The Collected Works of Oscar Wilde: 250+ Titles in One Edition. Оскар Уайльд
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СКАЧАТЬ Arrière! J’entends dans le palais le battement des ailes de l’ange de la mort.

      LE JEUNE SYRIEN. Princesse, je vous supplie de rentrer!

      IOKANAAN. Ange du Seigneur Dieu, que fais-tu ici avec ton glaive? Qui cherches-tu dans cet immonde palais? … Le jour de celui qui mourra en robe d’argent n’est pas venu

      SALOMÉ. Iokanaan.

      IOKANAAN. Qui parle?

      SALOMÉ. Iokanaan! Je suis amoureuse de ton corps. Ton corps est blanc comme le lis d’un pré que le faucheur n’a jamais fauché. Ton corps est blanc comme les neiges qui couchent sur les montagnes, comme les neiges qui couchent sur les montagnes de Judée, et descendent dans les vallées. Les roses du jardin de la reine d’Arabie ne sont pas aussi blanches que ton corps. Ni les roses du jardin de la reine d’Arabie, ni les pieds de l’aurore qui trépignent sur les feuilles, ni le sein de la lune quand elle couche sur le sein de la mer … Il n’y a rien au monde d’aussi blanc que ton corps. — Laisse-moi toucher ton corps!

      IOKANAAN. Arrière, fille de Babylone! C’est par la femme que le mal est entré dans le monde. Ne me parlez pas. Je ne veux pas t’écouter. Je n’écoute que les paroles du Seigneur Dieu.

      SALOMÉ. Ton corps est hideux. Il est comme le corps d’un lépreux. Il est comme un mur de plâtre où les vipères sont passées, comme un mur de plâtre où les scorpions ont fait leur nid. Il est comme un sépulcre blanchi, et qui est plein de choses dégoûtantes. Il est horrible, il est horrible ton corps! … C’est de tes cheveux que je suis amoureuse, Iokanaan. Tes cheveux ressemblent à des grappes de raisins, à des grappes de raisins noirs qui pendent des vignes d’Edom dans le pays des Edomites. Tes cheveux sont comme les cèdres du Liban, comme les grands cèdres du Liban qui donnent de l’ombre aux lions et aux voleurs qui veulent se cacher pendant la journée. Les longues nuits noires, les nuits où la lune ne se montre pas, où les étoiles ont peur, ne sont pas aussi noires. Le silence qui demeure dans les forêts n’est pas aussi noir. Il n’y a rien au monde d’aussi noir que tes cheveux … Laisse-moi toucher tes cheveux.

      IOKANAAN. Arrière, fille de Sodome! Ne me touchez pas. Il ne faut pas profaner le temple du Seigneur Dieu.

      SALOMÉ. Tes cheveux sont horribles. Ils sont couverts de boue et de poussière. On dirait une couronne d’épines qu’on a placée sur ton front. On dirait un noeud de serpents noirs qui se tortillent autour de ton cou. Je n’aime pas tes cheveux … C’est de ta bouche que je suis amoureuse, Iokanaan. Ta bouche est comme une bande d’écarlate sur une tour d’ivoire. Elle est comme une pomme de grenade coupée par un couteau d’ivoire. Les fleurs de grenade qui fleurissent dans les jardins de Tyr et sont plus rouges que les roses, ne sont pas aussi rouges. Les cris rouges des trompettes qui annoncent l’arrivée des rois, et font peur à l’ennemi ne sont pas aussi rouges. Ta bouche est plus rouge que les pieds de ceux qui foulent le vin dans les pressoirs. Elle est plus rouge que les pieds des colombes qui demeurent dans les temples et sont nourries par les prêtres. Elle est plus rouge que les pieds de celui qui revient d’une forêt où il a tué un lion et vu des tigres dorés. Ta bouche est comme une branche de corail que des pécheurs ont trouvée dans le crépuscule de la mer et qu’ils réservent pour les rois … ! Elle est comme le vermillon que les Moabites trouvent dans les mines de Moab et que les rois leur prennent. Elle est comme l’arc du roi des Perses qui est peint avec du vermillon et qui a des cornes de corail. Il n’y a rien au monde d’aussi rouge que ta bouche … laisse-moi baiser ta bouche.

      IOKANAAN. Jamais! fille de Babylone! Fille de Sodome! jamais.

