L'oeuvre du divin Arétin, première partie. Aretino Pietro
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Название: L'oeuvre du divin Arétin, première partie

Автор: Aretino Pietro

Издательство: Public Domain

Жанр: Зарубежная классика

Серия:

isbn: http://www.gutenberg.org/ebooks/43823

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СКАЧАТЬ à laquelle la mignonne martyre s'étant appuyée, il commença à se démener avec tant de gaillardise que celui qui tâte les touches aux grandes orgues n'en fait pas tant. Et comme si elle était disloquée, elle se renversait le corps en arrière, voulant boire les lèvres et manger la langue du confesseur, et elle allongeait tout entière la sienne, qui n'était pas très différente de celle d'une vache, et elle mit la main entre les bords de la valise et le fit se tordre comme si elle l'avait pris dans des tenailles.

      Antonia.– Je renais, je suis ébaubie!

      Nanna.– Et lâchant ces flots qui voulaient faire tourner la meule, le saint homme acheva sa besogne. Et après qu'il se fut fourbi le cordon avec un mouchoir parfumé et que la bonne dame eut essuyé le doux miel, ils soufflèrent un peu et s'embrassèrent, et le goulu de Frère lui dit: «Eh quoi! ma faisane, ma paonne, ma colombe, âme des âmes, cœur des cœurs, vie des vies, ton Narcisse, ton Ganymède, ton Ange, ne pouvait-il disposer une fois de tes quartiers de derrière?» Et elle répondait: «Te paraissait-il juste, mon oison, mon cygne, mon faucon, consolation des consolations, plaisir des plaisirs, espérance des espérances, que ta Nymphe, ta Servante, ta Comédienne dût, pour une fois, remettre ton naturel dans sa nature?» Et allongeant la bouche, en mordant, elle lui laissa les marques noires de ses dents sur les lèvres, lui faisant pousser un cri épouvantable.

      Antonia.– Quel plaisir!

      Nanna.– Après cela, la prudente Abbesse lui agrippa la relique et l'approchant de sa bouche la baisait suavement, et comme elle en était folle, elle la mâchait et la mordait comme un petit chien le fait aux jambes et aux mains, rien que pour le plaisir, et vous fait à la fois rire et pleurer; ainsi ce ribaud de Frère, aux poignantes morsures de Madonna, ne se sentait-il pas de joie, tout en criant: «Aïe! Aïe!»

      Antonia.– Elle pouvait aussi bien lui enlever un morceau avec les dents, la goulue!

      Nanna.– Tandis que par bonté et par charité, l'Abbesse jouait avec son idole, on frappe doucement à la porte de la chambre. Ils en restent tous deux en suspens et demeurant aux écoutes ils entendent siffler avec un son rauque, et ils reconnurent alors que c'était le jeune bardache du confesseur qui entra, la porte lui ayant été ouverte de suite. Et comme il savait ce que pesait leur laine, ils ne se dérangèrent nullement; même la traîtresse d'Abbesse, laissant le pinson du père, prit par les ailes le chardonneret du fils, se rongeant toute de l'envie de frotter l'archet du petit garçon sur sa lyre: «Mon amour, fais-moi de grâce une grâce», et le pendard de Frère lui dit: «Je veux bien. Que demandes-tu?» – «Je veux, dit-elle, râper ce fromage avec ma râpe, à condition que tu mettes ta baguette dans le tambour de ton fils spirituel. Et si le plaisir te plaît, nous donnerons l'élan aux montures, sinon nous essayerons tant de manières qu'une ou l'autre sera de notre goût.» Et pendant ce temps la main de fra Galasso avait amené les voiles de l'esquif du garçonnet. Madame s'en étant aperçue se mit sur le séant, ouvrit la cage toute grande dans laquelle elle introduisit le rossignol, et tira sur elle tout le faix, au grand contentement de chacun. Et je puis t'affirmer que c'était un vrai crève-cœur de la voir là, ayant sur la panse une aussi grande mappemonde qui la foulait comme est foulée chez le foulon une pièce de drap. A la fin, elle se déchargea de son fardeau et ils laissèrent leur arbalète, et le jeu fini, je ne pourrais pas te dire le vin qu'ils engloutirent et les gâteaux qu'ils dévorèrent.

      Antonia.– Comment te pouvais-tu refréner du désir de l'homme, voyant tant de clefs?

      Nanna.– L'eau me venait à la bouche abondamment pendant cet assaut abbatial et comme je tenais encore le poignard de verre…

      Antonia.– Je crois que tu le tenais en le flairant souvent, comme on flaire un œillet.

