La corde au cou. Emile Gaboriau
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Название: La corde au cou

Автор: Emile Gaboriau

Издательство: Public Domain

Жанр: Зарубежная классика

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СКАЧАТЬ telle sorte qu'une enveloppe de cartouche Klebb, celle-ci, par exemple, trouvée dans un endroit quelconque, attesterait nécessairement votre présence?

      – Nécessairement, non. J'ai vu plus d'une fois des enfants ramasser les enveloppes que je venais de jeter et jouer avec.

      Tout en faisant voler sa plume sur le papier, le greffier Méchinet se permettait certaines grimaces des plus significatives. Ilétait trop au fait des allures d'une instruction criminelle pour ne pas se rendre compte de la tactique de M. Galpin-Daveline, tactique horriblement dangereuse et perfide, qui consiste à tourner le prévenu avant de l'attaquer sérieusement.

      – Il joue serré, murmura-t-il en se penchant vers M. Daubigeon.

      Le juge d'instruction s'était assis.

      – Ceci posé, reprit-il, je vous prie, monsieur, de vouloir bien me donner l'emploi de votre soirée de huit heures à minuit… Ne vous pressez pas, réfléchissez, prenez votre temps, votre réponse aura certainement une influence décisive.

      M. de Boiscoran, jusqu'à ce moment, était demeuré calme, mais de ce calme inquiétant qui décèle de terribles tempêtes intérieures, difficilement contenues. Les avertissements du juge, et plus encore le ton dont ilsétaient donnés, le révoltèrent comme la plus odieuse des hypocrisies, et cessant de se contenir, les yeux pleins d'éclairs:

      – Enfin, monsieur! s'écria-t-il, que voulez-vous de moi? De quoi m'accuse-t-on?

      M. Galpin-Daveline ne broncha pas.

      – Vous le saurez, monsieur, quand le moment sera venu, répondit-il. Commencez par répondre, et croyez-moi, dans votre intérêt, répondez franchement. Qu'avez-vous fait hier soir?

      – Eh! le sais-je!… Je me suis promené…

      – Ce n'est pas une réponse.

      – C'est cependant la vérité. J'étais sorti sans but, j'ai marché au hasard…

      – Votre fusil sur l'épaule.

      – J'emporte toujours mon fusil, mon valet de chambre vous le dira.

      – N'avez-vous pas traversé les marais de la Seille?

      – Non.

      Le juge d'instruction hocha gravement la tête.

      – Vous ne dites pas la vérité, monsieur, fit-il.

      – Monsieur…

      – Vos bottes, que j'aperçois là, sur votre descente de lit, vous donnent le démenti le plus formel. D'où vient la boue dont elles sont couvertes?

      – Les prairies, autour de Boiscoran, sont très humides.

      – N'insistez pas. Vous avezété vu.

      – Cependant…

      – Vous avezété rencontré par le fils Ribot au moment où vous passiez le déversoir desétangs.

      M. de Boiscoran ne répondit pas.

      – Où alliez-vous? demanda le juge.

      Pour la première fois, une inquiétude réelle contracta les traits de M. de Boiscoran, l'inquiétude d'un homme qui voit tout à coup s'ouvrir sous ses pas un précipice qu'il ne soupçonnait pas.

      Il hésita, et comprenant que nierétait inutile:

      – J'allais à Bréchy, répondit-il.

      – Chez qui?

      – Chez le marchand de bois à qui j'ai vendu mes coupes de 1870. Ne l'ayant pas trouvé, je suis revenu par la grande route…

      D'un geste, M. Galpin-Daveline l'arrêta.

      – C'est faux! prononça-t-il durement.

      – Oh!

      – Vous n'êtes pas allé à Bréchy.

      – Permettez…

      – Et la preuve, c'est que, vers onze heures, vous traversiez d'un pas hâtif les bois de Rochepommier.

      – Moi!…

      – Vous-même. Et ne dites pas non, car, tenez, votre pantalon est encore tout hérissé desépines des ajoncs que vous avez traversés.

      – Il y a des ajoncs ailleurs que dans les bois de Rochepommier.

      – C'est vrai, mais on vous y a vu.

      – Qui?

      – Gaudry, le braconnier. Et il vous a si bien vu qu'il a pu nous dire votre humeur. Vousétiez troublé et fort en colère, vous parliez haut, vous juriez, vous arrachiez des feuilles aux branches d'arbres…

      Tout en parlant, le juge d'instruction s'était levé et avait pris sur un fauteuil la jaquette de M. de Boiscoran. Il en fouilla les poches et en retira une poignée de feuilles flétries.

      – Et tenez, voilà une preuve de la véracité de Gaudry.

      – Il y a des feuilles d'arbres partout, murmura M. de Boiscoran.

      – Oui, mais une femme, maîtresse Courtois, vous a vu sortir du bois de Rochepommier. Vous l'avez aidée à replacer sur sonâne un sac qu'elle ne pouvait soulever seule. Le niez-vous? Non. Vous avez raison, car ici, tenez, sur la manche et sur un des pans de votre jaquette, j'aperçois de la poussière blanche qui certainement est de la farine.

      M. de Boiscoran baissait la tête.

      – Avouez donc, insista le juge d'instruction, que hier au soir, entre dix et onze heures, vousétiez au Valpinson…

      – Jamais, monsieur, cela n'est pas.

      – C'est cependant au Valpinson, près des ruines de l'ancien château, qu'aété ramassée cette enveloppe de cartouche Klebb que je viens de vous montrer…

      – Eh! monsieur, interrompit M. de Boiscoran, ne vous ai-je pas dit que vingt fois j'ai vu des enfants ramasser, pour jouer, de ces enveloppes métalliques?… (Et, essayant de réagir): Si j'étais allé au Valpinson, ajouta-t-il, quel intérêt aurais-je à le nier?

      M. Galpin-Daveline se redressa, et de sa voix la plus solennelle:

      – Je vais vous le dire, prononça-t-il. Hier soir, entre dix et onze heures, le feu aété mis au Valpinson, dont il ne reste plus que des cendres…

      – Oh!…

      – Hier au soir on a tiré deux coups de fusil sur le comte de Claudieuse…

      – Grand Dieu!

      – Et la justice pense, la justice a de fortes raisons de croire que l'incendiaire, que l'assassin, c'est vous, Jacques de Boiscoran.

      9. Tel qu'un homme pris de vertige, pâle comme si tout le sang de ses veines eût afflué à son cœur…

      Tel qu'un homme pris de vertige, pâle СКАЧАТЬ