Robert Burns. Angellier Auguste
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Название: Robert Burns

Автор: Angellier Auguste

Издательство: Public Domain

Жанр: Зарубежная классика

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СКАЧАТЬ le retour des couples le soir, avec quelques plaisanteries appropriées. C'est le plan de la Foire de la Toussaint et des Courses de Leith de Fergusson; c'est exactement celui de la Foire-Sainte de Burns. On a souvent dit que ce poème était imité des Courses de Leith. C'est plus haut qu'il convient de remonter, car la pièce de Fergusson est elle-même calquée sur les deux vieux poèmes.

      Ils ont de plus fourni la strophe dans laquelle, avec de légers changements, toute cette suite de tableaux est écrite. C'est une strophe de dix vers: les huit premiers sont des vers de quatre pieds et de trois pieds, alternés; les vers de quatre pieds riment entre eux, et ceux de trois entre eux aussi; le neuvième vers ne compte qu'un pied, il ne rime pas, il sert à détacher le refrain de la strophe et à le faire claquer à part. Ce refrain a trois pieds dans À la Fête de Peebles, et quatre dans À Christ's Kirk sur le pré; il ne rime pas, mais il est le même à travers tout le morceau. Voici à peu près l'effet de cette strophe, d'après une de celles de À Christ's Kirk sur le pré; c'est une imitation qui n'a aucune prétention à l'exactitude.

      Le grand Hugh saisit son bâton,

      Et va dans la bagarre;

      Il tape dans le peloton,

      Criant qu'on se sépare;

      Fol qui se mêle en hanneton

      À pareil tintamarre;

      Quand il eut reçu son horion,

      Alors il cria: «Gare!

      Je meurs!»

      À Christ's Kirk sur l'herbe du pré168.

      Allan Ramsay, dans la continuation qu'il donna de ce poème, employa la même strophe avec un léger changement. Il fit disparaître le dixième vers et transporta le refrain au neuvième, qu'il allongea d'un pied. Mais il conserva les deux rimes pour les huit premiers. Voici un exemple de cette strophe ainsi modifiée:

      À l'est du ciel, l'aube clignote,

      Et les coqs de chanter;

      Le fermier ouvre l'œil et rote,

      Commence à s'étirer;

      La fermière se lève et trotte,

      Et commence à crier;

      Les gars sautent sur leur culotte,

      Et les chiens d'aboyer,

      Ce matin-là169.

      La strophe de Fergusson diffère encore un peu plus de la strophe initiale. Elle n'a elle aussi que neuf vers. Les huit premiers sont également de quatre et de trois pieds alternés. Les vers de quatre pieds riment entre eux, et ceux de trois entre eux également, mais, au lieu des deux rimes uniques qui maintiennent toute la strophe, il y en a quatre, en sorte que la strophe est en réalité coupée en deux. Le petit vers d'un pied est supprimé, et le refrain le remplace, raccourci, car il n'a généralement que deux pieds.

      Le rustaud John, en bonnet bleu,

      En habits du dimanche,

      Court après Meg ainsi qu'au feu,

      Et baise sa peau blanche;

      Elle, narquoise, dit «Vilain!

      Garde pour toi ta bouche.»

      Il comprend, quelques sols en main

      La rendent moins farouche,

      Pour ce jour-là170.

      C'est de cette strophe-ci que Burns fit usage. On en trouvera plus loin un exemple tiré de lui. Celle de James I nous semble supérieure; elle est plus savante, plus difficile, mieux ramassée, et elle lance le refrain avec plus de nerf, après le petit arrêt. Mais c'est en somme la même forme et la même allure, courte et rapide. Enfin les deux vieux poèmes ont transmis à ceux qui les ont suivis quelque chose de plus subtil et de plus précieux, leur esprit d'observation exacte, leur gaîté, leur ironie, leur franchise de touche, leur besoin de mouvement et d'action, leur goût de terroir. Ces deux pièces sont donc importantes. Elles sont le point de départ et le modèle de toute une série de poèmes populaires qui aboutissent aux chefs-d'œuvre de Burns, et dont la filiation se suit très bien.

