Vie de Christophe Colomb. Baron de Pierre-Marie-Joseph Bonnefoux
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Название: Vie de Christophe Colomb

Автор: Baron de Pierre-Marie-Joseph Bonnefoux

Издательство: Public Domain

Жанр: Зарубежная классика

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isbn: http://www.gutenberg.org/ebooks/30922

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СКАЧАТЬ le portrait qui en a été tracé par un auteur étranger:

      «La plus poétique imagination de l'Espagne, pays renommé pour la beauté des femmes, n'aurait pu concevoir une beauté plus régulière: ses mains, ses pieds, son buste et tous ses contours, portaient l'empreinte de la grâce la plus accomplie. Sa taille, quoique moyenne, était remplie de noblesse et de dignité. Celui qui la contemplait ne savait, au premier abord, s'il était fasciné par la perfection du corps ou par l'expression que l'âme communiquait à un extérieur, pour ainsi dire, irréprochable. Née sous le soleil de l'Espagne, elle descendait, cependant, par une longue suite de rois, des monarques goths, et leurs fréquentes alliances avec des princesses étrangères avaient produit, sur sa physionomie, un mélange de l'éclatante fraîcheur du Nord avec la séduisante vivacité des femmes du Midi. Son teint était blanc, et son épaisse chevelure d'un brun clair; ses yeux bleus, d'une douceur ravissante, rayonnaient d'intelligence et de sincérité. Pour ajouter à tant d'attraits, quoique élevée à la cour, une franchise austère, mais inoffensive, régnait dans son langage comme dans ses regards, et, en étincelant sur son visage, à l'éclat de la jeunesse ajoutait celui de la vérité.»

      Telle était, telle avait été la noble femme qui contribua, plus peut-être que son mari, à l'expulsion définitive des Maures du territoire espagnol; et qui, quelque grande et patriotique que fût cette œuvre, était destinée à acquérir la gloire plus grande encore, puisqu'elle la rend immortelle dans l'histoire, d'avoir une influence décisive sur la découverte du Nouveau-Monde. Enfin, ce qui prouve clairement l'extrême supériorité de l'esprit d'Isabelle, c'est que, destinée à gouverner l'Espagne conjointement avec Ferdinand; dans ce règne à deux qui lui présentait tant d'écueils, elle sut constamment, tout en maintenant intactes l'étendue de son autorité, la plénitude de ses droits, se faire aimer et respecter par le plus ombrageux des maris, le plus inquiet des hommes et le plus absolu des souverains.

      Toutefois, la guerre sainte, ainsi qu'on l'appelait en Espagne, que Ferdinand et Isabelle avaient entreprise contre les Maures, occupait trop les esprits, lors de l'arrivée de Colomb à Cordoue, pour que le moment fût propice à l'examen de ses plans. Fernando de Talavera, lui-même, à qui il remit la lettre de Jean Perez et qui devait être son introducteur auprès de Leurs Majestés, prit à peine le temps de lire la lettre ou de l'écouter, et trouva plus commode de lui dire que ce qu'il proposait était inacceptable. Rien n'annonce même que Talavera en ait entretenu les souverains, ou s'il le fit, ce dut être en termes tellement froids qu'ils ne purent y prendre aucun intérêt.

      La campagne fut ouverte en 1486 par le roi et la reine en personnes, et elle fut poursuivie avec vigueur. Quant à Colomb, il attendit à Cordoue des circonstances plus favorables, espérant tout du temps ainsi que des efforts qu'il faisait pour faire goûter ses théories par les hommes éclairés avec lesquels il pouvait entrer en relations. Il se remit à son travail de faire des cartes afin de subvenir à son existence, et, dans cette humble position, il eut souvent à braver les railleries de ceux qui, n'ayant pas le don de le comprendre, se laissaient parfois aller au malin plaisir de le tourner en ridicule, soit à cause de l'état de pénurie où il se trouvait, ou, plus encore, à cause des préoccupations de son esprit que l'on qualifiait de fantasques et d'insensées.

      Ce fut dans cette ville qu'il s'attacha à dona Beatrix Enriquez; toutefois, les particularités de cette liaison sont enveloppées d'obscurité: on sait seulement que c'était une dame de bonne famille et qu'elle fut la mère de Fernand, son second fils, qu'il aima toujours à l'égal de son aîné Diego et qui fut l'historien de son père; mais les autres détails de cette partie de la vie de Colomb restent ignorés; on doute même que l'attachement mystérieux qu'il eut pour dona Enriquez ait jamais été légitimé par le mariage.

