prêtre pour ne plus être que guerrier?

BELÈSES

      Pourquoi pas tous les deux?

ARBACES

      Mieux encore! et pourtant j'ai presque honte d'avoir si peu de chose à faire. La défaite de cette guerre de femme dégrade le vainqueur lui-même. Renverser de son trône un brave et sanguinaire despote, lutter avec lui, croiser fer contre fer, voilà ce qu'il serait héroïque de tenter, même en vain; mais lever mon glaive contre ce ver-à-soie, l'entendre répandre des larmes, peut-être-

BELÈSES

      Ne le suppose pas: il y a dans lui de quoi vous donner des traverses; et fût-il ce que vous croyez, ses gardes sont vaillantes, et conduites par le prudent et intrépide Salemènes.

ARBACES

      Ils ne résisteront pas.

BELÈSES

      Et pourquoi? ils sont soldats.

ARBACES

      Il est vrai, et c'est pourquoi il leur faut un soldat pour les commander.

BELÈSES

      Salemènes l'est.

ARBACES

      Mais non leur roi. D'ailleurs il hait l'automate efféminé qui gouverne, à cause de la reine sa sœur. Avez-vous remarqué comme il se tient à l'écart de toutes les fêtes?

BELÈSES

      Mais non du conseil, auquel il ne manque jamais.

ARBACES

      Il y est toujours contredit; quoi de plus pour décider sa révolte? Un fou sur le trône, sa famille déshonorée, et lui-même abreuvé de dédains: c'est pour le venger que nous travaillons.

BELÈSES

      Puisse-t-il être conduit à le penser! mais j'en doute.

ARBACES

      Si nous le sondions?

BELÈSES

      Oui, – si le tems nous favorisait.

(Entre Baléa.)BALÉA

      Satrapes, le roi vous ordonne de venir à la fête de cette nuit.

BELÈSES

      Entendre c'est obéir. Dans le pavillon?

BALÉA

      Non, ici dans le palais.

ARBACES

      Dans le palais? Comment! ce n'était pas là l'ordre?

BALÉA

      C'est celui du moment.

ARBACES

      Et pourquoi?

BALÉA

      Je ne sais. Puis-je me retirer?

ARBACES

      Reste.

BELÈSES, bas à Arbaces

      Chut! laisse-le aller. (Puis à Baléa.) Oui, Baléa, remercie le monarque, baise la frange de son impériale robe, et dis-lui que ses esclaves ramasseront les miettes qu'il daignera jeter de sa table royale. Et l'heure, n'est-ce pas minuit?

BALÉA

      Oui; le lieu, la salle de Nemrod. Seigneurs, je m'incline devant vous, et je vous quitte. (Baléa sort.)

ARBACES

      Je n'aime pas ce changement subit; il y a quelque mystère: qui peut l'avoir occasionné?

BELÈSES

      Et ne change-t-il pas mille fois en un jour? la paresse est de toutes les choses la plus capricieuse; elle a dans ses projets plus de détours que n'en mettent les généraux dans leur marche, quand ils songent à dérouter leurs ennemis. – Pourquoi cet air rêveur?

ARBACES

      Il aimait ce riant pavillon; c'était, pendant l'été, sa fureur.

BELÈSES

      Il aimait aussi la reine-et de plus, trois mille courtisanes. – Il aima toutes choses les unes après les autres, sauf la gloire et la sagesse.

ARBACES

      Quoi qu'il en soit, je n'aime pas cela. S'il a changé, il faut faire de même. Dans un bosquet isolé, au milieu de gardes endormis et de courtisans ivres, l'attaque était facile, mais dans la salle de Nemrod-

BELÈSES

      En est-il ainsi? J'imaginais que le fier soldat tremblait de conquérir trop facilement СКАЧАТЬ