The Collected Works of Oscar Wilde: 250+ Titles in One Edition. Оскар Уайльд
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СКАЧАТЬ ressemble à la lune, c’est tout … Rentrons Vous n’avez rien à faire ici.

      HÉRODE. Je resterai! Manassé, mettez des tapis là. Allumez des flambeaux. Apportez les tables d’ivoire, et les tables de jaspe. L’air ici est délicieux. Je boirai encore du vin avec mes hôtes. Aux ambassadeurs de César il faut faire tout honneur.

      HÉRODIAS. Ce n’est pas à cause d’eux que vous restez.

      HÉRODE. Oui, l’air est délicieux. Viens, Hérodias, nos hôtes nous attendent. Ah! j’ai glissé! j’ai glissé dans le sang! C’est d’un mauvais présage. C’est d’un très mauvais présage. Pourquoi y a-t-il du sang ici? … Et ce cadavre? Que fait ici ce cadavre? Pensez-vous que je sois comme le roi d’Égypte qui ne donne jamais un festin sans montrer un cadavre à ses hôtes? Enfin, qui est-ce? Je ne veux pas le regarder.

      PREMIER SOLDAT. C’est notre capitaine, Seigneur. C’est le jeune Syrien que vous avez fait capitaine il y a trois jours seulement.

      HÉRODE. Je n’ai donné aucun ordre de le tuer.

      SECOND SOLDAT. Il s’est tué lui-même, Seigneur.

      HÉRODE. Pourquoi? Je l’ai fait capitaine!

      SECOND SOLDAT. Nous ne savons pas, Seigneur. Mais il s’est tué lui-même.

      HÉRODE. Cela me semble étrange. Je pensais qu’il n’y avait que les philosophes romains qui se tuaient. N’est-ce pas, Tigellin, que les philosophes à Rome se tuent?

      TIGELLIN. Il y en a qui se tuent, Seigneur. Ce sont les Stoïciens. Ce sont de gens très grossiers. Enfin, ce sont des gens très ridicules. Moi, je les trouve très ridicules.

      HÉRODE. Moi aussi. C’est ridicule de se tuer.

      TIGELLIN. On rit beaucoup d’eux à Rome. L’empereur a fait un poème satirique contre eux. On le récite partout.

      HÉRODE. Ah! il a fait un poème satirique contre eux? César est merveilleux. Il peut tout faire … C’est étrange qu’il se soit tué, le jeune Syrien. Je le regrette. Oui, je le regrette beaucoup. Car il était beau. Il était même très beau. Il avait des yeux très langoureux. Je me rappelle que je l’ai vu regardant Salomé d’une façon langoureuse. En effet, j’ai trouvé qu’il l’avait un peu trop regardée.

      HÉRODIAS. Il y en a d’autres qui la regardent trop.

      HÉRODE. Son pére était roi. Je l’ai chassé de son royaume. Et de sa mère qui était reine vous avez fait une esclave, Hérodias. Ainsi, il était ici comme un hôte. C’était à cause de cela que je l’avais fait capitaine. Je regrette qu’il soit mort … Enfin, pourquoi avez-vous laissé le cadavre ici? Il faut l’emporter ailleurs. Je ne veux pas le voir … Emportez-le … [On emporte le cadavre.] Il fait froid ici. Il y a du vent ici. N’est-ce pas qu’il y a du vent?

      HÉRODIAS. Mais non. Il n’y a pas de vent.

      HÉRODE. Mais si, il y a du vent … Et j’entends dans l’air quelque chose comme un battement d’ailes, comme un battement d’ailes gigantesques. Ne l’entendez-vous pas?

      HÉRODIAS. Je n’entends rien.

      HÉRODE. Je ne l’entends plus moi-même. Mais je l’ai entendu. C’était le vent sans doute. C’est passé. Mais non, je l’entends encore. Ne l’entendez-vous pas? C’est tout à fait comme un battement d’ailes.