      Quoi qu'il en soit, les idées de Colomb se répandirent peu à peu et obtinrent quelque crédit. Entre autres, Alonzo de Quintanilla, contrôleur des finances du royaume de Castille, fut frappé de la force de ses raisonnements, et il ne put voir, sans en être ému, tant de dignité dans le langage, tant de noblesse dans les manières et tant de foi dans les convictions; aussi, fut-il bientôt un de ses approbateurs les plus chaleureux, un de ses avocats les plus puissants, et il lui donna asile dans sa maison.

      Antoine Geraldini, nonce du pape, et son frère Alexandre Geraldini, précepteur des plus jeunes enfants de Ferdinand et d'Isabelle, devinrent aussi ses partisans zélés. Ils le présentèrent à Gonzalez de Mendoza, archevêque de Tolède et grand cardinal d'Espagne; c'était un personnage très-considéré à la cour où l'on ne prenait jamais un parti de quelque importance sans le consulter, à tel point qu'il avait reçu le surnom de Troisième Roi d'Espagne! Sa science n'avait rien de froid; son intelligence était vive, et son habileté prompte et décidée dans l'examen ainsi que dans l'exécution ou la pratique des affaires; aussi fut-il charmé de l'éloquence lucide et du noble maintien de Colomb. Il l'écouta avec une attention progressivement croissante; il comprit bientôt la portée infinie de ses projets, la vigueur de ses arguments; et, dès sa première conversation, il devint l'ami le plus dévoué et le plus inébranlable de son interlocuteur: il en parla aussitôt au roi, et le fruit de son intercession ne se fit pas longtemps attendre, car l'audience qu'il demanda fut accordée à l'instant.

      Colomb avait alors cinquante et un ans; mais cet âge, déjà assez avancé pour affronter les fatigues de la navigation et les périls d'un voyage sans données positives, sans terme prévu, sans autre guide que sa confiance et que son génie, cet âge, disons-nous, n'avait ni ébranlé ses résolutions, ni affaibli l'ardeur de son courage. Les soucis de son esprit, les méditations fréquentes auxquelles il se livrait, la crainte de ne pouvoir être agréé pour l'accomplissement de ses desseins avaient blanchi sa chevelure, mais sa taille était toujours droite, sa tournure imposante, et son air grave et digne était rehaussé par la mâle simplicité de ses actions. Son costume n'était ni celui d'un riche, ni celui d'un gentilhomme, mais il le portait avec l'aisance d'un homme supérieur; enfin, il y avait dans sa personne quelque chose de respectable allié à une noble fierté qu'on ne saurait rencontrer chez ceux que le ciel n'a pas formés pour le commandement. On savait, on voyait facilement d'ailleurs qu'il possédait une instruction prodigieuse; il avait la réputation d'avoir beaucoup navigué, d'avoir, soit en sous-ordre, soit en chef, visité tous les parages connus et d'avoir vaillamment combattu; pour tout dire en un mot, il était le marin le plus savant, le plus habile de son temps; son érudition surpassait celle des ecclésiastiques les plus renommés, et l'on disait de lui qu'il n'existait pas en Espagne un chrétien qui fût plus pieux, ni plus attaché à ses devoirs religieux.

      Des lettres de Colomb apprennent que, lorsqu'il se rendit à l'audience obtenue par le crédit de Gonzalez de Mendoza, ce fut avec le sentiment de l'importance et de la dignité du motif qui l'animait, et comme s'il avait été mû par une inspiration divine qui lui donnait la confiance d'un homme qui se considère comme l'instrument dont Dieu voulait se servir pour accomplir de grands desseins. Voici, en effet, comment dans ces lettres qui existent encore, il s'exprime sur cet épisode remarquable de sa vie:

      «En pensant à ce que j'étais je me sentais prêt à succomber sous la conscience de mon humilité; mais en songeant à ce que j'apportais, je me trouvais l'égal des têtes couronnées; je n'étais plus moi, j'étais l'agent de Dieu, choisi et marqué pour exécuter ses volontés!»

      Le roi le reçut d'abord avec cette réserve glaciale qui était inhérente à son caractère naturellement méfiant; mais il était trop bon juge pour ne pas apprécier promptement combien le maintien assuré, quoique modeste, de Colomb, parlait en sa faveur, et il lui témoigna bientôt de l'intérêt. Le savant marin, se voyant attentivement écouté, développa son système; et ce fut avec un art infini qui n'avait cependant rien d'adulateur, qu'il termina son exposé, en cherchant à exciter l'ambition de Ferdinand par l'assurance que ses découvertes surpasseraient, en importance, celles que les Portugais avaient déjà faites sur les côtes méridionales de l'Afrique, et que la gloire qui en rejaillirait sur sa couronne éclipserait celle que les souverains du Portugal avaient acquise dans ce vaste champ ouvert à l'activité humaine, СКАЧАТЬ