Toutes les Oeuvres Majeures de Cicéron. Ciceron
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Читать онлайн книгу Toutes les Oeuvres Majeures de Cicéron - Ciceron страница 34

Название: Toutes les Oeuvres Majeures de Cicéron

Автор: Ciceron

Издательство: Bookwire

Жанр: Языкознание

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isbn: 4064066373825

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СКАЧАТЬ la nécessité, quand l’accusé montre qu’il n’a cédé qu’à l’ascendant d’une force irrésistible. « Une loi des Rhodiens ordonnait de faire vendre tout vaisseau armé d’un éperon qu’on trouverait dans leur port. Une tempête furieuse s’élève, et la violence du vent oblige un vaisseau de relâcher, malgré les efforts des matelots, dans le port de Rhodes. Le trésorier veut faire vendre ce vaisseau, comme appartenant au peuple. Le propriétaire s’oppose à la vente. » L’accusateur dit « qu’un vaisseau à éperon a été saisi dans le port. » L’accusé en convient, mais il répond « qu’il y a été poussé malgré lui par une nécessité insurmontable. » On le réfute en disant « qu’aux termes de la loi, le vaisseau n’en appartient pas moins au peuple. » Il s’agit de décider « si, lorsque la loi ordonne de vendre tout vaisseau armé d’un éperon qu’on saisira dans le port, un vaisseau que les vents y ont poussé, malgré l’équipage, doit être vendu. »

      Nous avons réuni les exemples de ces trois genres, parce quels marche du raisonnement est la même pour chacun d’eux ; car, dans tous trois, l’accusateur doit, s’il est possible, employer les moyens de la question conjecturale pour faire soupçonner l’accusé de n’avoir pas fait sans intention une action qu’il prétend indépendante de sa volonté. Qu’il définisse ensuite la nécessité, le hasard ou l’ignorance ; qu’il appuie sa définition d’exemples frappants, fournis par l’un ou par l’autre de ces trois incidents ; qu’il les distingue bien du fait dont il s’agit ; qu’il montre la différence qui se trouve entre eux ; par exemple, l’affaire en question est bien moins importante, bien plus facile, et n’offre aucun prétexte d’ignorance, de hasard ou de nécessité. D’ailleurs il était facile de l’éviter ; il ne fallait que faire ou ne pas faire telle ou telle chose pour la prévoir et la prévenir ; et les définitions montreront qu’on ne doit point donner à une telle conduite les noms d’ignorance, de hasard ou de nécessité., mais l’appeler indolence, inattention et sottise.

      Cette nécessité, qu’on allègue pour excuse, parait-elle entraîner quelque chose de honteux, prouvez alors, par un enchaînement de lieux communs, qu’il valait mieux tout souffrir, même la mort, que de se soumettre à une nécessité déshonorante. Établissez ensuite, d’après les lieux dont nous avons parlé dans la cause matérielle, la nature du droit et de l’équité ; et, comme dans la question juridiciaire absolue, considérez le fait isolément et en lui-même. C’est alors qu’il faut, si vous le pouvez, rassembler des exemples qui prouvent que de pareilles excuses n’ont point été reçues ; que cependant les circonstances leur donnaient un nouveau poids. Prouvez aussi, par les moyens du genre délibératif, qu’il y aurait de la honte ou du danger à pardonner une telle faute, et que la négligence de ceux qui ont le droit de la punir entraînerait les plus funestes conséquences.

      XXXIII. Le défenseur peut rétorquer tous ces moyens contre son adversaire ; mais il s’occupera surtout de justifier l’intention, et de développer les obstacles qui ont arrêté sa bonne volonté. Il n’a pas été en son pouvoir d’en faire davantage : c’est l’intention qu’il faut en tout considérer. On ne peut le convaincre, on ne peut lui prouver que son cœur n’est pas innocent : si on le condamne, n’est-ce pas condamner en lui la faiblesse commune à tous les hommes ? Quelle indignité, quand on est exempt de la faute, de n’être pas exempt du supplice ! L’accusateur tirera des lieux communs, d’abord de l’aveu de l’accusé, et ensuite de la licence qu’on laisse au crime, si l’on établit une fois qu’il faut juger non le fait, mais l’intention. Le défenseur se plaindra d’un malheur causé non par sa faute, mais par une force supérieure, du pouvoir de la fortune, et de la faiblesse humaine : ce n’est pas l’événement qu’il faut envisager, mais sa conscience. En développant toutes ces idées, il aura soin d’exciter des mouvements de pitié pour son infortune, et d’indignation contre la cruauté de ses ennemis.

