Название: Condamné à fuir
Автор: Блейк Пирс
Издательство: Lukeman Literary Management Ltd
Жанр: Современные детективы
Серия: Un Mystère Adèle Sharp
isbn: 9781094305509
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Un jeune couple avançait le long de la rampe, la remarqua et, au lieu de hocher la tête ou de lui adresser un signe de la main, continua joyeusement son chemin. Melissa soupira et entra dans l’appartement – et se figea sur place. Le réfrigérateur était ouvert. Une étrange lumière jaune se reflétait sur le sol de la cuisine.
Amanda était là. Elle était assise par terre, en face du mur. Son dos était à moitié appuyé contre les placards, une omoplate appuyée contre le bois, l’autre dépassant, son bras gauche reposant sur le sol.
– As-tu renversé quelque chose ? demanda Melissa en avançant dans la pièce obscure.
Du vin s’était répandu sur le sol sous le bras gauche d’Amanda. Melissa fit encore quelques pas et se tourna vers Amanda, toujours souriante.
Son sourire se figea. Les yeux morts d’Amanda la fixaient, au-dessus d’une profonde coupure dans son cou. Du sang tachait le devant de sa chemise et continuait à se répandre sur le sol où il s’était épaissi contre le linoléum.
Melissa ne cria pas, ne hurla pas. Elle se contenta de haleter, les doigts tremblants alors qu’elle s’efforçait de mettre la main sur son inhalateur. Elle trébucha vers la porte, attrapant son inhalateur d’une main et son téléphone de l’autre.
Après quelques inspirations, elle laissa échapper un gémissement et, les doigts tremblants, elle appela le 17.
Toujours haletante, dos au mur à l’extérieur de l’appartement, elle déglutit et attendit que l’opérateur décroche. Derrière elle, elle avait l’impression de distinguer un bruit discret de liquide qui s’écoulait sur le sol.
C’est alors seulement qu’elle hurla.
CHAPITRE QUATRE
Adèle jeta un coup d’œil à sa montre intelligente, faisant défiler les différents écrans qui contrôlaient son rythme cardiaque, ses mouvements, sa musique… Elle inspira par le nez d’où elle se tenait dans l’embrasure de la porte de son appartement et consulta l’heure. Quatre heures du matin exactement. Beaucoup de temps pour faire une course de deux heures avant d’aller travailler. Elle ajusta le bandeau qui retenait ses cheveux et observa par-dessus son épaule en direction de l’évier.
Elle avait laissé son bol Mickey Mouse en plastique sur la délimitation métallique entre l’évier et le comptoir. Normalement, Adèle nettoyait toujours tout de suite. Mais aujourd’hui, dans le petit appartement tranquille…
– Ça peut attendre, lança-t-elle à la cantonade.
Le fait de n’avoir personne à qui parler, bien sûr, faisait partie du problème.
La nuit dernière, elle avait dormi seulement par intermittence. Le sommeil avait semblé l’éviter. Adèle se tenait sur le seuil de la porte alors que la montre numérique affichait 4 heures 01. Elle toisa l’évier encore une fois, marmonna des mots incompréhensibles puis entra à contrecœur dans la cuisine, saisit son bol en plastique et ouvrit l’eau, irritée. Elle rinça les restes de lait au fond, et plaça le bol dans l’égouttoir avant de se diriger vers la porte.
Mais avant qu’elle ne puisse tourner la poignée, un léger gazouillis attira son attention. Les yeux d’Adèle se dirigèrent vers la table de la cuisine. Son téléphone vibrait.
Elle fronça les sourcils. Les seules personnes qui l’appelaient aussi tôt étaient son père en Allemagne, ou son travail.
Et elle avait parlé avec son père il y avait quelques jours seulement. Elle ne fut donc pas surprise de voir un seul mot s’afficher sur l’écran bleu-vert brillant.
Bureau.
Elle décrocha alors que la vibration s’arrêtait. Adèle relut les trois mots simples en texte noir qui clignotaient sur son écran. Urgent. Venez.
Adèle retira son bandeau et s’empressa de retourner dans sa chambre pour se changer et enfiler une tenue de travail. Son jogging devrait attendre.
Adèle traversa le parking, passa les contrôles de sécurité en ne s’arrêtant qu’une seule fois pour déposer un café à Doug, l’un de ses amis de l’équipe de sécurité. Lorsqu’elle atteignit le quatrième étage et le bureau de l’agent superviseur Grant, elle distinguait déjà des voix à travers la porte en verre opaque.
Adèle entra et se figea.
Sur deux grands écrans fixés au mur s’affichaient des visages qu’Adèle connaissait bien. À gauche, au-dessus du bureau de Grant, l’agent exécutif Foucault, superviseur de la DGSI. À droite, près de la fenêtre qui donnait sur la ville, Adèle aperçut Mme Jayne, l’agent de liaison d’Interpol, qui avait été la première à proposer l’idée d’une unité opérationnelle internationale dirigée par Adèle.
L’agent Lee Grant, qui tenait son nom de deux généraux de la Guerre de Sécession, était installée derrière un bureau assis/debout en métal, son menton entre le doigt, l’air préoccupée. Elle jeta un bref regard à Adèle, la saluant rapidement de la main. Le bureau de l’agent Grant était sobre, avec un tapis de yoga dans un coin et une pile de DVD d’entraînement physique cachée sous un classeur en plastique bleu à côté de son bureau.
L’agent Grant lui désigna l’un des tabourets vides devant son bureau et attendit qu’Adèle s’assoie. Enfin, elle s’éclaircit la gorge, en opinant du chef. Elle déclara :
– Ils ont besoin de vous en France.
Adèle regarda les écrans l’un après l’autre. Les regards de Mme Jayne et de M. Foucault étaient un peu vagues, ils devaient tous les deux observer à tour de rôle les différents écrans mis à leur disposition plutôt que fixer la caméra. Pourtant, Adèle ne put s’empêcher de fouiller le regard de Mme Jayne et de l’exécutif de la DGSI, en essayant de percer leurs intentions.
– Est-ce que c’est très vilain ? demanda Adèle, hésitante.
Mme Jayne s’éclaircit la gorge et, d’une voix claire et nette, lui répondit :
– Seulement deux victimes jusqu’à présent. Je vais laisser Foucault vous donner les détails.
Mme Jayne était une femme d’âge mûr, avec des yeux brillants et intelligents derrière des lunettes à monture en écaille. Elle avait les cheveux gris et la silhouette un peu plus épaisse que la plupart des agents de terrain. Elle parlait sans accent, laissant entendre qu’elle maîtrisait parfaitement la langue anglaise, mais il ne semblait pas que ce soit sa langue maternelle.
Sur l’autre écran, les yeux sombres de l’exécutif Foucault se rétrécissaient au-dessus d’un nez de faucon ; il secouait la tête et semblait regarder à côté de l’écran – on entendait des bruits de froissement de papier.
– Oui, oui, dit-il dans un anglais très mâtiné de français. Deux morts. Jusqu’à présent. Deux Américaines, ajouta-t-il en jetant un coup d’œil à l’écran. Ou, du moins, qui étaient des Américaines.
Adèle fronça les sourcils.
– Que СКАЧАТЬ