      SALOMÉ. Je baiserai ta bouche, Iokanaan. Je baiserai ta bouche.

      LE JEUNE SYRIEN. Princesse, princesse, toi qui es comme un bouquet de myrrhe, toi qui es la colombe des colombes, ne regarde pas cet homme, ne le regarde pas! Ne lui dis pas de telles choses. Je ne peux pas les souffrir … Princesse, princesse, ne dis pas de ces choses.

      SALOMÉ. Je baiserai ta bouche, Iokanaan.

      LE JEUNE SYRIEN. Ah! [Il se tue et tombe entre Salomé et Iokanaan.]

      LE PAGE D’HÉRODIAS. Le jeune Syrien s’est tué! le jeune capitaine s’est tué! Il s’est tué, celui qui était mon ami! Je lui avais donné une petite boîte de parfums, et des boucles d’oreilles faites en argent, et maintenant il s’est tué! Ah! n’a-t-il pas prédit qu’un malheur allait arriver? … Je l’ai prédit moi-même et il ut arrivé. Je savais bien que la lune cherchait un mort, mais je ne savais pas que c’était lui qu’elle cherchait. Ah! pourquoi ne l’ai-je pas caché de la lune? Si je l’avais caché dans une caverne elle ne l’aurait pas vu.

      LE PREMIER SOLDAT. Princesse, le jeune capitaine vient de se tuer.

      SALOMÉ. Laisse-moi baiser ta bouche, Iokanaan.

      IOKANAAN. N’avez-vous pas peur, fille d’Hérodias? Ne vous ai-je pas dit que j’avais entendu dans le palais le battement des ailes de l’ange de la mort, et l’ange n’est-il pas venu?

      SALOMÉ. Laisse-moi baiser ta bouche.

      IOKANAAN. Fille d’adultère, il n’y a qu’un homme qui puisse te sauver. C’est celui dont je t’ai parlé. Allez le chercher. Il est dans un bateau sur la mer de Galilée, et il parle à ses disciples. Agenouillez-vous au bord de la mer, et appelez-le par son nom. Quand il viendra vers vous, et il vient vers tous ceux qui l’appellent, prosternez-vous à ses pieds et demandez-lui la rémission de vos péchés.

      SALOMÉ. Laisse-moi baiser ta bouche.

      IOKANAAN. Soyez maudite, fille d’une mère incestueuse, soyez maudite.

      SALOMÉ. Je baiserai ta bouche, Iokanaan.

      IOKANAAN. Je ne veux pas te regarder. Je ne te regarderai pas. Tu es maudite, Salomé, tu es maudite. [Il descend dans la citerne.]

      SALOMÉ. Je baiserai ta bouche, Iokanaan, je baiserai ta bouche.

      LE PREMIER SOLDAT. Il faut faire transporter le cadavre ailleurs. Le tétrarque n’aime pas regarder les cadavres, sauf les cadavres de ceux qu’il a tués lui-même.

      LE PAGE D’HÉRODIAS. Il était mon frère, et plus proche qu’un frère. Je lui ai donné une petite boîte qui contenait des parfums, et une bague d’agate qu’il portait toujours à la main. Le soir nous nous promenions au bord de la rivière et parmi les amandiers et il me racontait des choses de son pays. Il parlait toujours très bas. Le son de sa voix ressemblait au son de la flûte d’un joueur de flûte. Aussi il aimait beaucoup à se regarder dans la rivière. Je lui ai fait des reproches pour cela.

      SECOND SOLDAT. Vous avez raison; il faut cacher le cadavre. Il ne faut pas que le tétrarque le voie.

      PREMIER SOLDAT. Le tétrarque ne viendra pas ici. Il ne vient jamais sur la terrasse. Il a trop peur du prophète.

      [Entrée d’Hérode, d’Hérodias et de toute la cour.]

      HÉRODE. Où est Salomé? Où est la princesse? Pourquoi n’est-elle pas retournée au festin comme je le lui avais commandé? ah! la voilà!

      HÉRODIAS. Il ne faut pas la regarder. Vous la regardez toujours!

      HÉRODE. La lune a l’air très étrange ce soir. N’est-ce pas que la lune a l’air très étrange? On dirait une femme hystérique, une femme hystérique qui va cherchant des amants partout. Elle est nue aussi. Elle est toute nue. Les СКАЧАТЬ