Jane Austen: Oeuvres Majeures. Джейн Остин
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Название: Jane Austen: Oeuvres Majeures

Автор: Джейн Остин

Издательство: Bookwire

Жанр: Языкознание

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isbn: 9788027302383

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СКАЧАТЬ Table des matières

      Le désir qu’Elinor avait eu de voir la mère d’Edward était plus que satisfait ; il était anéanti. Et, de tout son cœur, elle désirait actuellement ne pas se retrouver avec elle. Elle avait assez de son orgueil, de son dédain, de son esprit étroit et vain, et de sa prévention décidée contre les sœurs de son gendre ; elle voyait clairement à présent toutes les difficultés et les retards qu’il y aurait eu à son mariage avec Edward, lors même qu’il eût été libre. Il était le seul de cette famille qui lui fût agréable. La fatuité et les prétentions de l’élégant Robert lui étaient insupportables ; et madame John Dashwood n’ayant jamais cherché à gagner l’amitié de ses belles sœurs, ne leur en avait jamais témoigné. Elle se trouva donc presque heureuse qu’un obstacle insurmontable la préserva du malheur d’être sous la dépendance de madame Ferrars, d’être obligée de se soumettre à ses caprices et de supporter sa mauvaise humeur ; et si elle n’avait pas encore la force de se réjouir qu’Edward fût engagé avec Lucy, elle l’attribuait uniquement à la certitude qu’il ne serait pas heureux avec elle. Si sa rivale avait été plus aimable, elle aurait pris tout-à-fait son parti de renoncer pour sa part à un bonheur aussi chèrement acheté que d’être la fille de madame Ferrars et la sœur de M. Robert. Elle ne comprenait pas que Lucy eût attaché autant de prix aux honnêtetés d’une femme qui ne lui en avait fait que parce qu’elle n’était pas Elinor, et que la vérité ne lui était pas connue. Il fallait que Lucy fût complètement aveuglée par la vanité pour n’avoir pas senti que cette préférence arrachée à demi par ses flatteries, n’était pas du tout pour l’amante d’Edward, pas même pour Lucy Stéeles, mais pour la jeune fille qui paraissait à côté de celle, qu’on voulait mortifier. Lucy le voyait si peu sous ce jour, que dès le lendemain matin elle arriva à Berkeley-Street avec l’espoir de trouver Elinor seule, et de lui dire tout son bonheur ; elle eut celui de venir au moment où madame Jennings allait sortir.

      — Chère amie, dit Lucy à Elinor, que je suis contente de pouvoir vous parler en liberté, vous dire combien je suis heureuse ! Pouvez-vous imaginer quelque chose de plus flatteur que la manière dont madame Ferrars me traita hier ? Comme elle était bonne, affable ! Vous savez combien je la redoutais ; certes, j’avais bien tort. Dès le premier moment où je lui fus présentée, je vis sur sa physionomie quelque chose qui me disait que je lui plaisais extrêmement ; et toute sa conduite avec moi l’a confirmé. N’est-ce pas que c’était ainsi ? vous l’aurez vu tout comme moi. N’en ayez-vous pas été frappée ?

      — Elle était certainement très-polie avec vous.

      — Polie ! est-ce que vous n’avez vu que de la politesse ? Pour moi j’ai vu beaucoup plus. Avec quelle bonté elle m’a distinguée de tout le monde ! ni orgueil ni hauteur quoique je sois une pauvre jeune personne qu’elle voyait ! aussi pour la première fois. Elle n’a presque adressé la parole qu’à moi seule, et votre belle-sœur de même. Quelle femme adorable ! toute douceur, toute affabilité, si bonne, si prévenante ! Quel bonheur pour vous que votre frère ait épousé une femme aussi aimable.

      Elinor pour éviter de répondre, voulut changer d’entretien ; mais Lucy la pressa tellement de convenir de son bonheur, qu’elle ne pût s’en défendre. — Indubitablement, lui dit-elle, rien ne pourrait être plus heureux et plus flatteur pour vous que la conduite de madame Ferrars, si elle connaissait vos engagemens avec son fils, mais ce n’est pas le cas, et… — J’étais sûre d’avance que vous me répondriez cela, interrompit Lucy ; mais vous conviendrez au moins qu’il ne peut y avoir aucune raison au monde qui obligeât madame Ferrars à feindre de m’aimer, si je ne lui plaisais pas ; et elle a marqué une prévention si flatteuse pour moi, et pour moi seule, que vous ne pouvez m’ôter la satisfaction d’y croire. Je suis sûre à présent que tout finira bien, et que je ne trouverai point les difficultés que je craignais. Madame Ferrars et sa fille sont deux femmes charmantes, adorables, qui me paraissent sans défauts ; et peut-être me font-elles l’honneur de penser la même chose de moi ; car j’ai vu et senti qu’il y avait entre nous un attrait mutuel. Je suis étonnée que vous ne m’ayez jamais dit combien votre belle-sœur est agréable !

