Название: Condamné à fuir
Автор: Блейк Пирс
Издательство: Lukeman Literary Management Ltd
Жанр: Современные детективы
Серия: Un Mystère Adèle Sharp
isbn: 9781094305509
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Adèle réprima sa mauvaise humeur. Elle devrait travailler avec Paige pendant toute la durée de l’affaire, et commencer du mauvais pied ne l’aiderait en rien. Mais il lui semblait presque que sa partenaire attitrée traînait intentionnellement les pieds pour la faire enrager.
– Je pensais que nous nous étions mis d’accord pour venir directement ici, fit remarquer Adèle, en essayant de garder un ton neutre.
Paige adressa à Adèle un long regard en coin.
– Ah oui ? En général, je n’aime pas perdre mon temps. Les analystes de la scène de crime ont déjà fait leur rapport. Je ne sais pas ce que nous faisons là.
Adèle pivota alors complètement sur ses talons, dos à la porte de l’immeuble et aux sonnettes pour faire face à sa partenaire.
– Nous sommes là, explicita-t-elle entre ses dents serrées, parce que je veux examiner moi-même la scène du crime. Est-ce que cela vous convient ?
Paige contemplait maintenant ses ongles, puis elle donna une pichenette en direction du trottoir.
– Vous ne découvrirez rien de nouveau.
– Peut-être que non, ou peut-être que si.
Adèle distinguait le parfum de l’agent Paige, bien que l’appeler parfum était sans doute une exagération. Son partenaire sentait le savon ; pas un savon parfumé, mais plutôt une sorte d’odeur de propreté ordinaire qui donnait une impression d’hygiène et de simplicité. L’agent Paige ne portait ni boucles d’oreilles, ni bijoux d’aucune sorte. Elle avait un profil prononcé avec un nez romain et des pommettes acérées. Adèle se souvenait de sa première année à la DGSI, quand elle travaillait dans l’unité spéciale de l’agent Paige – à l’époque, cette femme plus âgée qu’elle l’intimidait et, si elle en croyait la sensation désagréable dans son ventre, c’était encore un peu le cas.
Adèle ne connaissait pas la famille de Sophie, mais elle avait appris au cours de discussions avec d’autres agents que Paige avait elle-même cinq enfants, tous adoptés. Et pourtant, Adèle ne l’avait jamais vu manquer un seul jour de travail. Elle avait dû fouiner un peu mais d’après ce qu’elle avait appris quand elle travaillait à la DGSI, le mari de l’agent Paige restait à la maison pour s’occuper des enfants pendant que sa femme travaillait sans relâche pour le gouvernement.
Paige rendit à Adèle son regard ennuyé, et pour toute réponse, Adèle tendit la main et appuya sur la sonnette. Après quelques instants, la porte se mit à bourdonner. Sophie poussa la porte d’entrée, entra et la laissa se refermer derrière elle.
Adèle dut se dépêcher d’avancer pour coincer son pied dans l’ouverture, avant qu’elle ne se referme complètement.
Adèle dévisageait, irritée, la nuque de sa co-équipière. Encore une fois, sa coiffure était impeccable. Les vêtements de Paige étaient soigneusement repassés, la veste de son tailleur était gris anthracite, assortie à son pantalon.
Adèle n’avait jamais particulièrement apprécié la compagnie de son ancien superviseur. La dernière fois qu’elle avait eu des contacts avec cette femme, dans le cadre de l’affaire précédente en France, Paige lui avait causé des problèmes.
– Pardon, l’interpela Adèle à voix basse. Devrions-nous avoir une conversation ?
Mais Paige feignit de ne rien avoir entendu et continua à monter les escaliers.
Adèle accéléra le pas pour rattraper la femme plus âgée, et elle tendit la main pour la placer délicatement sur l’avant-bras de l’autre agent. Comme si elle avait été ébouillantée, Paige se retourna vivement, le visage grimaçant.
– Ne me touchez pas ! aboya-t-elle.
Les yeux d’Adèle se posèrent sur l’arme passée à la ceinture de son pantalon et qu’on distinguait sous la veste. Elle leva la main dans un geste d’apaisement.
– Désolée.
– Qu’est-ce que vous voulez ? demanda Paige, d’un air renfrogné. Nous faisons ce que vous voulez, n’est-ce pas ? Nous sommes ici pour perdre du temps au lieu de parler aux témoins.
– Quels témoins ? s’enquit Adèle, en retenant une autre réplique.
– L’Américaine. Celle qui a trouvé le corps
Adèle secoua la tête.
– Elle a trouvé la victime, mais elle n’a rien vu.
Paige pinça les lèvres.
– Ce serait un meilleur usage de notre temps plutôt que de passer en revue une scène de crime immaculée. Vous avez lu le rapport, n’est-ce pas ? Aucune preuve matérielle. Il n’y a rien pour nous ici.
Adèle souffla en secouant la tête. Elle tendit la main comme pour se stabiliser, saisissant la rampe de la balustrade qui menait à l’appartement.
Elle entendit le tintement des clés et le bruit des pas qui s’approchaient lorsque le concierge traversa le couloir. Elle regarda plus loin, par-dessus la rampe et à travers les barreaux en bois, pour repérer un vieil homme chauve avec un peu de ventre et un pull taché qui s’avançait vers eux.
Adèle baissa la voix, en s’efforçant de garder son calme et dit :
– Vous pouvez contacter les agents qui sont avec l’Américaine. Ils attendent nos instructions. Dites-leur de l’emmener ici, si vous voulez. Nous l’interrogerons après ; c’est mieux ici qu’au poste, de toute façon.
– Bien, rétorqua Paige. Je le ferai peut-être.
Elle prit son téléphone et ne le quitta pas des yeux pendant un moment.
Adèle attendit que le propriétaire s’approche, espérant que ce soit le dernier échange animé qu’elle aurait. Elle devait à tout prix conserver son calme et son professionnalisme.
Le propriétaire jeta un coup d’œil aux deux femmes, apparemment sans remarquer la tension ambiante. Il leur adressa un sourire mielleux et commença :
– Je peux vous montrer la chambre. (Il s’arrêta un instant, un sourire étirant ses lèvres comme du caramel). Juste par curiosité… (Il marqua une pause, comme s’il comptait les secondes avant de recommencer à parler. Puis il ajouta) : Quand pourrai-je la relouer ? J’ai des factures à payer…
– Je suis l’agent Sharp, l’interrompit Adèle. (Elle examina l’homme). Voilà l’agent Paige.
Elle plongea la main dans sa poche et en sortit son badge, ainsi que les documents d’Interpol que Robert lui avait donnés.
Le propriétaire fit signe que ça lui était égal et ne daigna pas même jeter un coup d’œil à l’une ou l’autre des documents d’identité. Paige fixait toujours son téléphone, ignorant l’homme.
– Je peux vous montrer, répéta-t-il.
Adèle esquissa un geste de la main en montant les escaliers pour que le propriétaire prenne les devants, et le suivit lentement alors qu’il respirait lourdement, gravissant une marche après l’autre. СКАЧАТЬ