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СКАЧАТЬ de leursécuries: des chevaux, des bœufs, quelques moutons et une douzaine de vaches qui meuglaient lamentablement.

      Peu de gens s'étaientéloignés. Avec plus d'acharnement que jamais, les pompiers, aidés des paysans, continuaient à inonder les restes du bâtiment principal. Ils n'avaient rien à redouter du feu, mais ils conservaient le vague espoir de préserver d'une carbonisation complète les corps de Bolton et de Guillebault, ces deux infortunés qui avaient péri victimes de leur courage.

      – Quel fléau que le feu!… murmura M. Séneschal.

      Ni M. Daubigeon ni M. Galpin-Daveline ne répondirent. Eux aussi, même après tant d'émotions violentes, ils se sentaient le cœur serré par le sinistre spectacle qui s'offrait à leurs regards.

      C'est qu'un incendie n'est rien, sur le moment même, tant que dure la fièvre du péril et l'espoir du salut, tant que les flammeséclairent l'horizon de leurs rouges reflets! Le lendemain seulement, quand tout est fini, éteint, on mesure l'horreur du désastre.

      Mais les pompiers venaient d'apercevoir le maire de Sauveterre et ils le saluaient de leurs acclamations. Rapidement il se dirigea vers eux, et pour la première fois depuis que l'alarme avaitété donnée, le juge d'instruction et le procureur de la République se trouvèrent seuls.

      Ilsétaient debout, très rapprochés, et pendant un bon moment ils gardèrent le silence, chacun cherchant à surprendre dans les yeux de l'autre le secret de ses pensées.

      Enfin:

      – Eh bien?… demanda M. Daubigeon.

      M. Galpin-Daveline tressaillit.

      – C'est uneépouvantable affaire! murmura-t-il.

      – Quelle est votre opinion?

      – Eh! le sais-je moi-même!… J'ai la tête perdue, il me semble que je suis le jouet d'un infernal cauchemar!

      – Croiriez-vous donc à la culpabilité de monsieur de Boiscoran?

      – Je ne crois rien. Ma raison me crie qu'il est innocent, qu'il ne peut pas ne pas l'être, et cependant je vois s'élever contre lui des charges accablantes.

      Le procureur de la Républiqueétait consterné.

      – Hélas! murmura-t-il, pourquoi vousêtes-vous obstiné, envers et contre tous, à interroger Cocoleu, un malheureux idiot!…

      Mais le juge d'instruction se révolta.

      – Me reprocheriez-vous donc, monsieur, interrompit-il violemment, d'avoir obéi aux inspirations de ma conscience?

      – Je ne vous reproche rien.

      – Un crime abominable aété commis; tout ce quiétait humainement possible, mon devoir me commandait de le tenter pour en découvrir l'auteur.

      – Oui!… Et l'homme qu'on accuse est votre ami, et hier encore vous mettiez son amitié au nombre de vos meilleures chances d'avenir…

      – Monsieur!

      – Cela vousétonne que je sois si exactement informé? Allez, rien n'échappe à la curiosité désœuvrée des petites villes… Je sais que votre espoir le plus cherétait d'entrer dans la famille de monsieur de Boiscoran, et que vous comptiez sur son appui pour obtenir la main d'une de ses cousines…

      – Je ne le nie pas.

      – Malheureusement, vous avezété séduit par la perspective d'une affaire retentissante; vous avez oublié toute prudence, et voilà vos projets à vau-l'eau. Que monsieur de Boiscoran soit innocent ou coupable, jamais sa famille ne vous pardonnera votre intervention. Coupable, elle vous reprochera de l'avoir livré à la cour d'assises; innocent, elle vous reprochera plus cruellement encore de l'avoir soupçonné.

      Peut-être pour cacher son trouble, M. Galpin-Daveline baissait la tête.

      – Que feriez-vous donc à ma place, monsieur? interrogea-t-il.

      – Je me récuserais, répondit M. Daubigeon, quoiqu'il soit déjà bien tard.

      – Ce serait compromettre ma carrière.

      – Cela vaudrait mieux que de vous charger d'une affaire où vous n'apporterez ni le calme, ni la froide impartialité qui sont les premières et les plus indispensables vertus d'un magistrat instructeur.

      Le juge peu à peu s'irritait.

      – Monsieur! s'écria-t-il, me croyez-vous donc homme à me laisser détourner de mon devoir par des considérations d'amitié ou d'intérêt personnel?

      – Je ne dis pas cela.

      – Ne venez-vous pas de me voir à l'œuvre! Ai-je bronché, quand le nom de monsieur de Boiscoran est tombé des lèvres de Cocoleu? S'il se fût agi d'un autre, peut-être en serais-je resté là. Mais monsieur de Boiscoran est mon ami, mais j'ai beaucoup à attendre de lui, et, pour cela précisément, j'ai insisté et persisté, et j'insiste et je persiste encore.

      Le procureur de la République haussait lesépaules.

      – C'est bien cela, fit-il. Parce que monsieur de Boiscoran est votre ami, de peur d'être taxé de faiblesse, vous allezêtre dur avec lui, impitoyable, injuste même… Parce que vous aviez beaucoup à attendre de lui, vous voudrez absolument le trouver coupable! Et vous vous dites impartial!

      M. Galpin-Daveline se redressait de toute sa roideur accoutumée.

      – Je suis sûr de moi! prononça-t-il.

      – Prenez garde!

      – Mon parti est arrêté, monsieur.

      Ilétait temps. M. Séneschal revenait, accompagné du capitaine Parenteau.

      – Eh bien! messieurs, demanda-t-il, qu'avez-vous résolu?

      – Nous allons partir pour Boiscoran, répondit le juge d'instruction.

      – Quoi! tout de suite?

      – Oui. Je tiens à trouver monsieur de Boiscoran encore couché. J'y tiens si fort que je me passerai de mon greffier.

      Le capitaine Parenteau s'inclina.

      – Votre greffier est ici, monsieur, dit-il, et même il vous demandait, il n'y a qu'un instant…

      Sur quoi, de sa plus belle voix, il se mit à appeler:

      – Méchinet! Méchinet!

      Un petit homme grisonnant, jovial et joufflu, accourut presque aussitôt et, bien vite, se mit à raconter comment un voisinétait venu le prévenir desévénements et du départ du juge d'instruction, et comment, n'écoutant que son zèle, il s'était mis en route, seul, à pied.

      – Comment allez-vous, monsieur, vous rendre à Boiscoran? demanda le maire à M. Galpin-Daveline.

      – Je l'ignore, Méchinet va se mettre en quête d'un moyen de locomotion.

      Prompt comme l'éclair, le greffier s'élançait déjà, M. Séneschal le retint.

      – Ne СКАЧАТЬ