      Elinor n’essaya pas même de répondre ; qu’aurait-elle pu dire ?

      — Êtes-vous malade, miss Dashwood ? dit Lucy, vous semblez si triste, si abattue ! Vous ne parlez pas ; sûrement vous n’êtes pas bien, lui dit la méchante fille avec son regard abominable.

      — Je ne me suis jamais mieux portée, répondit Elinor.

      — J’en suis vraiment charmée ; mais vous n’en avez pas l’air du tout. Je serais consternée si vous tombiez malade, vous qui partagez si bien tout ce qui m’arrive. Le ciel sait ce que j’aurais fait sans votre amitié.

      Elinor essaya de répondre quelque chose d’honnête ; mais elle le fit si froidement qu’il eût mieux valu se taire. Cependant Lucy en parut satisfaite.

      — En vérité, lui dit-elle ? je n’ai pas le moindre doute sur l’intérêt que vous prenez à mes confidences et à mon bonheur ; et après l’amour d’Edward, votre amitié est ce que je prise le plus. Pauvre Edward ! si seulement il avait été là ; s’il avait vu sa mère et sa sœur me traiter comme si j’étais déjà de la famille ! mais à présent il en sera souvent témoin, et tout s’arrange à merveille. Lady Middleton et madame John Dashwood s’aiment déjà à la folie ; elles vont se lier intimement, et nous serons sans cesse les uns chez les autres. Edward passe sa vie, dit-on, chez sa sœur. Lady Middleton fera de fréquentes visites à madame Dashwood ; et votre belle-sœur a eu la bonté de me dire qu’elle serait toujours charmée de me voir. Ah ! quelle délicieuse femme ! Si vous lui dites une fois ce que je pense d’elle, vous ne pourrez pas exagérer mes éloges. Elinor garda encore le silence ; et Lucy continua : Je suis sûre, que je me serais aperçue au premier moment si madame Ferrars avait mauvaise opinion de moi. Elle m’aurait fait seulement comme à d’autres une révérence cérémoniale, sans dire un mot, ne faisant plus nulle attention à moi, ne me regardant qu’avec dédain… Vous comprenez sûrement ce que je veux dire. Si j’avais été traitée ainsi, il ne me resterait pas l’ombre d’espérance, je n’aurais même pas pu rester en sa présence. Je sais que, lorsqu’on lui déplaît, elle est très-violente, et n’en revient jamais.

      Elinor n’eut pas le temps de répliquer quelque chose à son malin triomphe. La porte s’ouvrit ; le laquais annonça M. Ferrars qui entra immédiatement.

      Ce fut un moment très-pénible pour les uns et pour les autres ; tous les trois eurent l’air très-embarrassé. Edward paraissait avoir plus envie de reculer que d’avancer. Ce qu’ils désiraient tous d’éviter, une rencontre en tiers, arrivait de la manière la plus désagréable. Non seulement ils étaient tous les trois ensemble, mais ils y étaient sans le moindre intermédiaire, sans personne qui pût soutenir l’entretien, et venir à leur secours. Les dames se remirent les premières. Ce n’était pas à Lucy à se mettre en avant ; vis-à-vis de lui l’apparence du secret devait encore être gardée. Elle ne fit donc que le regarder tendrement, le saluer légèrement, et garder le silence. Elinor qui le voyait pour la première fois depuis leur arrivée et qui ne devait pas avoir l’air de rien savoir, avait un rôle bien plus difficile. Mais autant pour lui que pour elle, elle désirait si vivement d’avoir un maintien naturel, que passé le premier moment elle put le saluer d’une manière aisée et presque comme à l’ordinaire. Un second effort sur elle-même la rendit si bien maîtresse de ses impressions, que ni son regard, ni ses paroles, ni le son de sa voix ne purent trahir ce qui se passait dans son intérieur. Elle ne voulut pas que la présence de Lucy l’empêchât de témoigner à un ancien ami, son plaisir de le revoir, et son regret de ne s’être pas trouvée à la maison quand СКАЧАТЬ