      HÉRODIAS. Je vous dis qu’il n’y a rien. Vous êtes malade. Rentrons

      HÉRODE. Je ne suis pas malade. C’est votre fille qui est malade. Elle a l’air très malade, votre fille. Jamais je ne l’ai vue si pâle.

      HÉRODIAS. Je vous ai dit de ne pas la regarder.

      HÉRODE. Versez du vin. [On apporte du vin.] Salomé, venez boire un peu de vin avec moi. J’ai un vin ici qui est exquis. C’est César lui-même qui me l’a envoyé. Trempez là-dedans vos petites lèvres rouges et ensuite je viderai la coupe.

      SALOMÉ. Je n’ai pas soif, tétrarque.

      HÉRODE. Vous entendez comme elle me répond, votre fille.

      HÉRODIAS. Je trouve qu’elle a bien raison. Pourquoi la regardez-vous toujours?

      HÉRODE. Apportez des fruits. [On apporte des fruits.] Salomé, venez manger du fruit avec moi. J’aime beaucoup voir dans un fruit la morsure de tes petites dents. Mordez un tout petit morceau de ce fruit, et ensuite je mangerai ce qui reste.

      SALOMÉ. Je n’ai pas faim, tétrarque.

      HÉRODE [à Hérodias] Voilà comme vous l’avez élevée, votre fille.

      HÉRODIAS. Ma fille et moi, nous descendons d’une race royale. Quant à toi, ton grand-père gardait des chameaux! Aussi, c’était un voleur!

      HÉRODE. Tu mens!

      HÉRODIAS. Tu sais bien que c’est la vérité.

      HÉRODE. Salomé, viens t’asseoir près de moi. Je te donnerai le trône de ta mère.

      SALOMÉ. Je ne suis pas fatiguée, tétrarque.

      HÉRODIAS. Vous voyez bien ce qu’elle pense de vous.

      HÉRODE. Apportez … Qu’est-ce que je veux? Je ne sais pas. Ah! Ah! je m’en souviens …

      LA VOIX D’IOKANAAN. Voici le temps! Ce que j’ai prédit est arrivé, dit le Seigneur Dieu. Voici le jour dont j’avais parlé.

      HÉRODIAS. Faites-le taire. Je ne veux pas entendre sa voix. Cet homme vomit toujours des injures contre moi.

      HÉRODE. Il n’a rien dit contre vous. Aussi, c’est un très grand prophète.

      HÉRODIAS. Je ne crois pas aux prophètes. Est-ce qu’un homme peut dire ce qui doit arriver? Personne ne le sait. Aussi, il m’insulte toujours. Mais je pense que vous avez peur de lui … Enfin, je sais bien que vous avez peur de lui.

      HÉRODE. Je n’ai pas peur de lui. Je n’ai peur de personne.

      HÉRODIAS. Si, vous avez peur de lui. Si vous n’aviez pas peur de lui, pourquoi ne pas le livrer aux Juifs qui depuis six mois vous le demandent?

      UN JUIF. En effet, Seigneur, il serait mieux de nous le livrer.

      HÉRODE. Assez sur ce point. Je vous ai déjà donné ma réponse. Je ne veux pas vous le livrer. C’est un homme qui a vu Dieu.

      UN JUIF. Cela, c’est impossible. Personne n’a vu Dieu depuis le prophète Élie. Lui c’est le dernier qui ait vu Dieu. En ce temps-ci, Dieu ne se montre pas. Il se cache. Et par conséquent il y a de grands malheurs dans le pays.

      UN AUTRE JUIF. Enfin, on ne sait pas si le prophète Élie a réellement vu Dieu. C’était plutôt l’ombre de Dieu qu’il a vue.

      UN TROISIÈME JUIF. Dieu ne se cache jamais. Il se montre toujours et dans toute chose. Dieu est dans le mal comme dans le bien.

      UN QUATRIÈME JUIF. Il СКАЧАТЬ