Название: Condamné à fuir
Автор: Блейк Пирс
Издательство: Lukeman Literary Management Ltd
Жанр: Современные детективы
Серия: Un Mystère Adèle Sharp
isbn: 9781094305509
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– Le deuxième rapport n’est pas encore arrivé.
Robert se tut, haussant un sourcil interrogateur à l’attention de Foucault.
Le directeur acquiesça.
– Ils y travaillent, mais ça prend du temps. Le rapport complet devrait être bientôt disponible.
Robert hocha la tête et s’adressa cette fois à Foucault, traversant la pièce pour regarder par la fenêtre ouverte donnant sur la rue en contrebas. Un petit café peint en rose occupait la rue en face de la DGSI.
– J’ai bien lu le premier rapport, déclara-t-il. Il ne manque que le rein. Pourquoi pensez-vous que c’est le cas ?
Paige et Foucault gardèrent tous deux le silence. Mais Adèle jeta un regard à travers la pièce en direction de son mentor, observant la façon dont la lumière du soleil de l’après-midi illuminait son profil et projetait des ombres sur la moquette.
– Un trophée ?
– Peut-être, répondit Robert. Ça a du sens.
– Quoi d’autre ?
Robert haussa les épaules et son regard se dirigea vers Foucault derrière son bureau.
Le directeur se renfrogna encore plus.
– Je pose les questions, vous fournissez les réponses, décocha-t-il. (Il regarda les trois agents à tour de rôle et il tendit la main pour tapoter le côté de son ordinateur). Nous avons besoin de plus d’informations, et vous n’avez pas beaucoup de temps pour nous les fournir.
Adèle remarqua la facilité avec laquelle le « nous » était devenu un « vous ». Elle marqua une pause, puis répondit sur un ton tranquille :
– J’ai pensé aux victimes. Toutes deux sont des expatriées, n’est-ce pas ? En grandissant, j’ai côtoyé cette communauté – pas énormément, car ma mère était française. Mais j’avais quelques amis américains à l’école dont les parents avaient déménagé pour des raisons professionnelles. (Elle resta pensive). Il s’agit d’une communauté vulnérable. Souvent isolée – à cause des barrières de la langue et de la culture. Le tueur utilise peut-être cette fragilité pour se rapprocher d’eux. En exploitant la solitude ou la pression de plaire dans le pays d’accueil.
Foucault hocha la tête avant de hausser les épaules.
– Explorez toutes les possibilités, leur ordonna-t-il. Juste… (Une pause). N’en faites pas une affaire personnelle. (Il se détourna d’Adèle). Agent Henry, vous allez rester ici, je suppose ?
Le directeur le fixait maintenant.
Robert se tritura la moustache.
– Je vais laisser le travail de terrain aux jeunes.
Foucault s’intéressa à nouveau à Adèle.
– La deuxième scène de crime ? Elle est toujours sous notre supervision.
– Je suis prête à y aller si elle n’est pas trop fatiguée, déclara Paige, s’exprimant pour la première fois depuis qu’ils étaient entrés dans le bureau.
Le commentaire semblait assez innocent, mais l’intonation souleva les foudres d’Adèle.
Maintenant que l’attention était à nouveau concentrée sur elle, Adèle soupira doucement.
Des Américains en France, des expatriés – elle se sentait proche d’eux, solidaire. Adèle savait ce que signifiait passer d’un pays à l’autre, retrouver des racines, reconstruire sa vie.
Mais ces vies s’étaient construites jusqu’à ce que le sang éclabousse le sol de leurs appartements. Aucune preuve matérielle. Aucun signe de lutte. Aucun signe d’effraction.
Ce n’était pas le moment de se reposer.
– Je suis prête, lança Adèle avec défi, se tournant déjà vers la porte.
CHAPITRE SEPT
Frustrée, Adèle serra les dents, tapotant impatiemment le cadre de la porte qui menait à l’appartement du bout des doigts. Elle jeta un coup d’œil à sa montre pour la dixième fois en trente minutes et fronça encore davantage les sourcils. Son visage s’assombrit, elle sentit qu’elle commençait à bouillir intérieurement.
– Seigneur, marmonna Adèle.
Elle plissa les yeux en direction de la rue, suivant le flux des véhicules. Elle essayait de repérer une voiture de fonction, mais son attention n’était attirée que par le véhicule qu’elle avait garé le long du trottoir, près de l’horodateur. C’était encore l’après-midi, le soleil était haut dans le ciel, illuminant l’horizon.
Adèle et Sophie avaient pris des véhicules séparés, car Adèle se rendrait directement chez Robert depuis la scène du crime.
Elle s’appuya contre la balustrade menant aux marches en béton et se tourna vers la porte d’entrée de l’appartement. Pendant un instant, elle envisagea la possibilité d’entrer seule. Mais en général, le protocole imposait que deux agents soient présents sur une scène de crime, en tandem. Adèle préférait ne pas transgresser les règles dès son premier jour de travail en France. Pourtant, l’agent Paige lui rendait la tâche difficile. Elle avait déjà près de trente minutes de retard.
Adèle laissa échapper un grognement grave. Elle s’était arrangée avec Robert pour qu’il fasse emporter ses bagages chez lui, puis elle s’était rendue directement sur la scène du crime. Le trajet avait duré vingt minutes. Paris était l’une des rares villes où il n’y avait pratiquement pas de panneaux stop. La rumeur disait qu’il y en avait un, quelque part ; l’agent Paige a dû le trouver et n’avait pas su comment réagir.
Elle ne voyait pas ce qui pouvait expliquer pourquoi elle attendait Paige depuis une demi-heure.
Elle examina la rue, l’espace entre les immeubles. Elle déglutit, en observant l’ouverture de l’autre côté de la rue, avec des touches de vert qui en émergeaient. Ce qu’elle aimait à Paris, c’étaient les petits passages et les jardins cachés prêts à être explorés comme un labyrinthe entre les édifices. Les Français avaient un mot spécial pour ceux qui marchaient sans but, arpentant les chemins de traverses et les jardins : la flânerie. Adèle ne se souvenait pas de la dernière fois où elle avait été suffisamment détendue pour marcher sans but. Et ce n’était certainement pas le cas actuellement.
Après un dernier soupir de frustration, Adèle se tourna vers la porte et s’apprêta à appuyer sur le bouton du bas marqué propriétaire. Il avait reçu l’ordre de la laisser entrer. Avec ou sans Paige, Adèle était déterminée à voir la scène de crime de la seconde victime.
Mais avant qu’elle n’ait le temps d’appuyer sur la sonnette, elle entendit un léger crissement de pneus. Adèle regarda par-dessus son épaule et repéra un second SUV aux vitres teintées noires qui se garait derrière son propre véhicule. Les cheveux argentés de l’agent Paige apparurent par-dessus la portière lorsqu’elle sortit du côté conducteur, en prenant son temps. L’agent d’âge mûr s’arrêta sur le trottoir, puis claqua des doigts СКАЧАТЬ