Fables de La Fontaine. Jean de la Fontaine
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Название: Fables de La Fontaine

Автор: Jean de la Fontaine

Издательство: Bookwire

Жанр: Языкознание

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isbn: 4064066074258

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СКАЧАТЬ faîte montée.

       L’invisible ennemi triomphe, et rit de voir

       Qu’il n’est griffe ni dent en la bête irritée

       Qui de la mettre en sang ne fasse son devoir.

       Le malheureux lion se déchire lui-même,

       Fait résonner sa queue à l’entour de ses flancs,

       Bat l’air, qui n’en peut mais; et sa fureur extrême

       Le fatigue, l’abat: le voilà sur les dents.

       L’insecte du combat se retire avec gloire:

       Comme il sonna la charge, il sonne la victoire,

       Va partout l’annoncer, et rencontre en chemin

       L’embuscade d’une araignée;

       Il y rencontre aussi sa fin.

      Quelle chose par là nous peut être enseignée?

       J’en vois deux, dont l’une est qu’entre nos ennemis

       Les plus à craindre sont souvent les plus petits;

       L’autre, qu’aux grands périls tel a pu se soustraire,

       Qui périt pour la moindre affaire.

      X

       Table des matières

      Un ânier, son sceptre à la main,

       Menoit, en empereur romain,

       Deux coursiers à longues oreilles.

       L’un, d’éponges chargé, marchoit comme un courrier;

       Et l’autre, se faisant prier,

       Portoit, comme on dit, les bouteilles[10]: Sa charge étoit de sel. Nos gaillards pèlerins, Par monts, par vaux et par chemins, Au gué d’une rivière à la fin arrivèrent, Et fort empêchés se trouvèrent. L’ânier, qui tous les jours traversoit ce gué-là, Sur l’âne à l’éponge monta, Chassant devant lui l’autre bête, Qui, voulant en faire à sa tête, Dans un trou se précipita, Revint sur l’eau, puis échappa: Car, au bout de quelques nagées, Tout son sel se fondit si bien Que le baudet ne sentit rien Sur ses épaules soulagées. Camarade épongier prit exemple sur lui, Comme un mouton qui va dessus la foi d’autrui. Voilà mon âne à l’eau; jusqu’au col il se plonge, Lui, le conducteur et l’éponge. Tous trois burent d’autant: l’ânier et le grison Firent à l’éponge raison. Celle-ci devint si pesante, Et de tant d’eau s’emplit d’abord, Que l’âne succombant ne put gagner le bord. L’ânier l’embrassoit, dans l’attente D’une prompte et certaine mort. Quelqu’un vint au secours: qui ce fut, il n’importe; C’est assez qu’on ait vu par là qu’il ne faut point Agir chacun de même sorte. J’en voulois venir à ce point.

      XI

       Table des matières

      Il faut, autant qu’on peut, obliger tout le monde:

       On a souvent besoin d’un plus petit que soi.

       De cette vérité deux fables feront foi,

       Tant la chose en preuves abonde.

      Entre les pattes d’un lion

       Un rat sortit de terre assez à l’étourdie.

       Le roi des animaux, en cette occasion,

       Montra ce qu’il étoit, et lui donna la vie.

       Ce bienfait ne fut pas perdu.

       Quelqu’un auroit-il jamais cru

       Qu’un lion d’un rat eût affaire?

       Cependant il avint qu’au sortir des forêts

       Ce lion fut pris dans des rets,

       Dont ses rugissements ne le purent défaire.

       Sire rat accourut, et fit tant par ses dents

       Qu’une maille rongée emporta tout l’ouvrage.

      Patience et longueur de temps

       Font plus que force ni que rage.

      XII

       Table des matières

      L’autre exemple est tiré d’animaux plus petits.

      Le long d’un clair ruisseau buvoit une colombe,

       Quand sur l’eau se penchant une fourmis y tombe;

       Et dans cet océan on eût vu la fourmis

       S’efforcer, mais en vain, de regagner la rive.

       La colombe aussitôt usa de charité:

       Un brin d’herbe dans l’eau par elle étant jeté,

       Ce fut un promontoire où la fourmis arrive.

       Elle se sauve. Et là-dessus

       Passe un certain croquant qui marchoit les pieds nus:

       Ce croquant, par hasard, avoit une arbalète.

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