      Et qu’on ne s’étonne point ici de voir mêler à cet exemple ou à d’autres la discussion du sens littéral de la loi. Nous traiterons plus bas cettequestion à part ; mais s’il est des causes qui doivent être considérées isolément et en elles-mêmes, il en est d’autres qui offrent une complication de différentes espèces de questions. Il ne sera donc point difficile, quand on les connaîtra toutes, d’appliquer à chaque cause les règles des genres qu’elle embrasse. C’est ainsi que, dans tous ces exemples de concessions, se trouve mêlée la question littérale, qui prend son nom de la lettre et de l’esprit : mais comme nous traitions de la concession ou de l’aveu du crime, nous eu avons donné les règles ; nous traiterons ailleurs de l’esprit et de la lettre. Voyons maintenant l’autre partie de la concession.

      XXXIV. Par la déprécation, l’orateur ne cherche point à se justifier, mais il supplie qu’on lui pardonne. Je ne suis point d’avis d’employer ce moyen devant les tribunaux ; car, le crime une fois avoué, il est difficile d’en obtenir le pardon de celui dont le devoir est de le punir. Voulez-vous recourir à ce moyen de défense, ne l’employez que comme accessoire. Ainsi, en parlant pour un homme illustre, pour un héros qui a rendu à l’État de nombreux services, vous pouvez avoir recours à la déprécation, sans néanmoins paraître en faire usage, comme dans cet exemple : Juges, si, pour prix des services de « l’accusé, pour prix de son dévouement à vos « intérêts, il venait aujourd’hui, en faveur de « tant d’actions éclatantes, réclamer votre indulgence pour une seule faute, il serait digne de « votre clémence et de son courage d’accorder une « telle grâce à un tel suppliant. Vous pouvez ensuite exagérer ses services, et, par des lieux communs, disposer les juges à la clémence.

      Quoique ce moyen ne soit que rarement employé dans les tribunaux, si ce n’est comme accessoire, toutefois, comme il peut être nécessaire d’y avoir recours et de l’employer dans toute la cause, devant le sénat ou devant une assemblée, nous en tracerons les règles. Ainsi, « lorsque le sénat et l’assemblée publique délibérèrent sur le sort de Syphax, et le préteur L. Opimius et son conseil sur l’affaire de Q. Numitorius Pullus, la décision fut longue, et Numitorius réussit moins à se justifier qu’à obtenir sou pardon. Il ne fut pas aussi facile de prouver, par la question de fait, qu’il avait été toujours dévoué aux intérêts de Rome, que d’obtenir par la déprécation le pardon de sa faute, en faveur de ses derniers services. »

      XXXV. Demandez-vous donc qu’on vous pardonne ; rappelez, si vous pouvez, les services que vous avez rendus ; montrez, s’il est possible, qu’ils surpassent de beaucoup votre faute, pour prouver que vous avez fait plus de bien que de mal. N’oubliez point non plus d’exposer les services de vos ancêtres. Prouvez que vous n’étiez guidé ni par la haine ni par la cruauté ; mais que vous étiez égaré, séduit ; que vous aviez des motifs honorables, ou qui, du moins, n’avaient rien de criminel. Promettez, jurez qu’instruit par votre erreur même, affermi dans le chemin de la vertu par un pardon si généreux, on n’aura plus désormais rien de pareil à vous reprocher, et montrez l’espoir d’être quelque jour utile à ceux qui vous auront pardonné. Rappelez encore, si vous le pouvez, que les liens du sang ou l’amitié de vos ancêtres vous unissent étroitement à ceux dont vous implorez la générosité. Relevez votre dévouement, la haute naissance, la dignité de vos protecteurs ; usez, en un mot, de tous les lieux communs qui ont rapport à l’honneur et à la dignité des personnes. Employez les prières, et sans montrer jamais ni fierté ni hauteur, prouvez qu’on vous doit des récompenses plutôt que des châtiments. Nommez ensuite ceux à qui on a pardonne des délits plus graves. Un de vos moyens les plus victorieux sera de démontrer que, lorsque vous étiez armé de la puissance et de l’autorité, vous étiez bon et porté à la clémence. Atténuez aussi votre faute de manière à la rendre la plus légère possible, et à faire voir ainsi qu’il ne serait pas moins honteux qu’inutile de vous punir pour si peu de chose. Enfin pour attendrir vos auditeurs, employez les moyens que nous avons indiqués au premier livre.

      XXXVI. L’adversaire, de son côté, exagérera la faute : le coupable n’a rien fait par ignorance, mais il a agi par méchanceté, par cruauté ; СКАЧАТЬ