Robert Burns. Angellier Auguste
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Название: Robert Burns

Автор: Angellier Auguste

Издательство: Public Domain

Жанр: Зарубежная классика

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СКАЧАТЬ dedans et dehors.»

      La pièce est le récit de toutes les maladresses qu'il commet. Il trébuche à chaque pas dans quelque mésaventure. Il lâche les oisons qui s'en vont à sept, un milan s'abat qui en mange cinq. Aux cris des oisons, il accourt; pendant ce temps les veaux s'échappent. Il se met à la baratte et bat le beurre jusqu'à en suer; quand il s'est démené une heure, du diable s'il y a une miette de beurre; il a si bien échauffé le lait que celui-ci ne veut plus se cailler. Il met le pot sur le feu, puis il prend deux brocs pour aller chercher l'eau, quand il revient le pot est brûlé. Il court aux enfants; ils sont barbouillés jusqu'aux yeux; il veut aller laver ses draps, le ruisseau les emporte. Si bien que, le soir, il demande pardon à sa femme, confus, humilié, découragé, rompu.

      Dit-il: «j'abandonne mon office

      Pour le reste de mes jours,

      Car je mettrais la maison à la côte,

      Si j'étais vingt jours ménagère…»

      Dit-elle: «tu peux bien garder la place,

      Car bien sûr je ne la reprendrai pas»;

      Dit-il: «le démon saisisse ta face menteuse,

      Tu seras bien contente de la ravoir.»

      Alors elle empoigna un gros bâton,

      Et le brave homme fit un pas vers la porte,

      Dit-il: «Femme je me tairai,

      Car si on se bat j'aurai mon affaire.»

      Dit-il: «Quand j'abandonnai ma charrue,

      Je m'abandonnai moi-même.

      Je vais retourner à ma charrue,

      Car cette maison et moi nous ne nous entendrons jamais.176»

      La donnée de cette pièce est un peu enfantine sans doute; il est difficile en outre de ne pas y discerner je ne sais quel arrière-goût d'origine étrangère. On dirait plutôt le sujet goguenard d'un fabliau français. Mais les détails sont écossais jusqu'au moindre. Bien que les strophes n'aient pas de refrain, elles conservent cependant l'allure légère et lyrique de ces petits poèmes.

      Pendant le XVIIe siècle, cette branche de poésie fleurit et se développa singulièrement dans une même famille de propriétaires, fermiers du Renfrewshire, les Semple de Beltree. Le premier d'entre eux, Sir James Semple, est l'auteur d'un long poème satirique contre la papauté, intitulé Un cure-dent pour le Pape ou le Pater noster du Colporteur; c'est une longue discussion théologique, en forme de dialogue entre un colporteur et un prêtre. Elle ne relève pas du genre qui nous occupe. C'est un pamphlet religieux en vers177. Mais le fils de Sir James, Robert Semple de Beltree, qui naquit vers 1599 et mourut vers 1670, est un personnage important dans la poésie populaire écossaise. Il l'est pour deux motifs.

      Le premier, c'est qu'il a donné le modèle de ces fausses élégies qui feignent de déplorer la mort d'une personne encore vivante, ou dont la mort est trop lointaine ou trop indifférente pour causer un vrai chagrin. C'est une parodie de lamentation, où, sur un ton moitié attendri, moitié railleur, les qualités et les défauts du défunt sont rappelés avec bonne humeur. C'est, en plus grand et avec une forme lyrique, ce que sont les épitaphes qui tournent à l'épigramme. Mais tandis que celles-ci, à cause de leur forme brève et brutale d'inscriptions, sont souvent cruelles, ces oraisons funèbres burlesques fournissent à la pensée assez d'espace pour que le rire et l'émotion s'y mêlent, s'y poursuivent et s'y jouent. Il est superflu de dire qu'on ne revendique pas pour Robert Semple l'honneur d'avoir inventé cette forme littéraire, mais le mérite, tout local, de l'avoir introduite dans la littérature de son pays. Il faut y ajouter celui de lui avoir donné d'emblée les qualités qui en ont fait une spécialité écossaise: la bonhomie, la familiarité, l'émotion railleuse, et une forte observation locale dont la saveur pénètre tout. Cela fait penser à ces gâteaux écossais faits de farine d'avoine où, malgré les ingrédients étrangers, domine toujours le goût du sol.

