Les français au pôle Nord. Boussenard Louis,
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Название: Les français au pôle Nord

Автор: Boussenard Louis,

Издательство: Public Domain

Жанр: Зарубежная классика

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СКАЧАТЬ immergée heurtât, dans son mouvement de rotation, la coque…

      La masse de bois gémit et semble près de se désarticuler. Les mâts oscillent, craquent jusque dans leur emplanture et menacent de venir en bas.

      Un faux mouvement, une seconde d'hésitation, un de ces incidents qui déroutent les prévisions humaines, et c'en est fait!

      La Gallia soulevée, puis brusquement jetée sur un de ses bords, va chavirer sur place.

      Un frisson rapide secoue les plus braves qui se cramponnent machinalement au premier objet venu, et jettent sur leur chef un regard angoissé.

      Le capitaine a vu et pressenti le danger.

      Impassible au milieu du cataclysme d'où surgit une effroyable menace d'anéantissement, il s'écrie d'une voix qui domine le tonnerre des glaces et le rugissement des flots:

      «Tiens bon, matelots!

      «La barre à bâbord!.. toute!..»

      Puis, il met la main sur le télégraphe de la machine, et commande:

      «A toute vapeur!»

      Pour la seconde fois l'organisme de bois et de métal frémit, et une poussée furieuse le projette d'arrière en avant.

      Pendant un instant bien court et qui paraît affreusement long, chacun entend la fausse quille racler la glace, et l'hélice tourbillonner à vide.

      Cela dure huit ou dix secondes à peine, mais quel moment terrible!

      Et brusquement, la Gallia qui, chose à peine croyable, a glissé sur l'obstacle, comme sur le plan incliné d'un chantier, se trouve soulevée par l'arrière, pique de l'avant et menace de s'abîmer.

      Par bonheur, l'iceberg est franchi au moment où la lame s'abat sur le gaillard d'avant.

      En un clin d'œil le spardeck se trouve submergé. Les matelots, qui étreignent les haubans, les étais, et tout ce qui peut leur donner prise, enflent le dos sous cette formidable douche. Les chiens, par bonheur attachés solidement, poussent un hurlement lugubre.

      La goélette, un moment alourdie, s'enfonce, puis se redresse à mesure que l'eau embarquée s'écoule par les dallots. Le pont est si parfaitement étanche que pas une goutte n'a pénétré dans l'intérieur.

      La téméraire mais admirable manœuvre de son capitaine l'a sauvée!

      «Pas de bobo! crie une voie joyeuse… la douche est seulement un peu fraîche…»

      Mais un cri lugubre qui terrifie les plus braves interrompt soudain la plaisanterie de Plume-au-Vent.

      «Un homme à la mer!

      – Paraît qu'y en a un qu'en a pas eu assez, reprend l'enragé loustic en se dépouillant de sa veste fourrée.

      «Il fait pourtant un peu frisquet, pour s'offrir un bain froid.

      «L'animal est capable de me faire piger un rhume de cerveau.

      – Stop!»

      Pendant que la goélette marche encore sur son erre, un canot est armé.

      La bouée de sauvetage a déjà été lancée à la mer.

      A cinquante mètres, on aperçoit un homme qui se débat convulsivement, près d'être englouti.

      «Mais il va y rester!..

      «Y barbotte comme quelqu'un ne sachant pas nager, reprend le Parisien… un amateur, quoi!

      «A moi de faire le terre-neuve!»

      Et le voilà, sans plus tarder, debout sur la lisse, piquant, par principe, une tête superbe, sans paraître songer à ce froid atroce de 20°.

      «Courage! Parisien… courage!..» crient les camarades, pendant que le vapeur s'éloigne encore, et avant que le canot ait glissé sur ses palans.

      Et il va, l'intrépide sauveteur, filant comme un poisson sur les flots glacés, se dressant parfois jusqu'à mi-corps, pour chercher la place où se débat le malheureux.

      Il l'aperçoit enfin, à une trentaine de mètres, n'ayant plus la force de se mouvoir, déjà raidi par le froid, et pouvant à peine râler un appel suprême.

      «Au… secours!

      – Mais il a manqué la bouée, grogne le Parisien.

      «Croche donc la bouée!.. cachalot en détresse!

      «Bon le v'là qui coule!»

      En cinq ou six brasses Plume-au-Vent arrive au point où l'autre a disparu. Il plonge à deux reprises et reparaît enfin, nageant d'une main et hâlant de l'autre la fourrure dans laquelle s'agite faiblement le pauvre diable.

      Par bonheur, la bouée a dérivé à portée de sa main.

      Il s'y accroche, à bout de force et d'haleine, mais joyeux toujours, joyeux par caractère, et plus encore du devoir accompli.

      «Et tu sais, faut pas faire des manières et essayer de me faire boire un coup… sinon, je recommence à taper, comme tout à l'heure, là-dessous, chez les phoques.»

      Puis un éclat de rire s'échappe de ses lèvres violacées.

      «Diable m'emporte! C'est Constant Guignard, dit-il en reconnaissant l'homme qu'il vient d'arracher à la mort.

      «Guignard… le bien nommé… vrai!.. quelle guigne!..

      «Ohé! du canot!.. ohé!.. par ici… s. v. p…! dépêchez-vous… je crois qu'on a oublié le robinet d'eau chaude.»

      L'embarcation, qui volait sur les flots, arrive en ce moment.

      Le Parisien, transi jusqu'aux moelles, claquant des dents, raide comme un glaçon, mais blaguant quand même, est hissé à bord en même temps que l'autre, cramponné à la bouée avec l'inconsciente énergie des noyés.

      Le maître, Guénic, est à la barre.

      «Tiens, petit, dit-il au sauveteur en lui tendant une vaste et chaude fourrure, entortille-toi là dedans.

      – C'est pas de refus, maître, vu que… ça doit être un déplorable métier que celui de phoque dans ces parages.

      – Et siffle-moi ça, continue le maître en lui offrant une bouteille pleine d'un liquide ambré.

      «C'est du vrai lait de tigre, mon gars, de la pure essence de vitriol… ça te réchauffera.

      «Et puis, tu sais, petit, ajoute le vieux marin d'une voix attendrie, t'es un matelot… un vrai… je m'y connais.»

      Pendant ce temps, Constant Guignard, frictionné à tour de bras, ouvrait lentement des yeux atones et demeurait incapable de prononcer un mot.

      «Allons, mon pauvre vieux, reprend le Parisien après une ample rasade, sirote aussi une bonne goutte.

      «C'est souverain contre les pâmoisons…

      «Ben СКАЧАТЬ