      En dépit de l'autorité de M. Veitch, il ne nous semble pas que cette filiation s'établisse d'aucune façon à travers les deux poèmes intitulés: Les Trois contes des Trois prêtres de Peebles, et Les Frères de Berwick171. Ceux-ci ne ressemblent aux pièces que nous avons vues, ni par le choix du sujet rustique et purement écossais, ni par le vers court-vêtu et leste, ni par l'élan lyrique de la strophe, ni par la promptitude et l'allure du récit. Ce sont des histoires étendues et diffuses, se traînant péniblement en vers de dix pieds, sans strophes, de longs fabliaux à la façon du Moyen-Âge, avec digressions morales, satires contre le clergé et allégories172. Le premier raconte un mauvais tour joué par un clerc à un prêtre. Le second se compose de trois histoires morales que trois prêtres de Peebles se racontent, pour se faire mutuellement plaisir. Dans la première de ces histoires, un roi, dans son Parlement assemblé, propose aux trois états trois questions: Pourquoi la famille d'un riche bourgeois ne prospère jamais jusqu'à la troisième génération? Pourquoi les nobles actuels sont-ils tellement dégénérés de leurs ancêtres? Pourquoi le clergé n'est-il plus doué du pouvoir de faire des miracles? On voit toute la distance qu'il y a de ces lentes productions «à tendance morale173» aux joyeux petits poèmes écossais.

      C'est par ailleurs qu'il faut aller pour suivre ce filon de poésie nationale. On sent qu'il se prolonge sous le sol. Çà et là des affleurements le trahissent. Si nous avions à indiquer les traces qui en marquent la continuité et la direction, nous choisirions la pièce de Dunbar Aux marchands d'Édimbourg qui fait penser aux pièces citadines de Fergusson; nous prendrions surtout les deux pièces anonymes intitulées Le Mariage de Jok et Jynny, et La Femme d'Auchtermuchty174. Dans la première, la mère de Jynny énumère à Jok ce que sa fille lui apportera en mariage, et Jok déroule devant la mère de Jynny ce qu'il apporte de son côté. C'est un long inventaire burlesque des deux apports qui, mis ensemble, ne montent pas à beaucoup plus que rien. La drôlerie gît dans la longueur de l'interminable énumération, coupée par le refrain où les noms de Jynny et Jok reviennent accouplés, et claquent l'un contre l'autre comme en de rudes baisers rustiques. La femme d'Auchtermuchty raconte la querelle d'un laboureur avec sa femme.

      À Auchtermuchty, vivait un homme,

      Un mari, à ce qu'on m'a dit,

      Qui savait bien boire à un pot,

      Et n'aimait ni la faim ni le froid.

      Il arriva qu'une fois, un jour,

      Il conduisit la charrue dans la plaine,

      Si cela est vrai, à ce qu'on m'a dit,

      Le jour était mauvais par vent et pluie175.

      Quand il rentre chez lui le soir, mouillé et glacé, il trouve sa femme assise au coin du feu. Rien n'est prêt pour lui ni ses bêtes; pas d'avoine pour son cheval, pas de foin ni de paille pour son bœuf. Il entre en colère et dit que les choses iraient bien mieux si elles étaient réglées par lui. La commère le prend au mot.

      Dit-il: «où est le grain de mes chevaux?

      Mon bœuf n'a ni foin, ni paille,

      Femme, tu iras à la charrue, demain,

      Je serai ménagère, si cela se peut».

      «Époux, dit-elle, je veux bien

      Prendre СКАЧАТЬ



<p>168</p> Heich Hucheon, with ane hissel ryse,To red can through them rummill;He muddlet them down, like any mice,He was no batie-bummil:Through he was wight, he was not wise,With such jangleris to jummil;For frae his thumb they dang a slice,While he cried barla-fummill,I'm slain,At Christ's Kirk on the green, that day.(Christ's Kirk on the Green, Stanza XVI.)
<p>169</p> Now frae th' east nook o' Fife the dawnSpeel'd westlines up the lift,Carles wha heard the cock had crawnBegoud to rax and rift;An' greedy wives wi' girning thrawn,Cry'd lasses up to thrift;Dogs barked, an' the lads frae handBang'd to their breeks like drift,Be break o' day.(A. Ramsay. Christ's Kirk on the Green, Cant. III, Stanza I).
<p>170</p> Here country John, in bonnet blue,An' eke his Sunday's claes on,Rins after Meg wi' rokelay new,An' sappy kisses lays on;She'll tauntin' say, «Ye silly coof!Be o' your gab mair sparin».He'll take the hint, and creish her loofWi' what will buy her fairin',To chow that day.R. Fergusson. Hallowfair, Stanza II.
<p>171</p>

Veitch. History and Poetry of the Scottish Borders, chap. X, p. 312 et suivantes.

<p>172</p>

Les deux poèmes se trouvent dans The Book of Scottish Poems de J. Ross.

<p>173</p>

Irving. History of Scotish Poetry, p. 303 et suiv.

<p>174</p>

On trouvera ces deux pièces dans le recueil de J. Ross The Book of Scottish Poems. Dans le petit recueil de Chambers, Popular Scottish Poems, on trouve aussi La Femme d'Auchtermuchty.

<p>175</p>

The Wife of Auchtermuchty, Stanza I.