Robert Burns. Angellier Auguste
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Название: Robert Burns

Автор: Angellier Auguste

Издательство: Public Domain

Жанр: Зарубежная классика

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СКАЧАТЬ l'entassement de pensées, de visions, de motifs poétiques, qui font paraître les autres pièces creuses à côté de la sienne.

      Le second titre de Robert Semple à la position qu'il occupe dans la poésie de sa contrée, c'est que, pour traiter un sujet nouveau, il a, selon toute apparence, inventé une strophe nouvelle179. Tout au moins, il a employé une strophe qu'on ne retrouve pas au delà de lui. Ce n'est plus la strophe à huit vers de À la Fête de Peebles, la strophe régulière, adaptée aux récits et aux descriptions. C'est une strophe plus courte, plus alerte, avec des mouvements et des flexibilités intérieures. Elle se compose de trois vers de quatre pieds qui riment ensemble, d'un vers de deux pieds de rime différente, d'un vers de quatre pieds qui rime avec les trois premiers, et d'un autre de deux pieds qui rime avec son compagnon. En voici le modèle français calqué sur la première strophe de la Vision de Burns.

      Le soleil clôt un jour sauvage,

      Les curlers rentrent au village,

      Et le lièvre affamé s'engage

      Dans les vergers,

      Où la neige marque, au passage,

      Ses bonds légers180.

      On peut la comparer avec l'autre strophe, dont la copie suivante, d'après le début de la Sainte-Foire de Burns, peut donner l'idée.

      Un matin d'été calme et pur,

      Un dimanche, à ma guise,

      Je sortis pour voir le blé mûr

      Et respirer la brise.

      Le soleil semait de rayons

      Les campagnes muettes;

      Les lièvres couraient les sillons,

      L'air chantait d'alouettes,

      En ce jour-là181.

      Tandis que l'ancienne strophe, sous le long manteau à plis droits des huit vers uniformes, s'avance tout d'une pièce, sans détails dans la marche, la strophe nouvelle, prise à la taille et retroussée, est plus vive et plus preste. Elle est plus souple, elle saute aisément d'un sentiment à l'autre. Sa fortune a été rapide et grande dans la littérature écossaise. Elle remplit une partie de l'œuvre d'Allan Ramsay et la majeure partie de celle de Fergusson. Elle convenait particulièrement au génie nerveux, agile et rapide de Burns. Il l'a employée dans une quantité de pièces de sa meilleure époque: l'Élégie de la Brebis Mailie, la Mort et le Docteur Hornbook, les Deux Pasteurs ou la Sainte-Querelle, la Prière de Saint Willie, l'Adresse au Diable, la Vision, l'Élégie de Tam Samson, ses pièces à une Marguerite et à une Souris, l'Adresse du Fermier à sa vieille Jument, et dans une foule d'autres morceaux; toutes ses épîtres importantes sont écrites dans cette strophe. On peut dire qu'elle a servi à un grand tiers de son œuvre.

      Aussi, en ces récentes années, les Écossais ont proclamé ce que leur littérature doit à l'Élégie de Robert Semple, en plaçant au fronton de l'école paroissiale de Kilbarchan le buste du vieux joueur de cornemuse182. Un autre service que Robert Semple rendit à la poésie écossaise fut d'avoir son fils Francis Semple, le troisième de cette famille de poètes. Il a laissé quelques-uns des modèles les plus humoristiques du genre de poésies que nous retraçons. Ses Joyeuses fiançailles sont une description de mariage rustique à la manière du Mariage de Jok et Jynny, mais avec plus de mouvement et de verve comique. Il retrouva la gaîté robuste qui enlève les strophes de Jacques I.183

      Ce tableau des formes que s'est successivement créées la poésie écossaise et dans lesquelles elle s'est développée, ne serait pas complet si l'on omettait celles dont l'a enrichie William Hamilton de Gilbertfield. C'était un ancien lieutenant de l'armée, retiré à la campagne, où il se distrayait par des essais littéraires. Sa réputation est fondée sur deux choses.