      L'élégie de Robert Semple gémit sur le trépas d'un de ces joueurs de cornemuse, alors répandus dans le pays, qui vivait dans le petit hameau de Kilbarchan. Elle est connue, pour cette raison, sous le nom de Le Cornemusier de Kilbarchan. Pour quiconque a vu un cornemusier se promener, un jour de fête, avec sa cornemuse pavoisée de petits drapeaux, le titre seul est un tableau.

      Ceci est l'épitaphe de Habbie Simson,

      Qui, sur son bourdon, portait de jolis drapeaux.

      Ses joues devenaient rouges comme cramoisi,

      Et il se démenait quand il soufflait dans sa peau.

      C'est, comme on peut le prévoir, l'éloge des qualités et des talents professionnels du défunt, et l'énumération de ce que les Foires, les Mariages, les Fêtes perdent à ne plus l'avoir. C'est l'œuvre d'un esprit facile, élégant, mais dont la verve et la sève sont bien moins riches que celles de l'auteur de À la Fête de Peebles.

      Aux représentations, quand il arrivait,

      Sa cornemuse accompagnait lestement le tambour,

      Comme des essaims d'abeilles, il la faisait bourdonner,

      Et il accordait son chalumeau.

      Maintenant tous nos cornemusiers peuvent être muets,

      Puisque Habbie est mort.

      Et aux courses de chevaux maintefois,

      Devant le noir, le bai, le gris-pommelé,

      Comme sa cornemuse, quand il jouait,

      Piaillait et piaulait,

      Maintenant ces passe-temps sont bien loin,

      Puisque Habbie est mort.

      La pièce se termine par un joli trait, à moitié pittoresque et à moitié mélancolique.

      Quand il jouait, les enfants s'attroupaient,

      Quand il parlait, le vieux, il balbutiait;

      Les dimanches, son bonnet avait une plume,

      Bel ornement;

      Il attachait sa jument dans le cimetière,

      Où il repose mort.

      Hélas! pour lui mon cœur est navré,

      Car j'ai eu ma part de ses airs de danse,

      Aux Jeux, aux Courses, aux Fêtes, aux Foires,

      Sans malice, ni envie.

      N'espérons plus des airs de cornemuse,

      Puisque Habbie est mort.178

      Cette pièce a donné lieu à un grand nombre d'imitations, et l'élégie comique est, dès lors, devenue un genre favori des poètes écossais. Ramsay a écrit l'Élégie de Maggy Johnstoun, une cabaretière qui vendait une petite bière blanche, claire et grisante, dans une ferme aux abords d'Édimbourg; l'Élégie de John Cowper, le greffier du trésorier de la paroisse; l'Élégie de Lucky Wood, une autre cabaretière, dont la personne et la maison étaient nettes et honnêtes; l'Élégie de Patie Birnie, violoneux, pure transcription du Cornemusier. Fergusson a écrit l'Élégie de David Gregory, professeur de mathématiques à l'Université de Saint-Andrews; l'Élégie de John Hogg, portier de ladite Université; et même l'Élégie de la Musique Écossaise, qui est sa meilleure. C'est en continuant dans cette voie que Burns a écrit son Élégie de Tam Samson, joyeux compagnon, grand pêcheur, grand chasseur et grand joueur de curling. Il a employé exactement le même cadre. Mais, ici comme ailleurs, il y a mis un tableau brossé avec une autre vigueur de main. L'élégie de Robert Semple, gracieuse et СКАЧАТЬ



<p>176</p>

The Wife of Auchtermuchty, la fin.

<p>177</p>

Voir Irving. History of Scotish Poetry, p. 569-72. Il donne des extraits du poème de Sir James Semple.

<p>178</p>

Voir sur Robert Semple: Irving, History of Scotish Poetry, p. 573-77. Irving donne l'élégie en entier. Elle se trouve également dans le petit recueil de Chambers, Miscellany of Popular Scottish Poems.