Vie de Christophe Colomb. Baron de Pierre-Marie-Joseph Bonnefoux
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Название: Vie de Christophe Colomb

Автор: Baron de Pierre-Marie-Joseph Bonnefoux

Издательство: Public Domain

Жанр: Зарубежная классика

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isbn: http://www.gutenberg.org/ebooks/30922

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СКАЧАТЬ son second fils Fernand.

      Le digne supérieur laissa éclater toute la peine qu'il ressentait, en voyant son ami venir frapper encore une fois à la porte du couvent après une absence de sept ans écoulés dans les angoisses de la sollicitation, et en s'apercevant, par son extérieur peu satisfait et par ses humbles vêtements, qu'il était loin d'être heureux ou opulent; mais, quand il eut appris que c'était un adieu définitif qu'il venait faire à l'Espagne et à lui, il s'enflamma d'une noble et patriotique indignation, et il s'y opposa par tous les moyens que son attachement et que l'intérêt de son pays purent lui suggérer. Il avait été confesseur de la reine, il la connaissait comme une femme d'une imagination remarquable et particulièrement accessible aux personnes qui pouvaient lui donner des avis fondés sur la religion et sur la gloire de son royaume; dans cette persuasion, il prit sur lui de lui écrire directement à elle-même, pour la conjurer de ne pas refuser son approbation à une affaire aussi importante. Il montra ensuite cette lettre à son hôte, et il obtint de lui qu'il ne partirait pas avant de connaître quelle serait la suite de cette nouvelle démarche dont il espérait infiniment. C'est ainsi que la Providence avait caché le ressort de la fortune de Colomb dans le cœur de l'amitié.

      Un pilote du pays fut chargé de partir pour la cour, et de faire tous ses efforts pour remettre la lettre à la reine elle-même, qui se trouvait en ce moment au camp royal de Santa-Fé devant la ville de Grenade, dernière forteresse des Maures et qu'on assiégeait. Il s'acquitta fidèlement de sa mission et il revint au bout de quatorze jours rapportant une réponse de cette noble princesse, dans laquelle des remercîments étaient adressés au supérieur pour sa communication, et pour l'inviter lui-même à se rendre à la cour, mais non sans donner les plus vives espérances à Colomb.

      Dans l'exaltation de la joie que cette nouvelle causa à Perez, une seule minute ne fut pas perdue, il partit immédiatement. Son empressement à voir la reine fut satisfait dès son arrivée à la cour. On comprend la chaleur qu'il mit à plaider la cause de son ami; il invoqua la terre et le ciel; il chercha à intéresser la gloire de la reine autant que sa conscience à une entreprise qui transporterait des nations entières de l'idolâtrie à la foi, et il trouva de la persuasion et de la vivacité dans la passion de la grandeur de sa patrie et dans les sentiments de la plus vive amitié. Isabelle, qui, à ce qu'il paraît, n'avait jamais entendu parler de Colomb que d'une manière peu sérieuse, et dont le cœur était toujours ouvert à ce qui portait l'empreinte de la noblesse et de la grandeur, ne put que se rendre à l'éloquence honnête et zélée d'un tel avocat. Elle ordonna sans délai que Colomb fût mandé devant elle, et qu'une somme d'argent lui fût envoyée pour son voyage afin qu'il pût se présenter convenablement à la cour. Colomb apprit ce résultat des démarches de Perez de Marchena avec enthousiasme, et il se mit aussitôt en route pour le camp de Santa-Fé.

      L'expulsion des Maures était, à cette époque, presque complétée par suite des efforts incessants des Espagnols pour recouvrer l'indépendance du royaume; mais Grenade tenait encore, et elle était défendue par le roi Boabdil-el-Chico qui s'y soutenait avec une rare vigueur.

      Dans le courant de l'été de 1491, pendant que les forces assiégeantes campaient devant la ville et qu'Isabelle et ses enfants suivaient avec anxiété les progrès du siége, un accident faillit être funeste à la famille royale et détruire une grande partie de l'armée chrétienne: la tente de la reine prit feu et fut réduite en cendres, ainsi que les pavillons d'un grand nombre de gentilshommes. Des richesses considérables en bijoux et en vaisselle d'argent furent perdues! Afin de prévenir le retour d'un semblable désastre, et considérant sans doute la soumission de Grenade qui renfermait dans ses murs l'Alhambra si renommé, comme l'acte le plus important de leur règne, car l'avenir cachait encore dans ses profondeurs le plus remarquable des événements de cette période, les deux royaux époux résolurent d'entreprendre une œuvre qui suffirait, seule, pour rendre le siége mémorable: ils firent faire le plan d'une cité qui contiendrait de vastes édifices pour loger les troupes, et qui aurait ses avenues, ses rues, ses places, ses remparts ainsi que ses fortifications; élevant ainsi ville contre ville, et annonçant le dessein bien arrêté de ne laisser aux assiégés ni trêve ni répit. Trois mois suffirent pour achever cette merveilleuse entreprise; or, pour exécuter en si peu de temps ces travaux si rudes sous un ciel ardent, il fallut toute la confiance en Dieu et tout le dévouement qui animait l'armée chrétienne.

