Название: Un diplomate luxembourgeois hors pair
Автор: Paul Schmit
Издательство: Автор
Жанр: Биографии и Мемуары
isbn: 9782919792009
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Tout ce qui suit, basé sur des hasards de rencontres et des recherches assidues, ne constitue donc qu’une modeste contribution afin de ne pas laisser tomber dans l’oubli du temps un diplomate hors du commun, un personnage certes spécial et singulier mais néanmoins intéressé par le bien de son pays et des siens.
Luxembourg, septembre 2019
« Le corps diplomatique, ce n’est jamais un corps beau; c’est souvent un corps d’âge; c’est parfois un corps sage; et c’est toujours un corps au pied du ministre des Affaires étrangères. ... Les bonnes ambassades sont celles qui ne font pas de bruit et dont l’activité se poursuit sans éclat. Comme les peuples heureux, elles seront sans histoire ... Comme les enfants, les diplomates ont intérêt à être vus, non entendus. Moins ils parleront et plus ils seront écoutés. »
Citation de Talleyrand trouvée dans les papiers d’Hugues Le Gallais
NAISSANCE
La diplomatie est un art. Hugues Le Gallais n’a pas été un artiste. Pourtant, dès le début, sa vie a été un artifice. Il en a fait un art, jouissant à chaque instant de tous les avantages d’être bien né dans un monde qui n’existe plus et faisant tout pour y être bien vu.
Hugues Le Gallais, aîné des quatre enfants de Norbert Le Gallais et de sa cousine issue de germains, Juliette Metz, est né le 15 mai 1896 à Dommeldange, dans les alentours de la capitale du Grand-Duché de Luxembourg. Lors de son baptême quatre jours plus tard, il a reçu les prénoms Gustavus Emilius Augustinus Hugo. Ses parents avaient choisi comme parrain Auguste Collart, qui était l’époux de sa tante maternelle, et comme marraine Léonie de Mathelin, épouse de l’industriel Gustave Metz, grand-mère maternelle du nouveau-né. Personne donc du côté paternel, ce qui ne peut guère donner lieu à des conclusions de brouille ou de préférence de la famille maternelle par rapport à celle du père. Cela laisse tout au plus planer le doute sur les relations des parents d’Hugues avec les familles respectives si étroitement liées. Peut-être ce choix du parrain dans la famille Metz et pas dans celle des Le Gallais reflète tout simplement la dominance de cette alliance prestigieuse des seigneurs de l’industrie luxembourgeoise, les Metz, avec la riche famille noble et propriétaire de plusieurs châteaux des Collart.
À l’état civil de Dommeldange est conservé l’acte de naissance d’Hugues avec les deux premiers noms inversés. Dans cet acte est précisé que la naissance est intervenue à 17 heures trente. Les témoins sont le médecin Auguste Faber et Paul Mayrisch1, maire d’Eich de 1911 à 1915, fils du médecin Jean Mathias Édouard Mayrisch et de Mathilde Metz (fille d’Adolphe Metz et nièce de Norbert Metz, un des arrière-grands-pères d’Hugues). Ce Paul Mayrisch était le frère du grand seigneur de la sidérurgie luxembourgeoise Émile Mayrisch que nous allons retrouver au cours de ce récit, avec son épouse Aline de Saint-Hubert2. La famille d’Hugues était étroitement liée et imbriquée dans la sidérurgie et l’industrie luxembourgeoises. Tout au long de sa vie, Hugues restera fidèle à ce milieu tout en plaçant par-dessus tout un certain patriotisme bien propre à lui et une fidélité sinon de la vénération inconditionnelle pour la souveraine et sa famille.
Moins de cinq mois plus tôt est née à Luxembourg la deuxième fille du couple grand-ducal héritier, celle qui allait devenir, 23 ans plus tard, la Grande-Duchesse Charlotte. Hugues Le Gallais allait être très attaché et fidèle à cette souveraine qui a régné pendant 45 ans. Elle va jouer un rôle majeur dans cette biographie, surtout au cours des années d’exil de 1940 à 1944/5.
Avant de passer en revue la vie quelque peu plus originale du père et des trois sœurs singulières d’Hugues, examinons son ascendance, ses grands-parents étant des bourgeois aristocratiques et, de surcroît, cousins germains. La vie de ces familles de notables luxembourgeois du tournant du siècle était marquée par une généalogie prestigieuse et un attachement aux valeurs conservatrices ne laissant pas beaucoup de place à l’originalité, même si un voire deux membres de la famille proche d’Hugues Le Gallais ont vécu des expériences hors normes. Sur les terres d’Amérique et de l’Inde, qu’Hugues va connaître bientôt dans le cadre de son parcours professionnel, son grand-père maternel et son oncle paternel l’ont précédé au cours de la deuxième moitié du XIXe siècle.
1 Paul Mayrisch (1861-1915), fils de Jean Mathias Edouard Mayrisch et de Mathilde Metz et frère d’Emile Mayrisch.
2 Emile Mayrisch (1862-1928), époux d’Aline de Saint-Hubert (1874-1947).
ASCENDANCE QUASI ARISTOCRATIQUE
La lignée paternelle d’Hugues Le Gallais peut être retracée jusqu’à Francis Le Galles duquel le séparent dix générations. Le nom est aussi épelé Galles, Gallez avant de devenir, de manière définitive, Le Gallais au début du XVIIIe siècle. La prononciation laisse présager l’origine bretonne de la famille.
Les ancêtres de Le Gallais étaient seigneurs de Chasteau Crocq en Bretagne. À partir de 1607, un membre de la famille est signalé sur l’île de Jersey, située dans la Manche entre le Royaume-Uni et la France, comme seigneur de Rouge Bouillon. Plus tard, cette branche des Le Gallais vint s’établir à La Moye. Des titres de noblesse ayant été confirmés aux Le Gallais en 1669 et 1702, et compte tenu des armoiries des Amy, l’arrière-grand-mère d’Hugues étant issue de cette lignée, la famille est autorisée à porter les armes décrites en détail dans la Biographie nationale du pays de Luxembourg. Les Le Gallais avaient des armes et leur propre devise: « jamais chancelant »3. Comme nous allons le voir, Hugues Le Gallais, dont la détermination était au-delà de tout soupçon, allait se montrer à la hauteur de cette maxime familiale et rester toujours fidèle à lui-même et à ses ambitions.
Les familles paternelle et maternelle, même si elles sont parentes assez proches, sont examinées séparément. Les grands-parents paternels Le Gallais-Metz et les grands-parents maternels Metz-de Mathelin se connaissaient parfaitement étant donné qu’ils étaient cousins germains et faisaient partie de la même société bourgeoise liée à l’industrie et à la construction. Les résidences de ces familles étaient parmi les plus imposantes de la capitale. Les dernières demeures de ces familles reflètent également leur aisance sociale, même si, de nos jours, elles n’appartiennent plus à la famille ou ont disparu. La tombe de la famille Metz au cimetière Notre-Dame près du Glacis est imposante, reflétant la grandeur d’une des plus illustres familles de la sidérurgie luxembourgeoise. La mère d’Hugues y a été enterrée auprès des siens. Les grands-parents paternels sont inhumés dans une tombe séparée tout près de celle de la famille Metz. Le père d’Hugues, Norbert Le Gallais, et sa deuxième épouse ont trouvé leur dernier repos dans une sépulture à part, mais toujours dans le même cimetière.
3 Mersch, Jules : Biographie nationale du Pays de Luxembourg, depuis ses origines jusqu’à nos jours ; Imprimerie de la Cour Victor Buck, 1957.
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