Fables de La Fontaine. Jean de la Fontaine
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Название: Fables de La Fontaine

Автор: Jean de la Fontaine

Издательство: Bookwire

Жанр: Языкознание

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isbn: 4064066074258

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      Je devois par la royauté

       Avoir commencé mon ouvrage:

       A la voir d’un certain côté,

       Messer Gaster[17] en est l’image; S’il a quelque besoin, tout le corps s’en ressent.

      De travailler pour lui les membres se lassant,

       Chacun d’eux résolut de vivre en gentilhomme,

       Sans rien faire, alléguant l’exemple de Gaster.

       Il faudroit, disoient-ils, sans nous qu’il vécût d’air.

       Nous suons, nous peinons comme bêtes de somme;

       Et pour qui? Pour lui seul: nous n’en profitons pas;

       Notre soin n’aboutit qu’à fournir ses repas.

       Chômons, c’est un métier qu’il veut nous faire apprendre.

       Ainsi dit, ainsi fait. Les mains cessent de prendre,

       Les bras d’agir, les jambes de marcher.

       Tous dirent à Gaster qu’il en allât chercher.

       Ce leur fut une erreur dont ils se repentirent.

       Bientôt les pauvres gens tombèrent en langueur;

       Il ne se forma plus de nouveau sang au cœur;

       Chaque membre en souffrit; les forces se perdirent.

       Par ce moyen, les mutins virent

       Que celui qu’ils croyoient oisif et paresseux

       A l’intérêt commun contribuoit plus qu’eux.

       Ceci peut s’appliquer à la grandeur royale.

       Elle reçoit et donne, et la chose est égale.

       Tout travaille pour elle, et réciproquement

       Tout tire d’elle l’aliment.

       Elle fait subsister l’artisan de ses peines,

       Enrichit le marchand, gage le magistrat,

       Maintient le laboureur, donne paie au soldat,

       Distribue en cent lieux ses grâces souveraines,

       Entretient seule tout l’État.

       Ménénius le sut bien dire.

       La commune s’alloit séparer du sénat:

       Les mécontents disoient qu’il avoit tout l’empire,

       Le pouvoir, les trésors, l’honneur, la dignité;

       Au lieu que tout le mal étoit de leur côté,

       Les tributs, les impôts, les fatigues de guerre.

       Le peuple hors des murs étoit déjà posté,

       La plupart s’en alloient chercher une autre terre,

       Quand Ménénius leur fit voir

       Qu’ils étoient aux membres semblables,

       Et par cet apologue, insigne entre les fables,

       Les ramena dans leur devoir.

      III

       Table des matières

      Un loup, qui commençoit d’avoir petite part

       Aux brebis de son voisinage,

       Crut qu’il falloit s’aider de la peau du renard,

       Et faire un nouveau personnage.

       Il s’habille en berger, endosse un hoqueton,

       Fait sa houlette d’un bâton,

       Sans oublier la cornemuse.

       Pour pousser jusqu’au bout la ruse,

       Il auroit volontiers écrit sur son chapeau:

       «C’est moi qui suis Guillot, berger de ce troupeau.»

       Sa personne étant ainsi faite,

       Et ses pieds de devant posés sur sa houlette,

       Guillot le sycophante approche doucement.

       Guillot, le vrai Guillot, étendu sur l’herbette,

       Dormoit alors profondément;

       Son chien dormoit aussi, comme aussi sa musette;

       La plupart des brebis dormoient pareillement.

       L’hypocrite les laissa faire;

       Et, pour pouvoir mener vers son fort les brebis,

       Il voulut ajouter la parole aux habits,

       Chose qu’il croyoit nécessaire.

       Mais cela gâta son affaire:

       Il ne put du pasteur contrefaire la voix.

       Le ton dont il parla fit retentir les bois,

       Et découvrit tout le mystère.

       Chacun se réveille à ce son,

       Les brebis, le chien, le garçon.

       Le pauvre loup, dans cet esclandre,

       Empêché par son hoqueton,

       Ne put ni fuir ni se défendre.

      Toujours par quelque endroit fourbes se laissent prendre.

       Quiconque est loup agisse en loup;

       C’est le plus certain de beaucoup.

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