      Il a appliqué la strophe de Francis Semple à l'épître familière, pour laquelle elle paraît faite spécialement, se prêtant à l'allure libre d'une causerie. Il adressa, sous cette forme, à Allan Ramsay, une lettre d'admiration, quelque chose comme la lettre de Lamartine à Byron, ou de Musset à Lamartine, sauf qu'ici l'admiration vient d'un homme plus âgé, s'en va pédestrement, en gros bas de laine, et parle patois. Il en résulta, entre les deux poètes, un échange d'épîtres plaisantes et cordiales184. La mode s'en est répandue après eux parmi les poètes écossais, et l'épître familière a pris chez eux l'importance d'un genre littéraire. Il s'en trouve dans Fergusson. C'est d'après cette tradition que Burns a écrit sa première Épître à Lapraik qu'il ne connaissait que pour avoir entendu chanter une de ses chansons. C'est ainsi qu'il reçut à son tour une épître de Willie Simpson, poète et maître d'école à Ochiltree, à laquelle il répondit, comme Ramsay avait répondu à Gilbertfield. C'est à cette occasion qu'ont été écrites presque toutes ses épîtres, les plus considérables tout au moins, et celles qui contiennent le plus de renseignements sur sa vie.

      Le second titre de Gilbertfield à l'attention est un poème intitulé Les dernières paroles mourantes du brave Heck, un lévrier fameux dans le comté de Fife. Un pauvre chien, qu'on va pendre parce qu'il est vieux, se remémore avec tristesse les jours où il était souple et rapide; il se rappelle les poursuites ardentes après les lièvres pendant des journées entières. Il y a, dans son étonnement d'être maintenant condamné et dans sa résignation, quelque chose de navrant, comme les regards doux et soumis que les chiens adressent à leur maître alors même qu'il les assomme.

      Sur le Moor du Roi, sur la plaine de Kelly,

      Où de bons forts lièvres détalent roide,

      Si habilement je bondissais

      Avec fond et vitesse;

      Je gagnais la partie, avant eux tous,

      Net et clair.

      Je courais aussi bien par tous terrains,

      Oui, même parmi les rocs d'Ardry,

      J'attrapais les lièvres par les fesses

      Ou par le cou,

      Là où rien ne les atteignait que les fusils

      Ou le brave Heck.

      J'étais rusé, fin et finaud,

      Avec mon vieux malin camarade Pash,

      Personne n'aurait pu nous payer avec de l'argent,

      À quelques égards;

      Ne sont-ils pas damnablement durs

      Ceux qui pendent le pauvre Heck?

      J'étais un chien dur et hardi,

      Bien que je grisonne, je ne suis pas vieux;

      Quelqu'un peut-il me dire

      Ce que j'ai fait de mal?

      Me jeter des pierres avant que je sois refroidi,

      Cruelle action!185

      Ce poème intéresse Burns parce qu'il a manifestement inspiré une de ses premières productions, La mort et les dernières paroles de la pauvre Mailie, l'unique brebis favorite du poète. Le sujet est traité d'une manière différente, et il est, dans Burns, autrement dramatique, autrement chargé de vie. Mais le seul rapprochement des deux titres indique assez la filiation.

      Bien que Le brave Heck soit un curieux petit poème, et que les épîtres à Ramsay soient, pour la vivacité et l'imprévu des drôleries, égales sinon supérieures aux réponses, СКАЧАТЬ



<p>179</p>

J. Grant Wilson. The Poets and Poetry of Scotland, p. 82. – J. Clark Murray. The Ballads and Songs of Scotland, p. 185.

<p>180</p> The sun had closed the winter day,The curlers quat their roaring play,And hunger'd maukin ta'en her wayTo kail-yards green,While faithless snaws ilk step betrayWhare she has been.
<p>181</p> Upon a simmer sunday morn,When nature's face is fair,I walked forth to view the corn,And snuff the caller air.The rising sun owre Galston muirs,Wi' glorious light was glintin';The hares were hirplin' down the furs,The lav'rocks they were chantin'Fu' sweet that day.
<p>182</p>

Miscellany of Popular Scottish Poems de Chambers, la notice qui précède le poème.

<p>183</p>

Sur Francis Semple, voir Irving, History of Scotish Poetry, p. 578-81. —The Blythsome Bridal se trouve dans the Book of Scottish Poems de J. Ross, – dans the Poets and Poetry of Scotland, J. Grant Wilson le donne également, avec deux autres pièces célèbres du même auteur, She rose and loot me in, et Maggie Lauder; mais ces dernières sont des chansons.

<p>184</p>

Les épîtres d'Hamilton de Gilbertfield à Ramsay se trouvent dans les éditions de Ramsay, avec les réponses de celui-ci. – J. Grant Wilson les reproduit dans the Poets and Poetry of Scotland.

<p>185</p>

On trouvera The Last Dying Words of Bonny Heck dans le recueil de J. Ross, The Book of Scottish Poems.