      La construction de cette ville qui, comme le camp royal, fut appelée Santa-Fé (Sainte-Foi), nom bien en harmonie avec le zèle qu'il avait fallu déployer dans cette occasion, frappa les Maures de stupeur, car ils la regardèrent comme une preuve que leurs ennemis étaient déterminés à ne lever le siége qu'en perdant la vie, et il est probable qu'elle eut une influence majeure sur la soumission de Boabdil, qui rendit la fameuse et magnifique mosquée de l'Alhambra, quelques semaines après l'établissement des Espagnols dans leur nouvelle résidence. Santa-Fé existe encore; elle est visitée avec curiosité par les voyageurs, et c'est la seule place de quelque valeur en Espagne qui n'ait jamais été sous la domination des Maures. Ce fut le 24 novembre 1491 qu'eut lieu le grand événement qui termina cette guerre vraiment patriotique, poursuivie avec une constance inébranlable par Ferdinand d'Aragon et Isabelle de Castille, dont la politique ainsi que les intérêts personnels avaient toujours été dirigés avec l'accord le plus parfait.

      Colomb arriva pour être témoin de la reddition de Grenade; il eut le bonheur de voir Boabdil, le dernier des souverains maures qui aient régné en Espagne, sortir du palais des Abencérages pour remettre les clefs de ce séjour favori, qui recelait tant de splendeurs, à Ferdinand et à Isabelle entourés de leurs mâles guerriers, suivis de toute la fleur de la chevalerie, et s'avançant d'un pas grave pour recevoir cette marque de soumission. C'est un des triomphes les plus éclatants dans l'histoire d'Espagne; l'air retentissait des chants de triomphe, d'hymnes de reconnaissance envers le Très-Haut; et de toutes parts on ne voyait que réjouissances militaires ou que cérémonies religieuses pour célébrer une aussi belle journée. Colomb, perdu dans la foule et peu remarqué en ce moment, prit cependant une part bien sincère à cette fête, car il avait plus de confiance en la reine qu'il n'en avait jamais eu en qui que ce soit, et la victoire qu'il voyait célébrer lui donnait l'espoir qu'enfin ses sollicitations allaient toucher à leur terme.

      En effet, la promesse fut tenue, et des hommes investis de toute la confiance de la cour furent désignés pour négocier avec le navigateur génois: au nombre de ces hommes se trouva Fernando de Talavera, qui venait d'être nommé archevêque de la ville nouvellement conquise. Mais dès le premier pas fait dans cette voie, survinrent de graves difficultés. La stipulation principale de Colomb fut qu'il serait investi du titre ainsi que des priviléges de grand-amiral, et de vice-roi des terres ou pays qu'il découvrirait, et qu'il lui serait accordé la dixième partie de tous les gains ou bénéfices qui pourraient provenir du commerce ou de la conquête de ces pays.

      On se montra fort indigné de prétentions aussi élevées; on demanda même comment, lorsque Colomb n'exposait rien à lui, lorsqu'il n'avait rien à perdre, il osait demander que tant d'avantages et d'honneurs lui fussent garantis. Colomb réduisit alors sa demande, et s'engageant, sur l'assurance qu'il avait de trouver des amis qui l'aideraient de leur bourse, il offrit de subvenir à la huitième partie des frais de l'expédition et à se borner également à la huitième partie des bénéfices; mais il persista à vouloir être vice-roi et grand-amiral. Ces propositions ne parurent pas admissibles; toutefois, l'illustre marin ne voulut pas en changer les termes, et la négociation fut rompue.

      Nous savons qu'on a fort loué Christophe Colomb de persévérer à vouloir obtenir ce qu'il croyait dû à son mérite, aux périls et à la grandeur de l'entreprise: nous n'ignorons pas qu'on a dit qu'il fallait que, par l'étendue, par l'éclat des récompenses ou des dignités à lui conférées, il fît revenir les esprits mal disposés sur son compte, qu'il inspirât par là de la confiance à ceux qu'il allait être appelé à commander. Mais ces raisons et d'autres de même nature ne nous paraissent que spécieuses, et la preuve, selon nous, qu'il en était ainsi, c'est qu'elles compromirent vivement son expédition, car ce СКАЧАТЬ