Nouveaux contes de fées pour les petits enfants. Comtesse de Ségur
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Название: Nouveaux contes de fées pour les petits enfants

Автор: Comtesse de Ségur

Издательство: Bookwire

Жанр: Языкознание

Серия:

isbn: 4064066088521

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СКАЧАТЬ n'irait jamais dans la forêt. Plusieurs fois Blondine avait demandé à Bonne-Biche la cause de cette défense. Bonne-Biche avait toujours répondu en soupirant:

      «Ah! Blondine, ne demandez pas à pénétrer dans la forêt; c'est une forêt de malheur. Puissiez-vous ne jamais y entrer!»

      Quelquefois Blondine montait dans un pavillon qui était sur une éminence au bord de la forêt; elle voyait des arbres magnifiques, des fleurs charmantes, des milliers d'oiseaux qui chantaient et voltigeaient comme pour l'appeler. «Pourquoi, se disait-elle, Bonne-Biche ne veut-elle pas me laisser promener dans cette belle forêt? Quel danger puis-je y courir sous sa protection?»

      Toutes les fois qu'elle réfléchissait ainsi, Beau-Minon, qui paraissait comprendre ce qui se passait en elle, miaulait, la tirait par sa robe et la forçait à quitter le pavillon.

      Blondine souriait, suivait Beau-Minon et reprenait sa promenade dans le parc solitaire.

       Table des matières

       Table des matières

      Il y avait près de six mois que Blondine s'était réveillée de son sommeil de sept années; le temps lui semblait long; le souvenir de son père lui revenait souvent et l'attristait. Bonne-Biche et Beau-Minon semblaient deviner ses pensées. Beau-Minon miaulait plaintivement, Bonne-Biche soupirait profondément. Blondine parlait rarement de ce qui occupait si souvent son esprit, parce qu'elle craignait d'offenser Bonne-Biche, qui lui avait répondu trois ou quatre fois: «Vous reverrez votre père, Blondine, quand vous aurez quinze ans, si vous continuez à être sage; mais, croyez-moi, ne vous occupez pas de l'avenir, et surtout ne cherchez pas à nous quitter.»

      Un matin, Blondine était triste et seule; elle réfléchissait à sa singulière et monotone existence. Elle fut distraite de sa rêverie par trois petits coups frappés doucement à sa fenêtre. Levant la tête, elle aperçut un Perroquet du plus beau vert, avec la gorge et la poitrine orange. Surprise de l'apparition d'un être inconnu et nouveau, elle alla ouvrir sa fenêtre et fit entrer le Perroquet. Quel ne fut pas son étonnement quand l'oiseau lui dit d'une petite voix aigrelette:

      «Bonjour, Blondine: je sais que vous vous ennuyez quelquefois, faute de trouver à qui parler, et je viens causer avec vous. Mais, de grâce, ne dites pas que vous m'avez vu, car Bonne-Biche me tordrait le cou.

      —Et pourquoi cela, beau Perroquet? Bonne-Biche ne fait de mal à personne: elle ne hait que les méchants.

      —Blondine, si vous ne me promettez pas de cacher ma visite à Bonne-Biche et à Beau-Minon, je m'envole pour ne jamais revenir.

      —Puisque vous le voulez, beau Perroquet, je vous le promets. Causons un peu: il y a si longtemps que je n'ai causé! Vous me semblez gai et spirituel; vous m'amuserez, je n'en doute pas.»

      Blondine écouta les contes du Perroquet, qui lui fit force compliments sur sa beauté, sur ses talents, sur son esprit. Blondine était enchantée; au bout d'une heure, le Perroquet s'envola, promettant de revenir le lendemain. Il revint ainsi pendant plusieurs jours et continua à la complimenter et à l'amuser. Un matin il frappa à la fenêtre en disant:

      «Blondine, Blondine, ouvrez-moi, je viens vous donner des nouvelles de votre père; mais surtout pas de bruit, si vous ne voulez pas me voir tordre le cou.»

