Fables de La Fontaine. Jean de la Fontaine
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Название: Fables de La Fontaine

Автор: Jean de la Fontaine

Издательство: Bookwire

Жанр: Языкознание

Серия:

isbn: 4064066074258

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СКАЧАТЬ Où les attendoit le lion.

       N’ai-je pas bien servi dans cette occasion?

       Dit l’âne en se donnant tout l’honneur de la chasse.—

       Oui, reprit le lion, c’est bravement crié:

       Si je ne connaissois ta personne et ta race,

       J’en serois moi-même effrayé.

       L’âne, s’il eût osé, se fût mis en colère,

       Encor qu’on le raillât avec juste raison;

       Car qui pourroit souffrir un âne fanfaron?

       Ce n’est pas là leur caractère.

      XX

       Table des matières

      Si ce qu’on dit d’Ésope est vrai,

       C’étoit l’oracle de la Grèce

       Lui seul avoit plus de sagesse

       Que tout l’aréopage. En voici pour essai

       Une histoire des plus gentilles,

       Et qui pourra plaire au lecteur.

      Un certain homme avoit trois filles,

       Toutes trois de contraire humeur:

       Une buveuse, une coquette,

       La troisième, avare parfaite.

       Cet homme par son testament,

       Selon les lois municipales,

       Leur laissa tout son bien par portions égales,

       En donnant à leur mère tant,

       Payable quand chacune d’elles

       Ne posséderoit plus sa contingente part.

       Le père mort, les trois femelles

       Courent au testament, sans attendre plus tard.

       On le lit, on tâche d’entendre

       La volonté du testateur;

       Mais en vain: car comment comprendre

       Qu’aussitôt que chacune sœur

       Ne possédera plus sa part héréditaire,

       Il lui faudra payer sa mère?

       Ce n’est pas un fort bon moyen

       Pour payer que d’être sans bien.

       Que vouloit donc dire le père?

       L’affaire est consultée; et tous les avocats,

       Après avoir tourné le cas

       En cent et cent mille manières,

       Y jettent leur bonnet, se confessent vaincus,

       Et conseillent aux héritières

       De partager le bien sans songer au surplus.

       Quant à la somme de la veuve,

       Voici, leur dirent-ils, ce que le conseil treuve[15]: Il faut que chaque sœur se charge par traité Du tiers payable à volonté; Si mieux n’aime la mère en créer une rente, Dès le décès du mort courante. La chose ainsi réglée, on composa trois lots: En l’un, les maisons de bouteille, Les buffets dressés sous la treille, La vaisselle d’argent, les cuvettes, les brocs, Les magasins de malvoisie, Les esclaves de bouche, et pour dire en deux mots, L’attirail de la goinfrerie; Dans un autre, celui de la coquetterie, La maison de la ville et les meubles exquis, Les eunuques et les coiffeuses, Et les brodeuses, Les joyaux, les robes de prix; Dans le troisième lot, les fermes, le ménage, Les troupeaux et le pâturage, Valets et bêtes de labeur. Ces lots faits, on jugea que le sort pourroit faire Que peut-être pas une sœur N’auroit ce qui lui pourroit plaire. Ainsi chacune prit son inclination, Le tout à l’estimation. Ce fut dans la ville d’Athènes Que cette rencontre arriva. Petits et grands, tout approuva Le partage et le choix; Ésope seul trouva Qu’après bien du temps et des peines Les gens avoient pris justement Le contre-pied du testament. Si le défunt vivoit, disoit-il, que l’Attique Auroit de reproches de lui! Comment! ce peuple qui se pique D’être le plus subtil des peuples d’aujourd’hui, A si mal entendu la volonté suprême D’un testateur! Ayant ainsi parlé, Il fait le partage lui-même, Et donne à chaque sœur un lot contre son gré; Rien qui pût être convenable, Partant rien aux sœurs d’agréable. A la coquette, l’attirail Qui suit les personnes buveuses, La biberonne eut le bétail; La ménagère eut les coiffeuses. Tel fut l’avis du Phrygien, Alléguant qu’il n’étoit moyen Plus sûr pour obliger ces filles A se défaire de leur bien; Qu’elles se marîroient dans les bonnes familles Quand on leur verroit de l’argent; Paîroient leur mère tout comptant; Ne posséderoient plus les effets de leur père, Ce que disoit le testament. Le peuple s’étonna comme il se pouvoit faire Qu’un homme seul eût plus de sens Qu’une multitude de gens.

      FIN DU LIVRE DEUXIÈME.

      I

       Table des matières

      A M. D. M.[16]

      L’invention des arts étant un droit d’aînesse,

       Nous devons l’apologue à l’ancienne Grèce.

       Mais ce champ ne se peut tellement moissonner,

       Que les derniers venus n’y trouvent à glaner.

       La feinte est un pays plein de terres désertes,

       Tous les jours nos auteurs y font des découvertes.

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