      Nanna.– Ah! ah! ah! je te dirai qu'étant en appétit par suite des batailles que j'avais vues, je vidai l'instrument de l'urine froide, et l'ayant rempli de nouveau, je me plaçai dessus assise, et la fève une fois mise dans la cosse, je me la serais volontiers envoyée au Culisée, pour éprouver toute chose, parce qu'autrement nous ne pouvons savoir ce qu'il en arrive pour nous.

       Antonia.– Tu faisais bien, c'est-à-dire tu aurais bien fait!

      Nanna.– En me démenant ainsi sur son échine, je sentais tout ragaillardi mon guichet de devant, grâce au tampon qui me récurait le seau; et pesant le pour et le contre, je me demandais à moi-même si oui ou non je recevrais l'argument tout entier ou seulement en partie. Je crois bien que j'aurais laissé aller le chien dans le terrier, si à ce moment ayant entendu le confesseur, qui s'était rhabillé ainsi que son élève et l'Abbesse bien contente, prendre congé, je n'avais couru voir les façons qu'ils faisaient au départ. Elle faisait l'enfant et, minaudant, disait: «Quand reviendrez-vous? O Dieu! à qui est-ce que je veux du bien? Qui est-ce que j'adore?» Et le Père jurait par les litanies, par l'Avent, qu'il reviendrait le soir suivant; et le petit bardache qui se remettait encore les chausses lui dit adieu avec toute la langue dans la bouche. Et j'entendis que le confesseur en partant commençait ce Pecora campi que l'on dit à vêpres.

      Antonia.– Le ribaud feignait de dire complies, hein?

      Nanna.– Tu l'as deviné. Et aussitôt que fut parti le susdit, j'entendis un tel tapage que je conjecturai que nos jouteurs eux aussi avaient fini leur journée et s'en retournaient victorieux chacun chez soi, faisant fienter leurs chevaux de manière que cela me paraissait la première pluie d'août.

      Antonia.– Le sang!

      Nanna.– Écoute, écoute ceci. Les deux qui avaient emballé leurs effets étaient retournées dans la chambre, et la raison, à ce qu'elles disaient en grommelant, c'était qu'elles avaient trouvé la porte de derrière fermée à clef par ordre de l'Abbesse, à laquelle elles donnèrent plus de malédictions que n'en recueilleront les prêtres le jour du jugement. Mais elles ne s'étaient pas dérangées pour rien, car en descendant l'escalier elles avaient vu sommeiller le muletier entré depuis deux jours au service du monastère; et ayant jeté son dévolu sur lui, l'une disait à l'autre: «Tu iras le réveiller, sous le prétexte qu'il t'apporte une brassée de bois dans la cuisine, et te prenant pour la cuisinière il viendra de suite. Tu lui montreras alors cette chambre en disant: Portez-le là. Une fois le brigand dedans, laisse ta sœur lui dire deux mots.»

      Cet avis n'étant pas tombé d'ans l'oreille d'une sourde ni d'une muette, elle fut aussitôt obéie. Là-dessus je découvre une nouvelle trame.

      Antonia.– Que découvres-tu?

      Nanna.– Je découvris à côté de la pièce des susdites une chambrette lattée à la courtisane, très élégante, dans laquelle étaient deux sœurs divines. Elles avaient préparé bien gentiment une petite table; et ayant mis dessus une nappe qui paraissait de damas blanc, fleurant la lavande plus que ne sentent le musc les animaux qui le produisent, elles disposèrent des serviettes, des assiettes, des couteaux et des fourchettes pour trois personnes, le tout si proprement que je ne pourrais te le dire. Elles tirèrent d'un corbillon beaucoup de variétés de fleurs dont elles ornaient la table avec grand soin. Au centre, une de ces Sœurs avait disposé une grosse guirlande de feuilles de laurier, semé là ou elles faisaient le mieux des roses blanches et rouges et garni de fleurs d'oranger les rubans, qui nouaient la guirlande et se déroulaient sur la table. Dans la guirlande, tracé avec des fleurs de bourrache, on lisait le nom du Vicaire de l'Évêque, qui était arrivé le jour même avec son Monseigneur. Et c'était pour lui plutôt que pour Sa Grandeur mitrée que les cloches avaient sonné à toute volée, privant, avec leur don din don, mes oreilles de mille choses bonnes à raconter. Je dis que c'était au Vicaire que l'on préparait la noce, et cela je le sus plus tard. Pendant ce temps-là, l'autre Nonne avait mis une belle chose à chaque coin de la table. Sur le premier, elle avait dessiné le СКАЧАТЬ