      Blondine ouvrit sa croisée et dit au Perroquet:

      «Est-il bien vrai, mon beau Perroquet, que tu veux me donner des nouvelles de mon père? Parle vite: que fait-il? comment va-t-il?

      —Votre père va bien, Blondine; il pleure toujours votre absence; je lui ai promis d'employer tout mon petit pouvoir à vous délivrer de votre prison; mais je ne puis le faire que si vous m'y aidez.

      —Ma prison! dit Blondine. Mais vous ignorez donc toutes les bontés de Bonne-Biche et de Beau-Minon pour moi, les soins qu'ils ont donnés à mon éducation, leur tendresse pour moi! Ils seront enchantés de connaître un moyen de me réunir à mon père. Venez avec moi, beau Perroquet, je vous en prie, je vous présenterai à Bonne-Biche.

      —Ah! Blondine, reprit de sa petite voix aigre le Perroquet, vous ne connaissez pas Bonne-Biche ni Beau-Minon. Ils me détestent parce que j'ai réussi quelquefois à leur arracher leurs victimes. Jamais vous ne verrez votre père, Blondine, jamais vous ne sortirez de cette forêt, si vous n'enlevez pas vous-même le talisman qui vous y retient.

      —Quel talisman? dit Blondine: je n'en connais aucun; et quel intérêt Bonne-Biche et Beau-Minon auraient-ils à me retenir prisonnière?

      —L'intérêt de désennuyer leur solitude, Blondine. Et quant au talisman, c'est une simple Rose; cueillie par vous, elle vous délivrera de votre exil et vous ramènera dans les bras de votre père.

      —Mais il n'y a pas une seule Rosé dans le jardin, comment donc pourrais-je en cueillir?

      —Je vous dirai cela un autre jour, Blondine; aujourd'hui je ne puis vous en dire davantage, car Bonne-Biche va venir; mais pour vous assurer des vertus de la Rose, demandez-en une à Bonne-Biche; vous verrez ce qu'elle vous dira. À demain, Blondine, à demain.»

      Et le Perroquet s'envola, bien content d'avoir jeté dans le coeur de Blondine les premiers germes d'ingratitude et de désobéissance.

      A peine le Perroquet fut-il parti, que Bonne-Biche entra; elle paraissait agitée.

      «Avec qui causiez-vous donc, Blondine? dit Bonne-Biche en jetant sur la croisée ouverte un regard méfiant.

      —Avec personne, Madame, répondit Blondine.

      —Je suis certaine d'avoir entendu parler.

      —Je me serai sans doute parlé à moi-même.»

      Bonne-Biche ne répliqua pas; elle était triste, quelques larmes même roulaient dans ses yeux. Blondine était aussi préoccupée; les paroles du Perroquet lui faisaient envisager sous un jour nouveau les obligations qu'elle avait à Bonne-Biche et à Beau-Minon. Au lieu de se dire qu'une biche qui parle, qui a la puissance de rendre intelligentes les bêtes, de faire dormir un enfant pendant sept ans, qu'une biche qui a consacré ces sept années à l'éducation ennuyeuse d'une petite fille ignorante, qu'une biche qui est logée et servie comme une reine n'est pas une biche ordinaire; au lieu d'éprouver de la reconnaissance de tout ce que Bonne-Biche avait fait pour elle, Blondine crut aveuglément ce Perroquet, cet inconnu dont rien ne garantissait la véracité, et qui n'avait aucun motif de lui porter intérêt au point de risquer sa vie pour lui rendre service; elle le crut, parce qu'il l'avait flattée. Elle ne regarda plus du même oeil reconnaissant l'existence douce et heureuse que lui avaient faite Bonne-Biche et Beau-Minon: elle résolut de suivre les conseils du Perroquet.

      «Pourquoi, Bonne-Biche, lui demanda-t-elle dans la journée, pourquoi ne vois-je pas parmi toutes vos fleurs la plus belle, la plus charmante de toutes, la Rose?»

      Bonne-Biche frémit, se troubla et dit:

      «Blondine, Blondine, ne me demandez СКАЧАТЬ