La corde au cou. Emile Gaboriau
Чтение книги онлайн.

Читать онлайн книгу La corde au cou - Emile Gaboriau страница 24

Название: La corde au cou

Автор: Emile Gaboriau

Издательство: Public Domain

Жанр: Зарубежная классика

Серия:

isbn:

isbn:

СКАЧАТЬ horrible malheur.

      – Jacques est mort!… s'écria le vieux collectionneur.

      La marquise secoua la tête.

      – Non, c'est plus affreux peut-être…

      Le vieillard, qui s'était dressé à la vue de sa femme, se laissa pesamment retomber sur son fauteuil.

      – Dis, balbutia-t-il, parle… J'ai du courage.

      Elle lui tendit ce papier bleu qu'elle tenait, et lentement:

      – Voici, fit-elle, la dépêche que je reçois à l'instant du valet de chambre de Jacques, de notre vieil Antoine.

      D'une main tremblante, le marquis déplia le papier, et lut:

      Malheurépouvantable. M. Jacques accusé d'avoir incendié château du Valpinson et assassiné comte de Claudieuse. Charges terribles contre lui. Interrogé, s'est à peine défendu. Vient d'être arrêté et conduit en prison. Désespéré. Que faire…?

      La marquise avait tremblé que son mari ne fût comme foudroyé par cette dépêche, dont le laconisme révélait les terreurs d'Antoine. Il n'en fut rien.

      C'est de l'air le plus calme qu'il la replaça sur la table et que, haussant lesépaules, il dit:

      – C'est absurde!

      Mme de Boiscoran n'en pouvait revenir.

      – Vous n'avez pas compris, mon ami…, commença-t-elle.

      Il l'interrompit.

      – J'ai compris, fit-il, que notre fils est accusé d'un crime qu'il n'a pas, qu'il ne peut pas avoir commis. Est-il possible que vous doutiez de lui! Quelle mèreêtes-vous donc! Je suis, pour ma part, je vous l'assure, parfaitement tranquille. Jacques incendiaire, Jacques assassin!… C'est stupide.

      – Ah! vous n'avez pas lu la dépêche! s'écria la marquise.

      – Pardonnez-moi.

      – Vous n'avez pas vu qu'il y a contre lui des charges…

      – S'il n'y en avait aucune, il est clair qu'on ne l'eût pas arrêté. C'est désagréable, c'est même pénible…

      – Mais il ne s'est pas défendu, monsieur…

      – Parbleu!… Croyez-vous que si demain on venait m'accuser d'avoir dévalisé la boutique d'un bijoutier, je prendrais la peine de me défendre.

      – Vous ne voyez donc pas, monsieur, qu'Antoine croit notre fils coupable…

      – Antoine est un vieux sot, déclara le marquis. (Et, tirant sa tabatière et bourrant son nez de tabac): D'ailleurs, raisonnons, fit-il. Ne m'avez-vous pas dit que Jacques est amoureux de la petite Denise de Chandoré?

      – Comme un fou, monsieur, comme un enfant…

      – Et elle?

      – Elle adore Jacques, monsieur.

      – Bon! et ne m'avez-vous pas dit aussi que le jour de leur mariage est définitivement fixé…

      – Depuis trois jours.

      – Jacques vous aécrit à ce sujet?

      – Une lettre adorable.

      – Où il vous annonce son arrivée?

      – Oui, il voulait faire lui-même ses emplettes de noces.

      D'un mouvement superbe d'insouciance, le marquis frappa sur le couvercle de sa tabatière.

      – Et vous voulez, fit-il, qu'un garçon tel que notre fils, Jacques, un Boiscoran, amoureux, aimé, qui va se marier, qui a la tête pleine de corbeilles de noces, ait commis un crime abominable!… Cela ne se discute pas, et la preuve, c'est que je vais, si vous le voulez bien, me remettre paisiblement à ma besogne.

      Si le doute est contagieux, la foi est communicative. Peu à peu, la marquise de Boiscoran se rassurait de l'assurance superbe de son mari. Le sang remontait à ses joues et le sourire à ses lèvres pâlies.

      Et d'une voix plus ferme:

      – Peut-être, en effet, dit-elle, ai-jeété trop prompte à m'alarmer.

      Du geste, le marquis approuvait.

      – Oui, beaucoup trop prompte, chère amie, fit-il. Et même, entre nous, je vous engage à ne point vous en vanter. Comment la justice n'accuserait-elle pas ce pauvre Jacques, lorsque sa mère elle-même le soupçonne!

      Mme de Boiscoran avait repris et relisait la dépêche d'Antoine.

      – Et cependant, murmura-t-elle, répondant aux dernières objections de son esprit, qui donc, à ma place, n'eûtété frappé d'épouvante! Ce nom de Claudieuse, surtout…

      – Eh bien! mais c'est le nom d'un très digne et très loyal gentilhomme, le meilleur que je sache, en dépit de ses façons de loup de mer.

      – Jacques le hait, mon ami.

      – Jacques, ma chère, se soucie de lui comme de l'an quarante.

      – Ils ont eu plusieurs querelles.

      – Nécessairement; Claudieuse est un forcené légitimiste, et comme tel, c'est toujours avec le dernier mépris qu'il parle de nous autres tous, qui avons servi la famille d'Orléans.

      – Jacques lui a envoyé du papier timbré.

      – Et il a parbleu bien fait, de même qu'il a eu tort de ne pas pousser le procès jusqu'au bout. Claudieuse a, sur le cours de la rivière qui nous sépare, la Pibole, des prétentions par trop exorbitantes. Ne voudrait-il pas, en toute saison et selon son gré, retenir les eaux, au risque de noyer les prés de Boiscoran, qui sont bien plus bas que les siens! Déjà feu mon frère, quiétait un ange de patience et de douceur, avait eu maille à partir avec ce despote.

      Mais la marquise n'était pas convaincue.

      – Il y a autre chose, fit-elle.

      – Quoi?

      – Ah! c'est ce que je me demande.

      – Jacques vous l'aurait-il donné à entendre?

      – Non. Voici ce qui s'est passé. L'an dernier, chez la duchesse de Champdoce, j'ai eu l'occasion de rencontrer la comtesse de Claudieuse et ses filles. Elle est charmante, cette jeune femme, et comme nous donnions un bal la semaine suivante, l'idée me vint, que je mis aussitôt à exécution, de l'inviter. Elle refusa, et d'un ton de réserve si glacial qu'il n'y avait pas à insister.

      – C'est que probablement elle n'aime pas la danse, grommela le marquis.

      – Le soir même, je parlai de ma démarche à Jacques. Il s'en montra très irrité et me dit, avec un emportement que son respect contenait à peine, que j'avais eu grand tort, et qu'il avait ses raisons pour n'avoir rien de commun avec ces gens-là…

      Si parfaiteétait la СКАЧАТЬ